Le Royaume-Uni vient de sortir 69 chars Challenger 2 de ses entrepôts, mais ces mastodontes risquent de ne jamais rattraper leur retard technologique.
Alors que la guerre en Ukraine bouleverse les équilibres militaires en Europe, l’armée britannique tente une relance de sa flotte blindée. Mais cette décision soulève une question cruciale : investir dans une technologie déjà dépassée, est-ce encore pertinent en 2025 ?
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Une hausse spectaculaire du nombre de blindés
Le ministère de la Défense britannique a discrètement augmenté sa flotte de chars de 32 % en octobre dernier. 69 Challenger 2 ont été sortis de stockage pour renforcer une force active qui ne comptait plus que 219 unités. Le total atteint désormais 288 chars. Un retour aux armes lourdes qui tranche avec les tendances des deux dernières décennies, où le Royaume-Uni réduisait progressivement son parc, passant de 1600 chars à la fin de la guerre froide à moins de 150 il y a encore peu.
| Année | Effectif chars en service | Effectif soldats |
| 1993 | 1 600 | 154 000 |
| 2024 | 219 | 80 000 |
| 2025 | 288 | 80 000 |
Une doctrine qui sent la poussière
Conçus dans les années 1980, les Challenger 2 sont bâtis sur une philosophie de combat révolue. À l’époque, la menace principale venait d’affrontements blindés classiques en Europe de l’Est. Aujourd’hui, ce sont les drones kamikazes, les frappes de précision et les munitions rôdeuses qui dictent la loi. Le Challenger 2, avec son architecture massive, son absence d’automatisation, et ses composants analogiques, arrive en terrain miné.
Des critiques venues du front
Les témoignages d’équipages ukrainiens ayant utilisé le Challenger 2 dans des combats réels sont sans appel. Trop lourd, sous-motorisé, mal adapté aux conflits modernes. Son moteur de 1 200 chevaux peine à tracter les 70 tonnes du monstre, générant un ratio poids/puissance faible. Pire encore, sa visée thermique de première génération est largement dépassée par les standards actuels, notamment face aux T-90M russes ou aux K2 sud-coréens.

Un canon hors jeu
Autre souci : le canon à âme rayée du Challenger 2, incompatible avec les munitions modernes utilisées par la plupart des pays de l’OTAN. Les chars américains et allemands sont déjà passés au canon lisse, standardisé et bien plus perforant. Résultat : le Challenger ne peut pas tirer certains obus flèches ultramodernes, le rendant moins efficace contre les blindés adverses.
Une modernisation à contresens
La mise à niveau vers le standard Challenger 3 est censée corriger certaines faiblesses. Mais l’ajout de blindage et de systèmes électroniques va porter le poids total à près de 80 tonnes, sans changement de moteur. Les problèmes de mobilité risquent donc de s’aggraver. Et alors que le reste du monde mise sur les tourelles téléopérées et les chargeurs automatiques, le Challenger reste fidèle à son équipage de trois hommes dans la tourelle.

Des pertes significatives malgré une faible présence
Malgré leur présence limitée en Ukraine, plusieurs Challenger 2 ont été détruits sur le terrain. Leurs flancs larges, leur profil haut et leur blindage latéral vulnérable en font des cibles idéales pour les drones FPV ou les munitions top-attack. En comparaison, les M1A1 Abrams et Leopard 2, bien plus engagés, ont subi encore plus de pertes, ce qui interroge sur l’efficacité globale des chars lourds dans les conflits modernes.
Un tournant stratégique nécessaire
Des voix s’élèvent au Royaume-Uni pour repenser complètement la stratégie blindée. Certains experts appellent à s’inspirer du modèle russe T-14 Armata, avec équipage isolé dans une capsule blindée, canon téléopéré et système anti-drone intégré. D’autres regardent du côté chinois, où le Type 100 adopte déjà ce type de configuration. Le Challenger, lui, paraît bloqué dans une époque révolue.
Source : Military Watch Magazine