Ce blindé devait propulser l’armée britannique au sommet, mais rien ne se passe comme prévu : le Challenger 3 est embourbé dans un retard aussi discret qu’inquiétant
Avec 1 200 chevaux sous le capot, un blindage modulaire et une tourelle nouvelle génération, le Challenger 3 devait incarner la renaissance des forces blindées britanniques. Mais alors que 2025 touche à sa fin, seuls huit exemplaires de pré-série sont sortis des hangars. La production de série ? Repoussée à une date inconnue.
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Une attente qui s’éternise dans les hangars
Malgré les ambitions affichées, aucune date ferme de démarrage de la production n’a été retenue par le ministère britannique de la Défense. Le programme reste pour l’instant à l’étape de « phase de démonstration », durant laquelle quelques exemplaires servent à valider les performances du design et de l’intégration. Cette approche prudente vise à réduire les risques de dérives budgétaires ou de capacités.
Une doctrine basée sur la performance
Le choix assumé est de ne pas fixer de date butoir, mais d’attendre que les essais soient validés avant de lancer la production en série. C’est ce qu’a réaffirmé Luke Pollard, ministre britannique de la Défense, dans une réponse à un député conservateur. Derrière cette stratégie, l’idée est claire : éviter les erreurs passées du F-35 ou du Warrior CSP en ne liant pas un projet à un calendrier politique.
Une ambition technique à confirmer
Le Challenger 3 n’est pas un char tout neuf, mais une refonte poussée du Challenger 2, via la société Rheinmetall BAE Systems Land. Seuls 148 exemplaires sont prévus à l’horizon 2030. La modernisation comprend une nouvelle tourelle numérisée, un canon de 120 mm à âme lisse compatible avec les munitions de l’OTAN, une protection active et une meilleure ergonomie pour l’équipage.

Un passé de retards chroniques
Le programme trouve ses racines dans les années 2000, avec un premier projet de « Capability Sustainment » déjà ralentit par des problèmes de financement. En 2014, une tentative de relance sous le nom de « Life Extension Programme » oppose les projets de BAE Systems et de Rheinmetall. Finalement, la fusion des deux opérations terrestres en 2019 donne naissance à la configuration actuelle.
Une flotte à bout de souffle
En attendant les 148 chars modernisés, l’armée britannique continue de faire rouler des Challenger 2 vieillissants, dont la conception date de la fin des années 80. Ce décalage inquiète à Londres, où certains experts redoutent une perte de compétences industrielles et militaires si la bascule ne s’opère pas rapidement. Le Royaume-Uni est aujourd’hui le seul grand pays de l’OTAN à ne pas encore avoir lancé la production de sa nouvelle génération de chars.

Le poids des comparaisons européennes
Face au Leopard 2A8 allemand, au Leclerc XLR français ou encore au programme MGCS franco-allemand, le Challenger 3 reste dans l’ombre. Alors que l’Europe réarme à grande vitesse, les retards du Royaume-Uni pourraient se traduire par une dépendance accrue vis-à-vis des industriels continentaux pour assurer l’interopérabilité et la puissance de feu dans un conflit majeur.
Un calendrier devenu flou
Le programme visait initialement une entrée en service autour de 2027, mais aucun jalon clé n’est maintenu. D’après les documents parlementaires, tout dépendra des résultats techniques de la phase actuelle. Seuls huit châssis de Challenger 2 ont été convertis pour les essais. Le tableau ci-dessous synthétise les étapes clés :
| Étape | Date estimée | Statut |
| Lancement démo | 2021 | En cours |
| Tests de performance | 2023–2026 | En cours |
| Décision production | 2026 | À confirmer |
| Livraison des 148 chars | 2027–2030 | Hypothétique |
Source : Ministère de la défense du Royaume-Uni