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Seuls les Etats-Unis maitrisaient jusqu’ici cette technologie indispensable aux porte-avions modernes et que la Chine maitrise désormais

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Marc Basoli

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Un grondement sourd, un claquement métallique, puis un éclair de lumière : à bord du porte-avions chinois Fujian, un chasseur furtif J-35 vient d’être catapulté pour la première fois à …

Seuls les Etats-Unis maitrisaient jusqu'ici cette technologie indispensable aux porte-avions modernes et que la Chine maitrise désormais

Un grondement sourd, un claquement métallique, puis un éclair de lumière : à bord du porte-avions chinois Fujian, un chasseur furtif J-35 vient d’être catapulté pour la première fois à l’aide d’un système électromagnétique. Nous sommes en mars 2025, et même si Pékin ne l’a pas encore officiellement confirmé, cet événement pourrait marquer un tournant stratégique majeur. La Chine entre de plain-pied dans une nouvelle ère de la guerre aéronavale.

Avec ce premier lancement réussi, le Fujian démontre qu’il n’est pas un simple porte-avions parmi d’autres. C’est la pièce maîtresse d’une ambition assumée : rivaliser directement avec les groupes aéronavals américains.

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Le Fujian est le plus grand et le plus avancé des porte-avions chinois. Estimé entre 80 000 et 85 000 tonnes de déplacement, il dispose de trois catapultes électromagnétiques, une propulsion électrique à courant continu de moyenne tension, et une capacité de lancement qui surpasserait de 30 % celle des Ford-class américains. Contrairement aux anciens Liaoning et Shandong, dotés de tremplins, il peut catapulter des appareils lourds comme le J-35, l’avion de surveillance KJ-600 ou encore le drone de combat furtif GJ-11.

Cet ensemble est soutenu par les destroyers de type 055, capables de tirer des missiles hypersoniques YJ-21. Le message est clair : la Chine veut constituer des groupes aéronavals centrés sur l’aviation, capables de projeter leur puissance bien au-delà de leurs côtes.

Le J-35 : l’arme discrète et létale

Longtemps limité au J-15, un dérivé du Su-27 russe, l’aéronavale chinoise franchit un seuil qualitatif avec l’arrivée du J-35. Ce chasseur furtif de cinquième génération promet une survivabilité bien supérieure, une furtivité accrue, et une capacité d’intégration en réseau bien plus avancée.

Les essais au sol et les images de prototypes montrent une étroite coordination entre le développement du J-35 et la montée en puissance du Fujian. Si les essais en mer se déroulent comme prévu, la Chine pourrait aligner une force de chasse embarquée furtive comparable à celle des escadrons américains de F-35C. La portée d’action des forces navales chinoises pourrait alors s’étendre bien au-delà de la mer de Chine méridionale, jusqu’à l’océan Indien, voire au-delà.

Un défi direct pour l’US Navy

Le F-35C reste le standard mondial pour les chasseurs embarqués furtifs. En proposant son équivalent, Pékin réduit considérablement l’écart qualitatif avec Washington. Cela obligera les États-Unis et leurs alliés à réévaluer leurs plans d’opérations en mer, face à une force aéronavale désormais capable de mener des frappes en toute discrétion sur de longues distances.

Des experts estiment que le seul Fujian pourrait embarquer jusqu’à 48 J-35, tandis que les Liaoning et Shandong adaptés pourraient en accueillir chacun 24. D’ici 2030, la Chine pourrait ainsi disposer de près de 100 chasseurs furtifs embarqués, redessinant l’équilibre régional.

Toutefois, Pékin devra encore surmonter plusieurs défis majeurs : intégration des opérations conjointes, formation des pilotes à l’aviation furtive embarquée, et entretien des matériaux spéciaux utilisés sur le J-35.

Une ambition navale à plusieurs étages

Le futur de la marine chinoise ne se limite pas au Fujian. D’autres unités, comme les futurs porte-avions nucléaires de type 004, devraient également adopter des catapultes électromagnétiques pour exploiter pleinement le potentiel du J-35. Des variantes adaptées aux tremplins pourraient même être utilisées, en nombre limité, sur les anciens porte-avions.

