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Peu de gens le savent mais la France est la seule en Europe à pouvoir créer les moteurs d’avion de chasse avec autant de précision grâce à la DGA

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Saclay prépare les flammes du futur pour l’aviation française. La Direction générale de l’armement (DGA) prépare l’avenir de la supériorité aérienne française. Ce bras armé technologique du ministère des Armées …

Peu de gens le savent mais la France est la seule en Europe à pouvoir créer les moteurs d'avion de chasse avec autant de précision grâce à la DGA

Saclay prépare les flammes du futur pour l’aviation française.

La Direction générale de l’armement (DGA) prépare l’avenir de la supériorité aérienne française. Ce bras armé technologique du ministère des Armées façonne avec ses partenaires industriels les innovations qui feront la différence dans les conflits de demain.

Depuis septembre 2025, ses équipes expérimentent sur banc d’essai les moteurs de chasse du futur, en testant des matériaux capables de supporter des températures extrêmes. Objectif : rendre les turboréacteurs plus puissants, plus sobres, plus durables et 100 % souverains.

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Sur le banc d’essai, le M88 rugit. Ce moteur de chasse, conçu par Safran Aircraft Engines, est aujourd’hui poussé dans ses retranchements. Températures portées à plus de 1 800 °C, pression, hygrométrie, vitesse de rotation folle… tout est fait pour le mettre à genoux. Mais le but n’est pas de le casser, bien au contraire. Il s’agit de valider l’intégration de matériaux nouvelle génération : céramiques techniques et superalliages, destinés à résister là où même l’acier fond.

On parle ici de la turbine haute pression, zone la plus critique du moteur. Chaque aube, cette minuscule lame qui tourne à des milliers de tours par minute, doit supporter des conditions extrêmes sans céder. Grâce au programme Turenne, financé par la DGA, Safran développe des protections thermiques en céramique capables de prolonger la vie des composants et d’augmenter la température d’entrée turbine, donc la performance globale.

Technologies testées et des objectifs visés dans le cadre du programme Turenne :

Élément testé Type de technologie Objectif Température visée Partenaire industriel
Module turbine haute pression Céramiques techniques Augmenter la température d’entrée turbine +1 800 °C Safran Aircraft Engines
Ailettes du rotor (aubes) Superalliages nouvelle génération Accroître la résistance mécanique 1 500 à 1 800 °C Safran Aircraft Engines
Revêtement de surface Couches protectrices céramiques Renforcer la durabilité des aubes Safran Aircraft Engines
Conditions de fonctionnement moteur Simulation atmosphérique contrôlée Reproduire les altitudes et vitesses réelles -50 à +50 °C / diverses altitudes DGA Essais propulseurs

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Un dispositif d’essai unique en Europe

Peu de gens le savent mais le centre DGA de Saclay est le seul en Europe à pouvoir simuler avec précision l’air qu’un avion de chasse respire à 15 000 mètres d’altitude, en virage à Mach 1,5. Température, pression, humidité : tout est réglé au millimètre. Et c’est ici que les équipes peuvent aussi accélérer artificiellement le vieillissement du moteur, en lui injectant de l’air chauffé brutalement pour tester sa robustesse dans les pires conditions.

Les données collectées pendant chaque essai sont précieuses. Elles dessinent le portrait-robot du moteur idéal pour les vingt prochaines années. Une fois les tests terminés, les pièces sont démontées, scrutées au microscope, et parfois même envoyées pour expertise complémentaire à DGA Techniques aérospatiales. Le moteur devient alors une mine d’informations.

Une course mondiale où personne n’attend personne

La propulsion militaire est un domaine sans filet. Pas de seconde chance. Les États-Unis avancent à pas de géant avec les moteurs Adaptive Cycle de General Electric, la Chine multiplie les bancs d’essai sur ses WS-15, et la Russie continue de pousser son Saturn 30 pour le Su-57. Si la France veut rester dans le club fermé des nations capables de produire un moteur de chasse souverain, ces essais sont vitaux.

