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Promise à la casse en 2021, cette arme américaine high-tech mais très complexe pourrait pourtant bientôt revenir en grâce pour tenir tête à la Chine

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Guillaume Aigron

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Donald Trump va-t-il ressusciter les canons électromagnétiques ? Et si l’arme du futur était un projet enterré ? En pleine guerre des missiles dans l’Indo-Pacifique, General Atomics revient à la …

Promise à la casse en 2021, cette arme américaine high-tech complexe pourrait pourtant bientôt revenir en grâce pour tenir tête à la Chine

Donald Trump va-t-il ressusciter les canons électromagnétiques ?

Et si l’arme du futur était un projet enterré ? En pleine guerre des missiles dans l’Indo-Pacifique, General Atomics revient à la charge avec une technologie qui semblait promise à la casse : le canon électromagnétique. Une idée folle ? Pas tant que ça, surtout quand les roquettes chinoises s’amoncellent aux portes de Guam.

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Le canon électromagnétique de nouveau sur le devant de la scène ?

Oubliez les explosions. Le canon électromagnétique (aussi appelé « railgun ») fonctionne sans explosifs, sans poudre, sans gaz brûlant. Il propulse ses projectiles uniquement grâce à la force de Lorentz : en gros, un courant électrique génère un champ magnétique si puissant qu’il accélère un projectile métallique à des vitesses supérieures à Mach 7 (soit plus de 10 000 km/h). Résultat : une puissance d’impact purement cinétique, capable de transpercer un blindage comme un couteau dans du beurre.

Mais pourquoi revenir à cette technologie ? Parce qu’elle est rapide, économique et… potentiellement plus adaptée que les missiles pour certaines situations critiques, comme une attaque massive contre la base de Guam.

La France affirme que son bouclier antimissile « écrase » celui des États-Unis et entend lui voler une grande part d’un gâteau de 134 milliards d’euros en 2032

Trois calibres pour une seule mission

General Atomics propose désormais trois variantes de son canon électromagnétique GA-EMS pour le projet américain de « Dôme d’or », censé protéger les bases stratégiques du Pacifique.

Modèle Énergie de tir Support Usage prévu
Blitzer 3 MJ Conteneur Tricon Mobile terrestre
Medium Caliber 10 MJ Conteneur Bicon Défense de site
Naval Gun 32 MJ Conteneur 6 m standard Intégré aux navires de guerre

Tous ces modèles ont un point commun : tirer vite, loin et souvent. La cadence de tir actuelle atteint un coup toutes les 10 secondes, et chaque projectile est estimé à moins de 25 000 dollars, soit 20 à 50 fois moins qu’un missile antimissile classique.

Pourquoi l’avoir abandonné alors ?

Les États-Unis avaient mis fin à leurs travaux en 2021. Motif ? Trop cher, trop complexe, trop fragile. Le canon s’usait trop vite, les projectiles manquaient de précision, et la logistique ne suivait pas. Mais General Atomics affirme aujourd’hui avoir réglé tous ces problèmes. Nouveau revêtement du canon, projectiles guidés avec mini-électronique embarquée, ogives à billes de tungstène pour augmenter la zone d’impact… On est passé d’un marteau à une aiguille chirurgicale.

Autre nouveauté : le retour à un vieux concept. Le projectile n’est plus un simple bloc métallique, mais une coquille d’aluminium remplie de billes de tungstène, capables de pulvériser un drone ou un missile en plein vol.

Guam : le laboratoire des futures guerres ?

Pourquoi Guam ? Parce que cette île est devenue la cible potentielle numéro un en cas de conflit avec la Chine. Or, face à une salve de 300, 500 voire 1 000 missiles balistiques ou de croisière, aucune base n’a assez de missiles Patriot, Aegis ou THAAD pour tenir. D’où l’idée de combiner ces systèmes coûteux avec des canons électromagnétiques, capables d’abattre les vagues de projectiles sans exploser le budget du Pentagone.

Et le stockage ? Là encore, avantage au railgun : un obus de canon se stocke comme une boîte de conserve. Pas de carburant, pas de risque d’explosion accidentelle, pas de logistique complexe.

Le monde relance la course

Le retour du railgun américain n’est pas un cas isolé. En réalité, la France, la Chine, l’Allemagne et le Japon n’ont jamais vraiment arrêté leurs recherches :

  • La Chine teste déjà des prototypes navals embarqués sur des destroyers.
  • La France travaille sur un démonstrateur compact pour la défense anti-drone (via Nexter et ArianeGroup).
  • Le Japon a annoncé en 2023 un budget spécial pour une version embarquée sur navire.
  • L’Allemagne planche sur un système intégré à son futur destroyer F127.

Autrement dit, si les États-Unis ne reviennent pas dans la course, ils risquent d’être dépassés dans ce domaine qui pourrait bien représenter l’avenir de la défense antimissile.

La France autorise pour la première fois l’exportation complète de ce missile en Australie, un transfert technologique qui marque la fin de la dépendance occidentale aux États-Unis

Une question politique : Trump relancera-t-il la machine ?

Joe Biden avait acté l’abandon du programme en 2021. Mais Donald Trump a toujours soutenu les projets audacieux et technologiques… surtout s’ils sont « made in America ». L’électromagnétisme pourrait devenir un symbole politique, au-delà même de son efficacité opérationnelle. D’autant que les tensions entre les États-Unis et la Chine autour du Groenland, de l’Arctique et de l’Indo-Pacifique ne cessent de croître.

Le railgun, gracié par le retour de Trump ? Cela n’aurait rien d’illogique. À 25 000 dollars le tir et 10 secondes de recharge, la tentation est forte. Le railgun, c’est l’artillerie qui se prend pour un sabre laser. Un peu cher, un peu capricieux… mais potentiellement imbattable.

Sources utilisées :

  • General Atomics Electromagnetic Systems (GA-EMS) official communications
  • US Department of Defense budget archives (2021-2025)
  • European Defence Agency railgun research summary
  • Naval News (2025), « Railgun return ? »
  • Defence24.pl (Maksymilian Dura)
  • SIPRI (2025), « Next-gen air defense systems »

 

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