Même les bâtiments d’assaut amphibie comme le Sichuan (Type 076), doté de capacités de lancement électromagnétique pour UAV, pourraient jouer un rôle dans cette montée en puissance. Moins puissants que les porte-avions traditionnels, ces navires élargissent néanmoins la capacité de projection de la Chine dans des zones stratégiques comme la mer de Chine méridionale.

Le long chemin du J-35 vers la maturité

Né du programme FC-31 révélé en 2012, le J-35 a beaucoup évolué. Initialement destiné à l’export, il a fini par séduire la marine chinoise. Le modèle navalisé dispose d’ailes repliables, d’une crosse d’appontage, d’un renforcement structurel et d’un dispositif de lancement par catapulte.

Plus compact que le J-20, le J-35 mesure environ 16,8 mètres de long pour une envergure de 12 mètres ailes déployées. Son poids à vide serait compris entre 17 et 18 tonnes, pour une masse maximale au décollage proche de 25 tonnes. Les premières versions utilisaient des moteurs RD-93 dérivés des MiG-29, mais les modèles opérationnels devraient être équipés de turbines WS-13E ou WS-19 nationales.

Quant aux capacités, elles sont impressionnantes : charge utile de 8 tonnes, portée de combat accrue par rapport au F-35C, et vitesse maximale légèrement supérieure. Son architecture furtive repose sur des soutes internes, des entrées d’air ciselées et des surfaces alignées pour réduire l’écho radar.

Le J-35 devrait embarquer des radars AESA, un système électro-optique de ciblage et un affichage tête haute couplé au casque du pilote. Son armement probable comprendrait des missiles air-air longue portée PL-15, des PL-10 courte portée, ainsi que des bombes guidées de précision.

La discrétion au service de la puissance

Même si des incertitudes demeurent sur les performances exactes du J-35, son apparition sur le Fujian constitue un changement stratégique majeur. La Chine est en passe d’offrir à ses groupes aéronavals une capacité de frappe discrète et profonde, capable de modifier l’équilibre des forces en Asie.

Dans les années à venir, ce nouvel atout pourrait permettre à Pékin d’étendre sa zone d’influence, tout en rendant toute intervention militaire occidentale infiniment plus complexe. Car désormais, l’ombre du J-35 plane au-dessus des océans.

Tableau comparatif entre le F-35 américain et le J-35 chinois

CaractéristiqueF-35 Lightning II (USA)J-35 (Chine)
TypeAvion de chasse furtif multirôle de 5e générationAvion de chasse furtif multirôle de 5e génération
ConstructeurLockheed MartinShenyang Aircraft Corporation (SAC)
Poids à videEnviron 13 tonnesEnviron 15 tonnes (estimation)
Vitesse maximaleMach 1,6 (~1 960 km/h)Mach 1,8 (estimé ~2 200 km/h)
Rayon d’actionEnviron 1 100 km en mission de combatEstimé supérieur, environ 1 200-1 300 km
Armement interne2 missiles air-air + 2 bombes guidées dans la souteCapacité similaire avec missiles et bombes dans la soute
Points d’emport externes6 à 8 points d’emport sous ailes et fuselageNombre similaire, avec capacité d’emport externe importante
FurtivitéTrès avancée avec revêtements RAM et design furtifFurtivité avancée, mais généralement considérée comme légèrement inférieure au F-35
Avionique et électroniqueSuite logicielle ALIS/ODIN, radar AESA AN/APG-81, casque HMD sophistiquéRadar AESA et systèmes électroniques modernes, mais moins éprouvés à grande échelle
VariantesF-35A (Air Force), F-35B (décollage court/vertical), F-35C (naval)Principalement version embarquée pour porte-avions, variantes en développement
Coût unitaireEnviron 80 millions USDEstimé inférieur, autour de 50-60 millions USD
Expérience opérationnelleEn service depuis 2015, utilisé par de nombreux alliésDéploiement récent, encore en phase de montée en puissance

À propos de l'auteur, Marc Basoli