Et ce n’est pas qu’une question de puissance. L’enjeu est aussi environnemental. Un moteur plus chaud, mieux refroidi, plus efficace, c’est moins de kérosène, moins d’empreinte carbone, et une autonomie accrue. Un atout tactique de plus dans un monde où les conflits de haute intensité sont de retour.

Une alchimie de la matière au service de la souveraineté

Céramiques, superalliages, design optimisé des aubes, couches de protection : la mécanique devient de la haute couture. Chaque matériau est choisi pour résister à l’usure, à la chaleur, à l’oxydation. C’est ici que s’écrit une partie de notre souveraineté technologique. Car maîtriser ces matériaux, c’est ne dépendre de personne. Ni pour voler, ni pour défendre.

Safran Aircraft Engines, déjà concepteur du M88, mène cette transformation avec l’aide directe de la DGA. L’État investit, les ingénieurs transpirent, les turbines crient. Et dans ce vacarme, c’est un peu du futur de l’aviation de combat française qui se dessine.

Une alliance franco-indienne aux racines stratégiques

Depuis novembre 2025, la DGA a officiellement renforcé ses liens avec son homologue indien, la DRDO (Defence Research & Development Organisation). L’accord signé à New Delhi entre le général Gaël Diaz de Tuesta et le Dr Samir V. Kamat, patron du DRDO, n’est pas un simple geste diplomatique. Il marque le début d’une coopération technologique bilatérale structurée, touchant à des domaines aussi sensibles que l’intelligence artificielle militaire, la cybersécurité, les systèmes de propulsion, les matériaux avancés ou encore les technologies quantiques.

Cette alliance s’inscrit dans un mouvement plus large d’interconnexion des agences de recherche défense à l’échelle mondiale. Alors que les cycles d’innovation s’accélèrent, les armées ne peuvent plus se permettre d’avancer seules. Partager les savoir-faire, mutualiser les bancs d’essai, codévelopper des briques technologiques critiques devient un impératif, surtout face à la compétition sino-américaine.

Comparatif des agences de recherche et d’armement à travers le monde en 2025

Pays Agence Fonctions principales Partenariats connus avec la DGA
France DGA (Direction générale de l’armement) Conception, évaluation et acquisition de systèmes de défense Partenaire central, pilote les accords internationaux
Inde DRDO (Defence Research & Development Organisation) Recherche, développement et production d’équipements militaires Accord de coopération signé en 2025
États-Unis DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) Projets de rupture technologique pour le Pentagone Collaborations ponctuelles via l’OTAN ou industriels
Royaume-Uni Dstl (Defence Science and Technology Laboratory) Support scientifique et technique au ministère de la Défense Coopération bilatérale au sein de l’OTAN
Allemagne BAAINBw (Office fédéral des équipements, technologies de l’information et soutien) Achats et gestion du matériel de la Bundeswehr Partenaire dans le cadre du programme SCAF
Chine CASIC / CETC / NORINCO (divers groupes publics) Développement intégré d’armes, radars, missiles, IA Pas de partenariat direct avec la DGA
Israël IMOD DDR&D (Directorate of Defense Research & Development) R&D sur les capteurs, drones, cybersécurité Coopérations indirectes via industriels (ex : Thales-Elbit)
Japon ATLA (Acquisition, Technology & Logistics Agency) Modernisation technologique des forces d’autodéfense Discussions en cours sur l’interopérabilité navale

 

Sources :

  • Communiqué de presse de la DGA du 09 décembre 2025, « DGA Essais propulseurs prépare le futur de la propulsion aéronautique de combat »
  • Archives publiques sur le moteur M88 et ses évolutions : https://fr.wikipedia.org/wiki/Snecma_M88

Image : Essais moteur à DGA Essais propulseurs (source : DGA)

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