L’Europe muscle son artillerie : Madrid injecte 3 milliards d’euros dans un arsenal sur roues et chenilles.
Avec un plan de modernisation à plus de 3 milliards d’euros, l’Espagne investit dans l’artillerie du futur : une flotte mixte de systèmes à roues et à chenilles destinée à remplacer les vénérables M109A5E, et à aligner ses forces sur les standards de l’OTAN. Cette mue industrielle annonce un changement profond de doctrine, entre mobilité accrue, automatisation, et portées élargies.
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Des milliards mis sur la table
Avec un budget de 3,002 milliards d’euros, Madrid se dote des moyens de ses ambitions. Deux enveloppes sont prévues : 1,181 milliard pour les systèmes à roues et 1,821 milliard pour les versions chenillées. Ces sommes incluent les plateformes, les véhicules d’appui, les simulateurs, ainsi qu’un ensemble complet de maintenance et de formation. Un signal fort pour atteindre 2 % du PIB en dépenses de défense, comme l’impose l’engagement OTAN.
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Une flotte équilibrée entre roues et chenilles
Le programme prévoit 86 canons automoteurs à roues et 128 à chenilles. Les versions à roues seront montées sur des châssis 8×8 ou 10×10, avec des modules d’artillerie de 155 mm. En face, les versions à chenilles miseront sur des plateformes compatibles avec l’ASCOD, déjà présentes dans les forces espagnoles. Ce choix binaire répond à un besoin de souplesse opérationnelle selon les théâtres d’engagement.
Objectif 40 km de portée
L’exigence fixée est claire : tirer au-delà de 40 km avec des obus base bleed. Le système doit être capable d’utiliser des munitions guidées, s’intégrer à un réseau C2 et répondre aux menaces mobiles, y compris navales côtières. L’automatisation est centrale, avec peu d’opérateurs à bord et un rechargement semi-automatique. Ces caractéristiques sont essentielles pour la survivabilité et la cadence de tir.
Des plateformes nationales en compétition
Deux noms dominent les pronostics : Radhaubitze pour les versions à roues, et Nemesis pour les chenillées. Tous deux partagent une même tourelle AGM de 155 mm/L52, avec conduite de tir digitalisée, navigation GNSS, et électronique embarquée. Fabriqués en Espagne par Santa Bárbara Sistemas et ses partenaires, ils visent une production 100 % locale. La maintenance, les formations et les pièces seront aussi assurées sur le sol espagnol.
Une réforme structurelle de l’artillerie
L’armée espagnole organise sa montée en puissance autour de trois commandements clés : la San Marcial, spécialisée dans la réaction rapide et l’artillerie, la Castillejos, orientée vers les grandes opérations, et le commandement de l’artillerie de campagne. Le but ? Préparer la Force 2035, avec une artillerie plus mobile, numérisée et modulaire, capable de déployer des feux longue portée dans un réseau interopérable avec l’OTAN.
Fin annoncée pour les M109
Les M109A5E de l’armée, introduits dans les années 1970, vivent leurs dernières années. Utilisés par l’armée de terre et l’infanterie de marine, ils sont accompagnés de véhicules M-548 pour le transport de munitions. Leur remplacement vise à accroître l’efficacité en opération et à réduire la dépendance aux systèmes obsolètes. À l’horizon 2030, toute l’artillerie autopropulsée espagnole sera renouvelée.
Un enjeu industriel national
Le programme inclut une clause stricte : production sur le territoire, création d’emplois qualifiés, et renforcement des compétences industrielles. Santa Bárbara Sistemas, via ses sites à Trubia et Alcalá de Guadaira, mènera la danse. L’objectif est double : renforcer l’économie locale et s’assurer d’une autonomie stratégique pour l’entretien et les pièces sur le long terme.
Source : Outono