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L’Inde rentre dans un club très fermé où la France brille par son absence : celui des pays possédant une piste dédiée aux essais dynamiques de sièges éjectables

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un test d’éjection à 800 km/h qui propulse l’Inde dans le club des puissances avancées. Ce 3 décembre 2025, l’Inde vient de réaliser un test d’éjection à vitesse contrôlée sur …

L'Inde rentre dans un club très fermé où la France brille par son absence : celui des pays possédant une piste dédiée aux essais dynamiques de sièges éjectables

Un test d’éjection à 800 km/h qui propulse l’Inde dans le club des puissances avancées.

Ce 3 décembre 2025, l’Inde vient de réaliser un test d’éjection à vitesse contrôlée sur rail, et mine de rien, ce geste technique la propulse dans un club très fermé : celui des nations capables de développer et valider elles-mêmes leurs systèmes de sauvetage pour avions de combat.

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Le principe est simple… sur le papier. Il s’agit d’un essai dynamique à pleine vitesse, réalisé non pas en vol, mais sur une piste rectiligne équipée de rails et de fusées. Sur cette Rail Track Rocket Sled (RTRS) du Terminal Ballistics Research Laboratory (TBRL), on attache un tronçon d’avion, en l’occurrence l’avant d’un LCA Tejas, à un système de propulsion par étages. L’ensemble est ensuite lancé à très haute vitesse sur les rails, jusqu’à simuler le mouvement d’un avion en phase de vol stable ou en manœuvre.

À un moment déterminé, le scénario d’éjection est déclenché : canopée arrachée, siège éjecté, mannequin expulsé. Le tout est filmé, mesuré, analysé image par image. Chaque milliseconde compte. Car c’est là qu’on valide si le pilote peut survivre à une sortie en urgence à 800 km/h.

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Un test qui en dit long sur l’ambition technique

C’est une étape décisive dans la validation de la chaîne complète d’évacuation d’un avion de chasse. Dans ce test, trois points critiques ont été confirmés :

  • la fragilisation de la verrière, c’est-à-dire sa rupture contrôlée au bon moment, sans projections létales,
  • la séquence d’éjection du siège, qui doit respecter une chorégraphie mécanique précise à la milliseconde près,
  • la récupération de l’équipage, simulée par un mannequin anthropomorphique instrumenté, bourré de capteurs qui mesurent les forces, les torsions, les accélérations.

Des représentants de l’Indian Air Force et de l’Institute of Aerospace Medicine étaient sur place pour assister à l’essai. Ce sont eux qui devront, demain, former les pilotes à des procédures dont dépend la survie en cas de panne moteur, d’impact ou d’alerte missile.

L’Inde entre dans le club des testeurs souverains

Il s’agit ici de simuler un scénario opérationnel complet, en dynamique, avec les accélérations réelles, les bruits, les vibrations, et les incertitudes d’un vol à basse altitude. Peu de pays disposent de ce type d’infrastructure : les États-Unis (Holloman AFB), la Russie (Baïkonour), la Chine (Yanliang), et maintenant… l’Inde.

Avec cette réussite, la DRDO (Defence Research and Development Organisation) confirme qu’elle peut non seulement développer ses propres avions (comme le Tejas ou le futur AMCA), mais aussi maîtriser leur système de sauvetage, jusqu’à l’ultime recours.

Rajnath Singh, ministre indien de la Défense, a salué ce test comme une étape clé vers l’autonomie complète en aéronautique militaire. Il a félicité l’ensemble des partenaires : l’ADA (Aeronautical Development Agency), HAL (Hindustan Aeronautics Limited), et bien sûr les équipes du TBRL.

Une base industrielle en montée en puissance

Ce test s’inscrit dans une trajectoire plus large : celle d’un État qui veut rattraper, puis égaler, les standards occidentaux. La piste de Chandigarh ne sert pas uniquement à valider les sièges éjectables. Elle permet de tester des missiles, des systèmes de décélération, des matériaux, dans des conditions très proches du combat réel.

Cette démonstration donne un signal à l’industrie : l’Inde veut produire en interne, tester en interne, valider en interne. Cela signifie des délais plus courts, des retours d’expérience plus réactifs, et moins de dépendance aux fournisseurs étrangers pour des éléments critiques comme les sièges Martin-Baker ou Zvezda.

Pourquoi ce test compte aussi pour les futurs programmes

Le timing n’est pas anodin. L’Inde avance à grands pas sur deux projets majeurs :

  • le Tejas Mk2, version plus lourde et mieux équipée du Tejas actuel,
  • le AMCA, chasseur furtif de 5e génération développé à 100 % localement.

Pour ces deux plateformes, il faudra des systèmes d’éjection parfaitement certifiés, et une capacité de test nationale indépendante. Les démonstrations comme celle de Chandigarh sont des jalons indispensables pour garantir aux futurs pilotes que leur vie sera protégée jusqu’au bout.

La France dépend de l’étranger pour ce genre de test

Contrairement à l’Inde, qui vient de rejoindre le cercle très fermé des puissances disposant d’une piste dédiée aux essais dynamiques de sièges éjectables à grande vitesse, la France ne possède pas aujourd’hui d’infrastructure équivalente sur son territoire. Si des essais statiques ou « zéro-zéro » sont régulièrement menés dans des centres comme la DGA Essais en vol à Istres ou au sein de Dassault Aviation, aucun banc d’essai de type rocket sled n’est disponible pour simuler des éjections à vitesse réelle avec propulsion fusée. Les sièges des avions français, comme le Rafale ou le Mirage 2000, sont majoritairement issus de la firme britannique Martin-Baker, et leurs campagnes de certification sont souvent externalisées à l’étranger.

En clair, la France reste tributaire de ses partenaires pour valider dynamiquement ses systèmes de sauvetage pilote, sans équivalent aux pistes américaines, russes, ou désormais indiennes.

Source : https://economictimes.indiatimes.com/news/defence/drdo-completes-high-speed-rocket-sled-test-of-fighter-ejection-system-at-800-km/h-watch-video/articleshow/125721726.cms

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