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L’Inde met sur pied une filière nationale qui n’existe plus en France depuis des décennies pour produire des moteurs de blindés souverains

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Le rugissement du tigre indien : un moteur 100 % national pour les blindés de demain. Cela fait longtemps que l’Inde caressait ce rêve : celui de se libérer des motoristes …

L'Inde met sur pied une filière nationale qui n'existe plus en France depuis des décennies pour produire des moteurs de blindés souverains

Le rugissement du tigre indien : un moteur 100 % national pour les blindés de demain.

Cela fait longtemps que l’Inde caressait ce rêve : celui de se libérer des motoristes russes et européens pour propulser ses chars et ses blindés avec ses propres moteurs.

L’annonce n’a pas fait grand bruit dans les médias généralistes pourtant, elle est tout sauf anecdotique. À Hyderabad, dans les laboratoires de la DRDO (l’agence publique de recherche pour la défense, l’équivalent de la DGA française) un petit moteur a passé ce cap historique tant souhaité puisque ce petit « gars » de 675 chevaux, est le premier conçu de A jusqu’à Z sur le sol indien.

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Le prototype s’appelle Gen‑1 et avec ses 675 chevaux à 3 200 tours par minute, il a franchi les premières épreuves avec 250 heures de tests en endurance, avec des charges variables, des montées en température et des simulations de terrain.

Ce n’est pas encore le moteur d’un Leclerc ou d’un Abrams, mais pour une première génération, c’est un coup de semonce intéressant et la première pierre d’un édifice beaucoup plus important : la souveraineté industrielle dans le domaine militaire.

Derrière cette avancée technologique, il y a une vraie dynamique industrielle. La DRDO travaille avec des motoristes indiens, des fondeurs, des assembleurs, pour que le moteur ne soit pas qu’un prototype de laboratoire. Le but est d’arriver, d’ici 2027, à une intégration sur plateforme réelle, avec tests en conditions opérationnelles.

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Un cœur de blindé pensé pour plusieurs corps

Le Gen‑1 n’est pas un moteur pour un véhicule en particulier, c’est un cœur modulaire. Il pourra, à terme, équiper trois générations de plateformes différentes. Les ingénieurs ont pensé son architecture pour qu’elle puisse se glisser dans des chars moyens, des blindés légers, des véhicules sans pilote.

Parmi les programmes visés :

  • Le “Future Ready Combat Vehicle”, qui doit prendre la relève de la flotte vieillissante de T‑72.
  • Le projet de char léger pour terrain montagneux, à moins de 30 tonnes.
  • Le successeur du véhicule d’infanterie Abhay, qui cherche un moteur compact, réactif et fiable.
  • Les robots de combat au sol, où le Gen‑1 pourrait devenir une brique d’un système hybride, mêlant thermique et électrique.

Une mécanique de précision, pensée pour durer et se réparer

L’équipe DRDO a voulu rendre le Gen-1 intelligent, évolutif, et facile à maintenir. Il embarque toute une électronique de gestion locale, avec des paramètres ajustables selon la mission. Le système de refroidissement, par exemple, a été conçu pour des environnements extrêmes, du désert du Rajasthan aux hauteurs du Ladakh.

La suite est déjà en chantier avec Le Gen‑2 est déjà en préparation. On promet un moteur avec plus de puissance pour le même volume, une signature thermique réduite pour les conflits asymétriques, et surtout une maintenance simplifiée.

L’idée est claire : il faut que le mécanicien de terrain puisse intervenir en quelques minutes, avec des outils basiques, sans renvoyer le bloc en usine.

Une poignée d’acteurs règnent en maitre sur le secteur du moteur de blindés dans le monde

En matière de motorisation pour chars, véhicules de combat ou blindés légers, cinq ou six entreprises se partagent l’essentiel du marché mondial. Certaines sont des filiales d’industries de l’armement historiques, d’autres viennent de la mécanique civile adaptée aux contraintes militaires.
En tête, l’Allemand MTU Friedrichshafen, aujourd’hui filiale de Rolls-Royce Power Systems, est souvent considéré comme la référence mondiale. Le moteur MTU MB 873 Ka‑501 propulse notamment le Leopard 2.

Aux États-Unis, Cummins et Honeywell dominent les programmes tactiques et lourds. Honeywell, en particulier, fabrique la turbine AGT1500 du M1 Abrams, tandis que Cummins équipe des véhicules légers et moyens. General Dynamics Land Systems, qui assemble les Abrams, a aussi son mot à dire sur l’architecture motorisée globale.En Ukraine et en Russie, Kharkiv Morozov (KMDB) et Chelyabinsk Tractor Plant fournissent les moteurs des T‑64, T‑80, T‑90 et autres blindés post-soviétiques. Israël, de son côté, fait appel à General Dynamics et MTU pour les Merkava, tout en développant ses propres briques technologiques.
La Corée du Sud a misé sur Doosan Infracore, qui a développé le DV27K, moteur du K2 Black Panther, non sans quelques déboires de jeunesse. Enfin, la Chine se positionne avec NORINCO, qui fabrique localement des dérivés de moteurs ukrainiens et allemands.

La France pour sa part, maîtrise l’intégration et l’adaptation de moteurs mais dépend encore beaucoup, en particulier pour la motorisation lourde, d’acteurs étrangers comme avec le V8X-1500 Hyperbar du char leclerc fabriqué par une filiale du finlandais Wärtsilä.

Principaux motoristes de blindés et de leurs produits emblématiques :

Motoriste Pays Modèle emblématique Puissance Blindé associé
MTU Friedrichshafen (Rolls-Royce) Allemagne MB 873 Ka-501 1 500 chevaux Leopard 2
Honeywell États-Unis AGT1500 (turbine) 1 500 chevaux M1 Abrams
Cummins États-Unis VTA-903T 600 à 900 chevaux Bradley, M113, véhicules de soutien
Doosan Infracore Corée du Sud DV27K 1 500 chevaux K2 Black Panther
Kharkiv Morozov (KMDB) Ukraine 6TD‑2 1 200 chevaux T‑84, Oplot
Chelyabinsk Tractor Plant Russie V-92S2 1 000 chevaux T‑90
NORINCO Chine 150HB (copie du 6TD-2) 1 200 chevaux Type 99, VT-4
Wärtsilä / Turbomeca France V8X‑1500 Hyperbar 1 500 chevaux Leclerc

 

Source : https://www.indiandefensenews.in/2025/11/drdo-successfully-advances-indigenous.html

Image :  Gen-1 – source : Alpha Defense™ (sur Twitter / X)

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