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La France revient ENFIN sur le devant de la scène avec un drone low-cost capable de frapper à plus de 500 km et ainsi saturer l’espace adverse de menaces invisibles

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un drone kamikaze à 500 kilomètres ? L’arme secrète que Paris n’attendait plus. En plein salon du Bourget, un engin discret a attiré les regards. Ce n’était ni un chasseur, …

La France revient ENFIN sur le devant de la scène avec un drone low-cost capable de frapper à plus de 500 km et ainsi saturer l’espace adverse de menaces invisibles

Un drone kamikaze à 500 kilomètres ? L’arme secrète que Paris n’attendait plus.

En plein salon du Bourget, un engin discret a attiré les regards. Ce n’était ni un chasseur, ni un hélicoptère, mais une des nouvelles stars des airs : un  drone.

Le géant européen MBDA a choisi 2025 pour dévoiler sa vision d’une guerre nouvelle génération. À mi-chemin entre la roquette et l’avion de chasse, ce projet appelé One Way Effector est une réponse directe aux enseignements tirés des conflits récents.

Un message clair a été envoyé : la France prépare ses essaims de feu.

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MBDA n’avance pas seul dans cette aventure. Ce drone d’un nouveau genre est le fruit d’une collaboration avec un acteur majeur de l’industrie automobile hexagonale dont le nom n’a pas encore été rendu public. Objectif : produire 1 000 unités par mois, en jouant sur les atouts du secteur civil pour abaisser les coûts et accélérer la cadence.

Le programme a démarré discrètement fin 2024. Il entre aujourd’hui dans sa phase de démonstration, avec un premier essai grandeur nature prévu avant la fin de l’année. Si les essais sont concluants, la production de série démarrera dès 2027, selon des sources internes à l’industriel.

La stratégie est simple : produire en masse pour inonder le ciel d’appareils jetables capables de désorganiser les systèmes ennemis. MBDA assume cette logique d’usure. Dans un communiqué, le groupe insiste sur l’effet de saturation provoqué par ces munitions, tirées par salves depuis le sol, destinées à forcer l’ennemi à se dévoiler.

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Caractéristiques techniques et profil de mission

Le drone, baptisé One Way Effector, n’est ni furtif, ni réutilisable. Il est pensé pour mourir en mission. Sa vocation ? Forcer les défenses adverses à réagir.

Voici ses principales caractéristiques :

Paramètre Valeur
Portée maximale 500 kilomètres
Vitesse estimée Supérieure à 700 km/h
Propulsion Moteur à réaction compact
Charge militaire 40 kilogrammes
Méthode d’emploi Salves groupées
Mode de guidage Autonome ou semi-autonome

Ce drone ne vise pas une cible précise comme un missile de croisière. Il s’intègre dans une doctrine d’essaim : en saturant les radars ennemis, il ouvre la voie à des frappes de précision effectuées par des munitions plus coûteuses ou des avions habités.

Leçons d’Ukraine : la guerre par le nombre

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a bouleversé les doctrines occidentales. Jusqu’alors centrées sur des armements sophistiqués et coûteux, les armées européennes redécouvrent l’intérêt des matériels jetables. Depuis 2022, l’Ukraine multiplie les frappes en profondeur à l’aide de drones bon marché, souvent modifiés à partir de modèles civils.

Début juin 2025, une attaque ukrainienne de grande ampleur baptisée Opération Toile d’araignée a visé plusieurs bases aériennes russes situées à plus de 700 kilomètres du front. Résultat : plus de 40 appareils endommagés ou détruits, dont des bombardiers Tu-95 et Tu-22M3, ainsi qu’un avion-radar A-50. Le tout pour un coût estimé inférieur à 6,5 milliards d’euros, contre des dégâts estimés à plus de 7 milliards côté russe.

Cette asymétrie a marqué les esprits. La leçon est simple : le volume peut battre la technologie, à condition de savoir le produire rapidement.

Objectif : rendre les défenses ennemies aveugles

La philosophie du One Way Effector repose sur un principe : obliger l’adversaire à dévoiler ses cartes. En multipliant les cibles dans les airs, ce drone pousse les systèmes de défense à intercepter, à consommer des munitions, à allumer leurs radars.

Une fois le dispositif ennemi localisé, il devient vulnérable à des frappes plus classiques. Ce rôle de leurre actif, associé à une charge explosive de 40 kilogrammes, le rend doublement dangereux : même abattu, il oblige l’adversaire à réagir, et s’il passe, il peut frapper fort.

Le PDG de MBDA, Éric Béranger, insiste sur la dimension tactique de l’engin : « Nous démontrons notre capacité à adapter notre outil industriel aux besoins quantitatifs imposés par les nouveaux types de conflit. Ce drone n’est pas un gadget, c’est une réponse directe à une mutation de la guerre. »

Vers une industrialisation de l’armement jetable

Produire 1 000 drones par mois n’est pas une mince affaire. Pour y parvenir, MBDA a dû s’appuyer sur l’expertise des chaînes de production automobile : fabrication modulaire, logistique optimisée, automatisation.

Le coût unitaire du One Way Effector n’a pas été officiellement communiqué, mais les analystes estiment qu’il pourrait osciller entre 30 000 et 50 000 euros pièce, selon les configurations. À titre de comparaison, un missile SCALP coûte plus d’1 million d’euros, et un avion Rafale, environ 100 millions.

Le pari est donc celui de la densité et de la réactivité. Produire vite, pour répondre à un conflit qui évolue au rythme des semaines, non plus des années. Le drone kamikaze s’inscrit dans une nouvelle temporalité de la guerre.

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Une arme d’avenir pour l’Europe ?

Alors que les tensions au Moyen-Orient et en Asie ne cessent de croître, la course aux drones s’accélère. Les États-Unis ont leurs Switchblade et leurs Valkyrie. L’Iran produit en masse ses Shahed. La Chine développe à la chaîne ses drones MALE et ses missiles aéroportés.

L’Europe, jusque-là en retard dans ce domaine, semble vouloir combler le vide. Avec le One Way Effector, MBDA pourrait bien ouvrir une nouvelle voie : celle d’un armement abordable, modulaire et produit sur le territoire européen.

Reste à savoir si la France sera prête à s’équiper massivement de ce type de matériel. Dans une armée longtemps centrée sur l’excellence technologique, l’adoption d’un engin jetable à bas coût pourrait nécessiter un changement de mentalité.

À défaut, ces drones finiront peut-être… exportés vers des théâtres de guerre plus lointains.

Source : MBDA

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