Derrière une silhouette imposante et un rôle encore flou, le drone d’attaque SS-UAV pourrait bien redistribuer les cartes dans la guerre aérienne moderne. Dévoilé par la Chine, cet engin de 6 tonnes combine autonomie, puissance de feu et versatilité. Suffisant pour inquiéter les stratèges occidentaux ?
Avec ses 6 000 kg de charge utile, une autonomie de 12 heures et une vitesse de 700 km/h, le nouveau drone chinois SS-UAV frappe fort. Pensé pour frapper à distance, il pourrait à terme remplacer certains avions pilotés comme le Su-34. Mais entre promesse technologique et limites tactiques, où se situe vraiment cette « bête de feu » de l’arsenal chinois ?
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Un colosse aérien pensé pour durer
Ce nouveau drone, conçu par AVIC, impressionne d’abord par ses dimensions massives : 25 m d’envergure, 16,35 m de long, pour un poids total de 6 tonnes. Une configuration unique avec turboréacteur dorsal, ailes droites et grande finesse, taillée pour maximiser la portée et la stabilité plutôt que la vitesse ou la furtivité. Capable de voler jusqu’à 15 000 m d’altitude, il atteint une autonomie de 7 000 km. Il s’agit bien d’un vecteur de frappe longue durée, conçu pour opérer au-delà des premières lignes de défense.
Une charge utile redoutable
Le SS-UAV ne transporte pas seulement du carburant. Il emporte jusqu’à 6 000 kg de munitions, soit l’équivalent d’un chasseur léger. Il peut embarquer :
- Des missiles anti-navires KD-88 et TL-17
- Des bombes planantes de 500 kg LS-6
- Des conteneurs modulaires avec senseurs ou carburant
Avec ce panachage, l’appareil couvre une large palette d’effets : frappe précise, brouillage, illumination, ou surveillance prolongée. Le tout connecté par liaison satellite et gyrocompas, pour une autonomie numérique totale.
Objectif : rôles du Su-34
Le drone semble pensé pour répliquer certaines missions du Su-34 russe : frappes planifiées sur des infrastructures, élimination de défenses navales, appui à distance sur opérations au sol. Il peut rester en vol 12 heures, maintenir une veille aérienne, frapper à l’instant opportun. Le tout sans mettre en jeu de pilote humain, donc sans coût politique ou psychologique en cas de perte.
Des limites face aux missions dynamiques
Mais ce mastodonte volant a ses failles. Il ne peut pas rivaliser avec la maniabilité ou la vitesse d’un avion comme le Su-34 (Mach 1,8). Il est peu adapté aux frappes de précision en zone saturée, ni à la reconfiguration tactique en vol. Il n’a ni canon, ni capacité de défense rapprochée. En zone à haute densité de brouillage ou de DCA, il devient vulnérable. Le drone peut tirer, mais pas improviser.
Une logique de saturation des défenses
Là où il excelle, c’est dans l’érosion des systèmes adverses. En grande quantité, ces drones permettent d’envoyer des missiles de croisière, de la guerre électronique ou des leurres pour « ouvrir la voie » à des avions furtifs ou pilotés. Le SS-UAV devient alors un porteur « consommable », sacrifiable. Un outil de dissuasion asymétrique.
Un potentiel à l’export évident
Beaucoup de pays aimeraient accéder à de telles capacités de frappe à distance sans avoir à former des pilotes ou investir dans des escadrons. Le SS-UAV réduit les risques politiques, facilite la maintenance, tout en rendant possible des opérations prolongées. Son coût serait bien plus faible qu’un Su-34 (plus de 35 millions d’euros).
Un symbole de l’évolution militaire
Avec la guerre en Ukraine comme toile de fond, les armées du monde cherchent à limiter leurs pertes humaines tout en maintenant une pression constante. Le drone devient l’arme du temps long : endurant, modulaire, à faible empreinte politique. La Chine l’a compris. Le SS-UAV n’est peut-être pas un remplaçant direct du Su-34, mais il en est le complément adapté à une guerre où l’attrition compte autant que la percée.
Comparatif | SS-UAV (Chine) | Su-34 (Russie) |
Poids total | 6 000 kg | 45 000 kg |
Charge utile | 6 000 kg | jusqu’à 12 000 kg |
Vitesse max | 700 km/h | 2 100 km/h |
Autonomie | 12 heures | 4 heures |
Pilote | Aucun | 2 (en capsule blindée) |
Coût estimé | < 15 M€ | > 35 M€ |
Sources :
- STCN
- AVIC