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Avec 1 000 km d’autonomie et 40 % d’armement en plus, ce chasseur aurait pu devenir l’arme ultime des États-Unis mais il a été enterré pour un avion plus vieux et plus lourd

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Said LARIBI

Said LARIBI

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Doté d’une portée exceptionnelle, capable d’embarquer deux fois plus d’armement et conçu pour des frappes en profondeur, le F-16XL aurait pu devenir l’avion de chasse le plus polyvalent de sa …

Avec 1 000 km d’autonomie et 40 % d’armement en plus, ce chasseur aurait pu devenir l’arme ultime des États-Unis mais il a été enterré pour un avion plus vieux et plus lourd

Doté d’une portée exceptionnelle, capable d’embarquer deux fois plus d’armement et conçu pour des frappes en profondeur, le F-16XL aurait pu devenir l’avion de chasse le plus polyvalent de sa génération. Pourtant, les États-Unis lui ont tourné le dos.

Équipé d’une aile delta unique et de performances à couper le souffle, le F-16XL était prêt à remplacer le mythique F-111 pour les missions les plus risquées. Mais entre doctrine figée et arbitrage politique, l’appareil a été abandonné avant même d’avoir sa chance. Un gâchis technologique ou une erreur historique ? Retour sur un prototype qui avait tout pour réussir.

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Un design futuriste aux capacités spectaculaires

Le F-16XL, surnommé « Mega Viper », n’était pas une simple variation du célèbre F-16. C’était une refonte totale, pensée pour étendre les limites de ce chasseur léger. Sa caractéristique la plus visible était son aile en flèche delta, augmentant la surface portante de 120 %. Résultat : une meilleure portance, moins de traînée en vol supersonique et une autonomie doublée. L’appareil pouvait emporter jusqu’à 27 points d’emport pour bombes ou missiles (contre 9 sur le F-16 classique) et voler à plus de 2 000 km/h, tout en réduisant sa dépendance aux réservoirs externes. Pour les frappes en profondeur, il était une révolution.

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Une compétition qui aurait pu tout changer

Début des années 80. L’US Air Force cherche à remplacer le F-111 pour les missions de frappe longue portée. Le programme ETF (Enhanced Tactical Fighter) voit s’affronter deux titans : le F-16XL de General Dynamics et le F-15E Strike Eagle de McDonnell Douglas. Le XL impressionne par son efficacité à haute altitude, sa consommation réduite, son poids léger (grâce à son monomoteur) et sa compacité. Mais c’est le F-15E qui remporte la mise, privilégiant la redondance moteur et le cockpit à deux places. Un choix prudent, mais controversé.

F-16XL Fighter. (Credit: Creative Commons)
F-16XL Fighter. (Credit: Creative Commons)

Performances techniques sans équivalent

Le F-16XL avait été conçu pour voler loin, vite, et lourd. Sans réservoirs supplémentaires, il affichait un rayon d’action de plus de 1 100 km, contre 550 km pour le F-16 standard. L’aile delta permettait de réduire la traînée et d’améliorer la stabilité à haute vitesse. Deux prototypes furent construits : un monoplace et un biplace. Tous deux étaient pensés pour le combat tactique longue distance, sans remettre en cause la logistique F-16 existante. C’était une véritable montée en gamme de la famille Falcon.

Un avion trop en avance sur son temps

L’US Air Force n’était pas prête à miser sur un appareil aussi innovant. Les stratèges redoutaient un appareil trop spécialisé, pas assez modulaire pour être rentable sur la durée. Le F-15E, plus massif, plus puissant, inspirait davantage confiance aux yeux des décideurs militaires. Le choix s’est donc porté sur la prudence plutôt que sur l’audace, laissant le F-16XL sur le tarmac des regrets technologiques.

Musée de l'USAF F-111 Journal de la sécurité nationale
Musée de l’USAF F-111 Journal de la sécurité nationale

Une deuxième vie chez la NASA

Plutôt que d’envoyer les prototypes à la casse, les autorités ont choisi de les transférer à la NASA. Pendant des années, le F-16XL servira de banc d’essai volant pour les recherches sur la portance, la réduction du bang supersonique et les nouvelles configurations de voilure. Il participera notamment à des programmes visant à améliorer les performances des avions civils à haute vitesse. Une réorientation pacifique pour un appareil né pour la guerre.

Une philosophie de conception visionnaire

Ce que l’US Air Force n’a pas saisi à l’époque, c’est que le F-16XL anticipait des enjeux modernes : autonomie accrue, furtivité passive via l’intégration des réservoirs, efficacité supersonique. Des qualités que l’on retrouve aujourd’hui dans le F-35, mais aussi dans le Rafale F4 ou le NGF du futur SCAF. Le XL a réussi là où peu d’avions prototypes ont brillé : il a validé des hypothèses de conception qui sont devenues des standards deux décennies plus tard.

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Un gâchis ou une inspiration ?

Le F-16XL n’est jamais entré en service. Mais son héritage est bien réel. Il a influencé la recherche, le design aéronautique et les débats doctrinaux. Il est la preuve que la technologie ne suffit pas : pour voler, un avion a aussi besoin d’une vision partagée. Peut-être trop audacieux, trop en avance, ou tout simplement tombé au mauvais moment. Reste que le Mega Viper, dans sa démesure calculée, continue d’inspirer.

Tableau récapitulatif : comparaison F-16 classique vs F-16XL

Caractéristiques F-16 Standard F-16XL
Rayon d’action 550 km 1 100 km
Points d’emport 9 27
Aile delta Non Oui
Vitesse maximale 2 124 km/h 2 124 km/h
Capacité en carburant interne Moyenne Supérieure

 

Source : NSJ

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