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Les Etats-Unis exigent l’impossible à leur industrie afin de rester au niveau de leurs rivaux : 18 mois pour une nouvelle classe de navires de surface autonomes

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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La marine américaine veut ses navires de combat autonomes en 18 mois. Le 28 juillet 2025, la US Navy a lancé un appel clair à l’industrie : livrer en un …

Les Etats-Unis exigent l'impossible à leur industrie afin de rester au niveau de leurs rivaux : 18 mois pour une nouvelle classe de navires de surface autonomes

La marine américaine veut ses navires de combat autonomes en 18 mois.

Le 28 juillet 2025, la US Navy a lancé un appel clair à l’industrie : livrer en un an et demi une nouvelle classe de navires de surface autonomes, modulaires et armés. Pas des prototypes pour salons, mais des plateformes prêtes à opérer, capables de combler rapidement les trous d’une flotte qui, selon le Pentagone lui-même, manque de masse face à la montée en puissance fulgurante de la marine chinoise.

Cette annonce s’inscrit dans un contexte où le budget, l’âge moyen des bâtiments et les retards de construction étranglent la capacité de renouvellement de la flotte américaine. Les Zumwalt, LCS et Constellation ont chacun accumulé des années de retard et de surcoûts. Résultat : l’US Navy veut changer de paradigme.

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Depuis 2018, le programme Ghost Fleet Overlord a testé l’autonomie sur des navires civils modifiés. Certains, comme l’OUSV Nomad, ont traversé le Pacifique sans équipage sur plus de 8 000 km. Ces essais ont préparé le terrain pour MASC (Modular Autonomous Surface Craft) : la première commande à grande échelle de navires autonomes destinés au combat.

La logique est simple : abandonner la « plate-forme exquise », chère et longue à construire, au profit de navires rapides à produire, adaptables grâce à des modules en conteneur et construits sur des lignes civiles. L’objectif est clair : passer de la planche à dessin au prototype opérationnel en 18 mois.

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Trois formats, un concept : la modularité

Le cahier des charges du MASC définit les navires non pas par leur taille mais par ce qu’ils peuvent embarquer. Trois versions sont prévues :

  • Petite : 1 module TEU (24 t, 75 kW), pont arrière dégagé pour missions ASM.
  • Standard : 2 modules FEU (36,3 t chacun, 75 kW), 2 500 nautiques à 25 nœuds, endurance 60 jours.
  • Grande : 4 modules FEU (50 kW chacun), optimisée pour la vitesse et l’endurance.

Chaque plateforme devra mesurer environ 60 m de long pour 500 tonnes, avec un tirant d’eau de 3,7 m, deux diesels sur arbres, une vitesse de croisière de 14 nœuds et des pointes à 27 nœuds. Les deux plus grandes variantes disposeront d’un espace pour huit membres d’équipage, afin de naviguer en zones congestionnées ou assurer certaines missions hybrides.

Armés pour compter dans l’ordre de bataille

L’US Navy ne veut pas de simples navires de surveillance. Les MASC pourront emporter :

  • des missiles de croisière (Tomahawk, Naval Strike Missile),
  • des modules de guerre électronique,
  • des capteurs remorqués,
  • des systèmes ISR passifs.

L’arme clé pourrait être le lanceur expéditionnaire Mk 70 de Lockheed Martin, intégré dans un conteneur FEU et déjà testé en 2021 sur l’USV Ranger avec un missile SM-6. Chaque module emporte 4 cellules verticales, la toiture s’ouvrant pour lancer les armes.

L’idée : multiplier les plateformes armées, disperser la puissance de feu, saturer la détection adverse et éviter de concentrer les risques sur quelques unités à plusieurs milliards de dollars.

Un processus d’acquisition hors norme

Pour accélérer, la Navy utilisera l’Other Transaction Authority (OTA), un cadre contractuel souple, hors procédures classiques, pour attirer des constructeurs non traditionnels. Cela pourrait ouvrir la porte à des chantiers civils, des intégrateurs high-tech ou des partenariats inédits entre défense et industrie maritime commerciale.

Le calendrier est serré :

  • Fin 2025 : réponses des industriels.
  • Début 2026 : sélection.
  • Fin 2026 / début 2027 : premiers navires à flot.

Si l’expérience réussit, la flotte MASC pourrait devenir le cœur d’une nouvelle architecture navale américaine, basée sur la vitesse de production et la quantité plutôt que sur la perfection technique.

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Ce que cette révolution pourrait changer

Si le pari est tenu, l’US Navy pourrait disposer d’ici trois ans de dizaines de navires autonomes armés, capables de patrouiller, frapper ou collecter du renseignement sans exposer d’équipage. L’impact stratégique serait majeur face à la Chine, mais aussi dans toute zone où la présence américaine repose sur des moyens limités.

Pour les autres marines, cette évolution sera scrutée de près. Elle pose une question simple : faut-il continuer à construire moins de navires, plus gros et plus chers, ou miser sur la masse, la modularité et l’autonomie ?

Source : https://www.navylookout.com/us-navy-demands-uncrewed-warships-delivered-in-18-months/

Image : Le navire de surface sans équipage USV Nomad traversant le Pacifique dans le cadre de RIMPAC 2022.

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