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Les Etats-Unis n’auront désormais plus besoin d’humain pour frapper dans le monde avec cette munition intelligente capable de frapper seule

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Les munitions américaines s’émancipent avec une intelligence artificielle de combat. Elles tournoyaient déjà dans le ciel à la recherche de cibles. Elles décideront bientôt seules de frapper. Aux États-Unis, une …

Les Etats-Unis n'auront désormais plus besoin d'humain pour frapper dans le monde avec cette munition intelligente capable de frapper seule

Les munitions américaines s’émancipent avec une intelligence artificielle de combat.

Elles tournoyaient déjà dans le ciel à la recherche de cibles. Elles décideront bientôt seules de frapper.
Aux États-Unis, une alliance vient d’être officialisée entre le géant de l’armement RTX et la start-up militaire Shield AI.
Le but : injecter dans les munitions rôdeuses une autonomie réelle, tactique, collaborative,pilotée par une intelligence artificielle de nouvelle génération.
Ce partenariat pourrait bien redéfinir le rôle du soldat, et le futur même des armes sur le champ de bataille.

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Une IA opérationnelle dans des armes déjà testées au feu

Le programme a été dévoilé discrètement, comme souvent dans l’industrie militaire. RTX, anciennement Raytheon Technologies, développe depuis des années des munitions rôdeuses, ces drones kamikazes capables de planer plusieurs minutes avant de plonger sur une cible. Leur limite jusqu’ici : un pilotage semi-autonome nécessitant une supervision constante. C’est ce verrou que Shield AI est en train de faire sauter.

Le cœur du système s’appelle Hivemind. Une intelligence artificielle conçue pour agir, réagir, coordonner. Plus qu’un algorithme, c’est un cerveau numérique capable de prendre des décisions tactiques sur le terrain.

Les applications sont nombreuses :

  • Percée de défenses aériennes,
  • Chasse aux missiles balistiques,
  • Reconnaissance de zone,
  • Appui aérien hors visibilité,
  • Interception de cibles multiples.

Et tout cela, sans intervention humaine immédiate.

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Une arme qui collabore avec d’autres… sans humain

La grande nouveauté, c’est la coordination en essaim. Le Hivemind de Shield AI repose sur une architecture dite de Networked Collaborative Autonomy (NCA). Cela signifie que plusieurs unités armées, qu’elles soient en vol ou au sol, peuvent agir de concert, en se partageant les tâches, les cibles, les priorités, comme le ferait une patrouille d’élite bien entraînée.

RTX explique que cette autonomie distribuée sera intégrée nativement dans ses futures munitions rôdeuses, mais aussi dans ses systèmes d’observation, ses capteurs multi-spectraux, et potentiellement dans des drones armés plus lourds.

Le tout sans financement gouvernemental direct : c’est un projet 100 % industriel, assumé financièrement par les deux entreprises.

Un logiciel militaire né dans le réel

L’IA militaire fait souvent peur. Surtout lorsqu’elle évoque la possibilité d’une machine qui tue sans supervision humaine. Shield AI, de son côté, prend le contre-pied : Hivemind n’est pas une expérimentation académique. Il a déjà volé.

En juin, une démonstration a eu lieu avec un drone MQ-20 Avenger de General Atomics. Particularité de l’essai : un jumeau numérique du drone a été déployé en parallèle dans une simulation connectée. L’IA a coordonné simultanément le drone réel et sa copie virtuelle, dans une mission composite. C’est ce qu’on appelle une configuration LVC : Live, Virtual, Constructive.

L’algorithme s’est connecté aux systèmes de commandement (C2) et aux capteurs embarqués, gérant les objectifs sans intervention humaine.

Ce test a permis à Shield AI de prouver que son logiciel peut :

  • S’intégrer à n’importe quelle plateforme,
  • Exécuter des tâches en temps réel,
  • Travailler avec des entités virtuelles et physiques simultanément,
  • Être gouverné et supervisé à distance.

Un futur sans pilote, mais pas sans contrôle

Le Pentagone reste prudent. Les principes d’autonomie de combat adoptés en 2023 imposent trois exigences : traçabilité, contrôle humain en dernier ressort, et fiabilité des décisions.

RTX et Shield AI affirment que Hivemind respecte ces critères. L’IA peut être « bridée », surveillée, désactivée à distance. Chaque action est enregistrée, chaque décision peut être auditée. Le but est de rassurer les partenaires occidentaux, mais aussi de préparer des intégrations OTAN d’ici à 2027.

L’idée n’est pas de remplacer les soldats mais d’alléger leur charge cognitive, de leur permettre de superviser plusieurs vecteurs à la fois, de se concentrer sur l’analyse et non sur la conduite.

ViDAR : quand la détection devient prédictive

Autre brique du système : le logiciel ViDAR, déjà utilisé par des marines pour détecter des embarcations en mer. Intégré aux capteurs optiques MTS (Multi-Spectral Targeting System) de RTX, il devient capable de repérer des menaces maritimes ou aériennes, même en mouvement, même en essaim.

ViDAR détecte, classe, priorise, et transmet l’information à Hivemind, qui peut engager une réponse. L’IA, en quelque sorte, voit, comprend, frappe.

Cette technologie pourrait à terme être montée sur :

  • Des drones MALE (moyenne altitude longue endurance),
  • Des missiles rôdeurs,
  • Des hélicoptères armés,
  • Des navires autonomes.

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L’intelligence tactique, arme décisive du XXIe siècle ?

L’armement du futur ne sera pas seulement plus rapide, plus précis, plus puissant. Il sera plus intelligent. Les capteurs, les munitions, les plateformes seront capables d’anticiper, de s’adapter, de coopérer.

L’intégration du Hivemind dans les munitions de RTX est peut-être un signal : le soldat de demain pilotera un essaim, pas une seule machine.

Les batailles ne seront plus un échange de feux, mais un duel de systèmes intelligents, chacun tentant de surprendre l’autre, de saturer ses défenses, d’exploiter ses angles morts.

RTX, avec cette alliance, place un pion décisif. Shield AI, elle, devient la tête pensante des armes autonomes américaines.

Source : https://www.rtx.com/news/news-center/2024/01/03/rtx-awarded-345-million-to-deliver-stormbreaker-smart-weapons-to-the-u-s-air-fo

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