Avec plus de 300 J-20 et une production croissante de J-35, la Chine aligne la plus grande flotte furtive après les États-Unis. Ce bond technologique pourrait bouleverser l’équilibre militaire dans l’Indo-Pacifique.
Pékin ne se contente plus de copier. Elle produit, en masse, des chasseurs furtifs capables d’attaquer à longue distance, d’échapper aux radars et de coordonner des frappes avec précision. Face à cette montée en puissance, les États-Unis et leurs alliés s’inquiètent : leur avance technologique est-elle en train de s’effriter ?
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Une flotte furtive qui grossit à vue d’œil
Le J-20, surnommé « Mighty Dragon », et le J-35, son cousin naval, ne sont plus des prototypes. La Chine a franchi un cap historique en intégrant plus de 300 avions J-20 dans les rangs de l’Armée populaire de libération. En parallèle, environ 60 J-35 ont déjà quitté les chaînes d’assemblage, avec une cadence estimée entre 70 et 100 appareils par an. Ce rythme effréné inquiète autant qu’il impressionne.
| Modèle | Nombre en service | Vitesse max | Rayon d’action | Année d’entrée |
| J-20 | 300+ | 3 145 km/h | 2 040 km | Depuis 2017 |
| J-35 | 60+ | 2 450 km/h | ~1 700 km | Depuis 2023 |
| F-22 Raptor | 187 | 2 414 km/h | 2 963 km | Depuis 2005 |
| F-35 (tous) | 1 200+ | 1 930 km/h | 2 220 km | Depuis 2015 |
Des avions conçus pour frapper fort et loin
Le J-20 a été pensé pour la supériorité aérienne à longue portée. Il transporte jusqu’à 6 missiles air-air, dissimulés dans sa soute centrale, pour rester invisible aux radars. Son moteur WS-10 lui permettrait de super-croiser sans postcombustion, à des vitesses supersoniques sur de longues distances, une capacité rare et précieuse. Le J-35, lui, est une bête de piste navale. Conçu pour les porte-avions à catapulte, il peut décoller rapidement, atterrir brutalement et opérer en mer avec des ailes repliables. Sa mission : frapper les bases américaines dans le Pacifique, les porte-avions, les radars et les infrastructures clés.
La guerre des chiffres tourne à l’avantage chinois
En moins de 10 ans, la Chine a réduit l’écart avec les États-Unis dans la course à la furtivité. Elle ne rivalise pas encore en qualité technologique, mais elle écrase par la quantité. Avec 100 à 120 J-20 construits chaque année, la parité numérique pourrait être atteinte d’ici 2030, notamment dans la région Indo-Pacifique. À ce rythme, Pékin aura déployé près de 1 000 chasseurs furtifs. Washington, en comparaison, produit 156 F-35 par an, avec une partie affectée à l’Europe et au Moyen-Orient.

Une menace directe pour Taïwan et ses alliés
Un pilote chinois a récemment déclaré avoir survolé l’île de Taïwan entière sans être intercepté, une provocation aérienne que Pékin assume comme un test grandeur nature de la furtivité du J-20. Le message est clair : le ciel de Taïwan est vulnérable. Et ce n’est pas tout. Le J-35 pourrait lancer une attaque coordonnée en mer de Chine, en verrouillant des cibles, en partageant les coordonnées avec des missiles sol-air, ou même en guidant les frappes à distance. On entre dans l’ère du combat en essaim coordonné.

L’Occident riposte avec son écosystème aérien
Malgré la montée en puissance chinoise, les États-Unis et leurs alliés gardent un avantage certain. Le F-22 Raptor, même s’il n’est plus produit, reste le chasseur le plus agile et le plus furtif du monde. Surtout, l’Occident possède un écosystème interopérable autour du F-35, présent au Japon, en Corée du Sud, en Australie et bientôt à Singapour.
- Japon : 147 F-35 commandés, plusieurs déjà opérationnels
- Corée du Sud : 40 F-35 + développement du KF-21
- Australie : 72 F-35 livrés, 28 en option
- Singapour : 20 F-35A attendus en 2026
Ces forces alliées s’entraînent régulièrement avec les États-Unis dans le Pacifique occidental, renforçant la dissuasion face à la Chine.

Les prochains monstres de la guerre aérienne
Washington ne s’endort pas. Le futur est déjà en marche avec le NGAD F-47, un chasseur de sixième générationpartiellement furtif, partiellement piloté, et capable d’opérer avec des drones d’escorte autonomes. Le programme F/A-XX, version navale du futur chasseur, permettra à l’US Navy de remplacer ses F/A-18 vieillissants. Ces plateformes intègrent la guerre électronique, l’intelligence artificielle embarquée, et des capacités hypersoniques.
Ce que la Chine gagne en nombre, elle perd peut-être en fiabilité
Derrière les chiffres vertigineux de production, plusieurs experts occidentaux soulignent des zones d’ombre : fiabilité des moteurs, capacités de furtivité réelle, ergonomie des cockpits, maintenance. Sans oublier l’expérience des pilotes. Les forces américaines, australiennes et japonaises multiplient les exercices multinationaux, avec des standards d’entraînement très élevés. Or, en combat aérien, la qualité du pilote compte autant que le radar.
Source : NSJ