Un missile de précision quasi invisible refait surface : les Super Hornet américains ont utilisé une arme rare et redoutable pour cibler les Houthis au Yémen. Les images inédites révèlent un déploiement hors norme sur fond d’opération aéronavale à haut risque.
Une mission menée dans le plus grand silence. En avril 2025, des chasseurs embarqués F/A-18E de l’US Navy ont été photographiés en plein ravitaillement au-dessus de la mer Rouge. Mais ce n’est pas l’exercice qui retient l’attention : ce sont les missiles accrochés sous les ailes. Il s’agit de SLAM-ER, une munition ultra-précise rarement visible en opération. À une époque où les frappes sont souvent menées par drones, le retour de ce missile piloté en temps réel a surpris les experts.
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Une charge redoutable pour des frappes chirurgicales
Sur les pylônes internes des Super Hornet, les observateurs ont identifié sans doute possible des SLAM-ER (Standoff Land Attack Missile – Expanded Response), des missiles air-sol à longue portée dotés d’un système de guidage mixte GPS et infrarouge. Avec une portée estimée à 270 km, une faible signature radar et la capacité de toucher des cibles mobiles ou fixes avec une extrême précision, cette arme offre une combinaison redoutable : frappe à distance et contrôle manuel en temps réel.
| Caractéristiques clés du SLAM-ER | Valeur |
| Portée maximale | 270 km |
| Vitesse | Subsonique |
| Type de guidage | GPS / Infrarouge |
| Contrôle terminal | Liaison de données bidirectionnelle |
| Précision estimée | <5 mètres |
Pourquoi le SLAM-ER avait disparu du radar
Ce missile n’est pas une nouveauté. Issu de la famille Harpoon, le SLAM-ER a été conçu à la fin des années 1990. Pourtant, malgré ses capacités uniques, il a été progressivement mis à l’écart au profit d’armements plus modernes comme le JSOW, le JASSM ou encore le LRASM. Résultat : aucun achat significatif n’a été enregistré depuis plusieurs années dans les documents budgétaires du Pentagone. Mais l’opération menée au-dessus du Yémen, contre les rebelles Houthis, a changé la donne. L’environnement très défensif (missiles sol-air, drones armés, radars mobiles) a justifié le retour d’un missile pouvant être recalibré en vol, permettant une frappe souple, précise et pilotée par l’équipage.

Un arsenal varié embarqué sur le Harry S. Truman
Le porte-avions USS Harry S. Truman a été le cœur de cette campagne aérienne. En plus des SLAM-ER, ses Super Hornet ont emporté une palette impressionnante de munitions. On retrouve notamment des AGM-154 JSOW à guidage GPS, des bombes JDAM à ogives pénétrantes, des missiles AIM-9X pour la protection rapprochée, des AMRAAM pour la supériorité aérienne, et des pods ATFLIR pour l’acquisition de cible. Les versions EA-18G Growler, quant à elles, étaient équipées de missiles anti-radar AARGM pour neutraliser les défenses adverses.
Une mission à haut risque dans une zone sous tension
Les Super Hornet ont opéré dans un environnement extrêmement tendu : le détroit de Bab el-Mandeb, zone stratégique entre la mer Rouge et l’océan Indien. Les rebelles Houthis y ont multiplié les attaques contre navires marchands, forçant une réaction immédiate de la part des forces américaines. Pendant cette opération, trois Super Hornet ont été perdus : un abattu par tir fratricide, un autre endommagé par collision avec un cargo, et un troisième égaré dans une tempête de sable. Ces pertes illustrent la dangerosité extrême de cette mission.

Le SLAM-ER face aux nouvelles générations
Malgré ses performances, le SLAM-ER est aujourd’hui à l’ombre des nouveaux missiles. Le JASSM-ER peut frapper à plus de 900 km et le LRASM est spécialisé contre les navires, tous deux plus récents et adaptés aux conflits futurs. Pourtant, aucun ne permet le contrôle terminal manuel comme le SLAM-ER. Cette fonction précieuse reste incontournable pour certaines missions très ciblées où le risque de dommage collatéral doit être minimisé. C’est pourquoi ce missile reste en service opérationnel, même en petit nombre.
Une munition adoptée par les alliés
Discret mais efficace, le SLAM-ER est encore utilisé par des alliés clés des États-Unis. L’Arabie Saoudite, la Corée du Sud, la Turquie, Taïwan et les Emirats Arabes Unis l’ont intégré dans leurs arsenaux. Sa capacité à frapper un véhicule en mouvement ou une cible à haute valeur ajoutée en milieu urbain reste recherchée. Le missile offre à la fois flexibilité tactique et précision chirurgicale, ce qui en fait un outil toujours pertinent.
Une fin de carrière en beauté ?
Le SLAM-ER vit sans doute ses dernières années dans les inventaires américains. Aucune commande majeure n’est annoncée, et les stocks actuels suffisent à peine à couvrir des opérations exceptionnelles. Pourtant, son retour au Yémen a démontré qu’il restait irremplaçable dans certaines situations. Une arme de transition, entre guerre classique et opérations de haute précision, que les États-Unis gardent sous le coude.
Source : US Navy