Polonais, Américains, et bientôt d’autres pays européens : le missile JAGM devient un standard de l’OTAN. Doté d’une triple capacité de guidage, il frappe vite, loin, et avec précision. Pendant ce temps, la France reste encore en phase de questionnements industriels.
Lockheed Martin a frappé fort lors du salon de l’armement MSPO à Kielce, en Pologne. Les nouveaux missiles JAGM, adaptés aux avions de chasse comme aux hélicoptères, font déjà parler d’eux dans toute l’Europe. Avec une portée étendue, un guidage triplé, une compatibilité multi-plateforme et une capacité de frappe à haute vitesse, ces engins redessinent le futur des frappes air-sol. D’autres variantes arrivent déjà, pendant que les décideurs français hésitent encore à industrialiser leurs successeurs du Hellfire.
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Trois capteurs pour une cible unique
Le missile JAGM-F embarque une technologie à trois niveaux de guidage : laser semi-actif, radar à ondes millimétriques et capteur infrarouge. Ce trio permet des frappes même en cas de brouillage électronique, de météo dégradée ou de mouvements rapides de la cible. Contrairement à de nombreux missiles européens, il est à la fois « fire-and-forget » et capable de changements de cap dynamiques en vol. Une véritable révolution sur les champs de bataille saturés.
Des plateformes multiples, un seul missile
Le JAGM-F est compatible avec les avions F-15, F-16, F/A-18, A-10C et même le F-35, en soute ou en emport externe. Son lancement par éjection permet de le loger dans des avions furtifs sans altérer leur profil radar. En comparaison, la plupart des missiles européens air-sol n’ont pas cette flexibilité opérationnelle. Le JAGM n’est pas lié à une plateforme : il devient un outil interopérable dans l’OTAN.
Une puissance de frappe sur mesure
Avec ses 93 kg, le missile embarque une ogive multi-effets capable de neutraliser des blindés, radars, bunkers ou vedettes rapides. Sa portée varie de 800 m à plus de 24 km, selon l’altitude et la vitesse de lancement. Le tout, sans compromettre la précision ou la réaction. Cela répond directement aux besoins actuels des opérations en environnement multidomaine.
Une version sol-sol encore plus légère
Le JAGM-MR réduit le poids à 53,3 kg pour une compatibilité avec les lanceurs existants (M299 notamment). Il embarque le même triptyque de capteurs, avec en plus un moteur bi-phase à faible fumée, capable de portées allongées depuis le sol. Son architecture modulaire permet une montée en puissance progressive, sans changement logistique majeur.
Une logique industrielle bien rodée
Le missile découle des lignes Hellfire et Longbow, dont plus de 100 000 exemplaires ont été produits avec un taux de fiabilité de 97 %. L’objectif de Lockheed Martin est clair : créer un standard durable, capable d’évoluer sans rupture de production. Un atout évident pour les pays souhaitant une autonomie maîtrisée et une souveraineté opérationnelle.
Varsovie fonce, Paris temporise
La Pologne a déjà commandé 460 missiles JAGM en 2023 avec ses 96 hélicoptères Apache. En France, la doctrine hésite encore entre prolongation du Mistral, modernisation du MMP ou développement d’un successeur à longue portée. Pendant ce temps, l’Europe centrale se muscle plus vite, en réponse aux tensions régionales.
Tableau récapitulatif
Variante | Masse (kg) | Portée (km) | Capteurs | Compatibilité plateforme |
JAGM-F | 93 | 0,8 à >24 | Laser, radar MMW | Avions de chasse, F-35 |
JAGM-MR | 53,3 | >16 (sol) | + capteur infrarouge | Hélico, lanceurs sol-sol |
Source : Salon de l’armement MSPO