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Les Etats-Unis trahis par leur meilleur allié qui entend profiter d’une « erreur américaine » pour se positionner sur le moteur du futur KF-21

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Ce que l’Amérique interdit, le Royaume-Uni l’autorise : la guerre secrète des moteurs d’avions entre Séoul, Londres et Washington Un moteur de chasse, c’est bien plus qu’un assemblage de métal …

Les Etats-Unis trahis par leur meilleur allié qui entend profiter d'une « erreur américaine » pour se positionner sur le moteur du futur KF-21

Ce que l’Amérique interdit, le Royaume-Uni l’autorise : la guerre secrète des moteurs d’avions entre Séoul, Londres et Washington

Un moteur de chasse, c’est bien plus qu’un assemblage de métal qui fait de jolies flammes. C’est aussi un outil de puissance économique, de diplomatie, de dépendance et c’est qu’on va voir dans cet article avec une partie de « poker menteur » autour du chasseur KF-21 et une alliance pluri centenaire qui vacille !

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À l’origine, tout semblait limpide. Le chasseur sud-coréen KF-21 Boramae, symbole de souveraineté industrielle et militaire du pays du matin calme, devait être équipé du moteur F414 de General Electric. Un moteur puissant, éprouvé, produit sous licence par Hanwha Aerospace.

C’était sans compter sur un facteur problématique : les restrictions américaines à l’exportation. En effet l’avion ne peut être revendu à certains clients, comme l’Indonésie ou les Émirats arabes unis, sans l’accord explicite de Washington. Et ce verrouillage, au nom de la sécurité nationale, commence à gêner sérieusement les ambitions coréennes !

C’est là qu’un invité inattendu, pourtant fidèle allié de l’Oncle Sam entre en scène : le Royaume-Uni, bien décidé à offrir une sortie de secours.

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Rolls-Royce en embuscade diplomatique

Londres, flairant l’opportunité stratégique, a proposé à Séoul une alternative : un nouveau moteur conçu conjointement avec Rolls-Royce, en dehors du périmètre réglementaire des États-Unis. Ce ne serait pas une simple vente d’équipement, mais une coopération technologique complète, avec transfert de propriété intellectuelle et production locale.

Pourquoi un tel empressement britannique ? Il s’agit de reconquérir une place industrielle dans le secteur aéronautique de défense, face à la montée en puissance de l’Asie et au monopole américain. De plus, le projet permettrait de créer des synergies avec d’autres programmes comme le GCAP (Global Combat Air Programme), qui lie déjà le Royaume-Uni au Japon et à l’Italie.

Et pendant que Washington verrouille, Londres ouvre grand les bras.

Une industrie coréenne en quête d’autonomie

De son côté, Hanwha Aerospace ne reste pas immobile. Le groupe a annoncé vouloir concevoir son propre moteur d’ici 2036, avec un budget estimé à 3,4 milliards d’euros.

Son plan :

  • Tripler le nombre d’ingénieurs (passant à 600)
  • Construire une usine de 28 millions d’euros
  • Implanter des centres R&D aux États-Unis et en Europe

Objectif : doubler la performance du F414 en poussée et en efficacité énergétique. En clair, faire mieux avec moins de dépendance.

Mais certains experts doutent. Concevoir un turboréacteur de chasse moderne ne s’improvise pas. Et l’échec serait coûteux, d’où l’attrait d’une solution intermédiaire avec Rolls-Royce.

Entre loyauté stratégique et indépendance industrielle

Séoul est à la croisée des chemins. D’un côté, les États-Unis sont le garant historique de sa sécurité. Le moteur américain bénéficie déjà d’une chaîne de production locale bien huilée, et Hanwha vise des contrats de maintenance pour la marine américaine. Le tout pèse dans la balance diplomatique.

Mais d’un autre côté, la dépendance vis-à-vis de Washington devient un frein. Chaque vente bloquée est un contrat perdu et une opportunité d’affaiblir la domination technologique américaine. Et l’Europe, avec la France, la Suède et maintenant le Royaume-Uni , commence à jouer sa propre carte.

Le dilemme est clair : maintenir l’alliance atlantique ou gagner en souveraineté technologique.

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Une filière française plus discrète mais qui a sa carte à jouer

La France, souvent plus discrète que ses partenaires anglo-saxons, possède pourtant l’une des industries les plus avancées au monde en matière de moteurs militaires. Derrière cette excellence se trouvent deux noms : Safran Aircraft Engines et Turbomeca (aujourd’hui intégré à Safran Helicopter Engines). Ces entreprises ne se contentent pas de fournir des moteurs performants. Elles offrent à leurs clients un accès complet à la technologie, sans restriction d’exportation, et maîtrisent toute la chaîne de valeur : conception, fabrication, entretien, modernisation.

Le moteur M88, qui équipe le Rafale, est le symbole de cette autonomie. Certes, moins puissant que le F414 ou ses variantes, il est entièrement conçu, produit et entretenu sur le sol français.

Face aux géants américain (GE) et britannique (Rolls-Royce), la France propose une autre voie : celle de la maîtrise locale, de la discrétion stratégique et de la fiabilité industrielle. Un modèle qui séduit déjà plusieurs pays souhaitant se libérer des pressions géopolitiques imposées par certains fournisseurs.

Source : https://defensehere.com/en/uk-presses-south-korea-to-select-rolls-royce-for-kf-21/

Image : KF-21 Boramae au salon ADEX 2023 de Seoul.

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