Ce sous-marin d’apparence modeste pourrait frapper en plein cœur de l’Amérique sans préavis : la Corée du Nord a lancé la construction d’un véritable monstre nucléaire en mer.
Derrière ses 8§000 tonnes, ce submersible nord-coréen cache une stratégie radicale de dissuasion : pouvoir riposter à tout moment, n’importe où sur la planète, sans que personne ne le voie venir. Cette première tentative de Pyongyang pour maîtriser la propulsion nucléaire sous-marine révèle bien plus qu’une prouesse technique : c’est une véritable réécriture de sa posture militaire.
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Un gabarit plus imposant que prévu
Le futur sous-marin nucléaire nord-coréen atteint près de 8§000 tonnes de déplacement, ce qui en fait un mastodonte par rapport aux standards régionaux. Il dépasse déjà le Arihant indien (7 000 tonnes), et s’approche du gabarit de certains modèles russes ou chinois plus anciens. Si l’on reste loin des 24 000 tonnes d’un Borei russe ou des 18 750 tonnes des Ohio américains, c’est un bond technologique majeur pour Pyongyang.
Tableau comparatif des sous-marins balistiques nucléaires :
| Classe | Pays | Tonnage | Missiles embarqués |
| Borei | Russie | 24 000 tonnes | 16 missiles Bulava |
| Ohio | USA | 18 750 tonnes | 24 missiles Trident II |
| Type 094 | Chine | 11 000 tonnes | 12 JL-2 ou JL-3 |
| Arihant | Inde | 7 000 tonnes | 4 K-4 ou K-15 |
| Projet nord-coréen | Corée du Nord | 8§000 tonnes | Inconnu (est. 6 à 8) |
Une silhouette redessinée pour frapper
Les images satellites et les fuites internes montrent une coque redessinée, avec une structure en dos de tortue surélevée, typique des compartiments à missiles. On distingue aussi un sonar latéral, six tubes lance-torpilles et un massif plus allongé, indice d’une capacité à embarquer des missiles balistiques de type Pukkuksong-3 ou supérieurs. Ces éléments suggèrent que la Corée du Nord n’en est plus au prototype, mais vise une capacité réelle de frappe sous-marine, en second rideau de son arsenal terrestre. Une stratégie souvent réservée aux puissances nucléaires majeures.
Des ambitions vieilles de dix ans
Les analystes évoquent depuis 2014 le désir de Pyongyang de se doter d’une propulsion nucléaire. Depuis, la flotte s’est enrichie de sous-marins à missiles balistiques, puis de sous-marins de croisière, et même d’un drone sous-marin nucléaire testé en 2023. Ce nouveau modèle vient boucler la boucle, en dotant le pays d’une capacité d’endurance indépendante. Un sous-marin à propulsion nucléaire peut rester en mer plusieurs mois, sans ravitaillement ni surfacing, un atout crucial pour les stratégies de seconde frappe.
Une menace très difficile à intercepter
La force de dissuasion repose sur l’incertitude. Un missile terrestre a une signature radar fixe, mais un sous-marin peut frapper de directions inattendues, depuis des zones peu surveillées comme les étendues marines au sud du continent américain. De plus, si ce vaisseau embarque des missiles hypersoniques à glisseur (type Hwasong-16B), la portée et la capacité à percer les boucliers antimissiles augmenteraient considérablement. Cela complique encore davantage toute tentative de défense ou de préemption.

Une réponse directe à la menace américaine
Depuis 70 ans, Pyongyang vit dans la mémoire du bombardement massif de la guerre de Corée, et dans la crainte récurrente d’une frappe nucléaire préventive. Plusieurs présidents américains ont réellement envisagé un tel scénario, de Clinton à Trump en passant par Obama. Les stratèges nord-coréens considèrent donc cette dissuasion en mer comme un impératif vital, renforcé par les exemples de la Libye ou de l’Irak, qui ont désarmé avant d’être attaqués.
Une vitrine technologique plus qu’un outil opérationnel ?
Certains experts relativisent la menace immédiate : propulsion bruyante, technologie immature, difficulté à embarquer des armes de grande portée. Mais même à ce stade, ce sous-marin représente une percée industrielle notable pour un pays sous embargo. Il permet à la Corée du Nord d’exhiber ses progrès, d’attirer l’attention des grandes puissances, et surtout de « compliquer les calculs » d’une frappe occidentale.
Des implications stratégiques déstabilisantes
La mise à l’eau prochaine de ce submersible entraîne une reconfiguration des équilibres dans la région. Le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis devront revoir leurs doctrines navales, leurs réseaux de détection et leur capacité à réagir. Un tel vaisseau, même encore limité, change la donne. Il ouvre la voie à une flotte stratégique plus silencieuse, plus durable, et potentiellement plus dangereuse.
Source : Military Watch Magazine