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Les Etats-Unis craignent l’arrivée du premier sous-marin nucléaire de 5e génération qui obligerait l’OTAN à repenser toute sa stratégie

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Toujours plus discret et plus dangereux, une nouvelle classe de SNLE russe en chantier. On le pressentait. On en soupçonnait les contours. Désormais, c’est confirmé, la Russie développerait un sous-marin …

Les Etats-Unis craignent l'arrivée du premier sous-marin nucléaire de 5e génération qui obligerait l'OTAN à repenser toute sa stratégie

Toujours plus discret et plus dangereux, une nouvelle classe de SNLE russe en chantier.

On le pressentait. On en soupçonnait les contours. Désormais, c’est confirmé, la Russie développerait un sous-marin de cinquième génération, un nouveau sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), aussi connu comme SSBN, en anglais « submersible stratégique à propulsion nucléaire lanceur d’engins ».

S’exprimant lors du 125e anniversaire du Bureau central de conception Rubin pour l’ingénierie marine, le conseiller présidentiel et président du Conseil naval russe, Nikolaï Patrouchev, a en effet déclaré que le bureau travaille activement sur ce sous-marin de nouvelle génération, selon des informations rapportées par l’agence de presse russe alignée sur l’État, Interfax.

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On sait encore peu e chose sur cette nouvelle « terreur des abysses » si ce n’est que ce sous-marin ne sera pas un simple successeur des Boreï ou Boreï-A puisqu’on parle d’une refonte complète.

Tout y serait repensé : la coque, les silos, l’acoustique, les interfaces, l’équipage. Et le niveau d’automatisation serait tel qu’il permettrait de réduire encore davantage le nombre d’hommes à bord.

Le but est de tendre ce navire plus silencieux que l’eau elle-même, capable de rester des mois sous la glace sans être repéré, même par les meilleurs capteurs occidentaux.

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Une dissuasion en eaux troubles

En 2025, Moscou dispose déjà d’une quinzaine de sous-marins stratégiques en service, essentiellement de la classe Boreï, armés de missiles Bulava. Mais ces bâtiments, bien que puissants, commencent à être bien connus des services de renseignement occidentaux. Leur signature acoustique est identifiée. Leurs schémas de patrouille, plus ou moins anticipés.

Il fallait donc préparer la suite avec cette nouvelle génération. Celle qui relancera la compétition technologique là où elle semblait stabilisée.

Les SNLE de la classe Boreï (ici le K-550 « Alexandre Nevski » ) sont des monstres de 170 mètres de long capable d’embarquer 16 missiles Boulava avec 6 à 10 têtes de 150/100 kt
Les SNLE de la classe Boreï (ici le K-550 « Alexandre Nevski » ) sont des monstres de 170 mètres de long capable d’embarquer 16 missiles Boulava avec 6 à 10 têtes de 150/100 kt.

Un sous-marin conçu pour une guerre… qui ne viendra (on l’espère) jamais

Le nouveau sous-marin russe, selon les rares mots glissés par le Kremlin, intégrerait des capacités hybrides : missiles balistiques intercontinentaux bien sûr, mais aussi, potentiellement, torpilles stratégiques comme le fameux « Poseïdon », un drone sous-marin nucléaire censé raser une ville côtière entière par tsunami radioactif.

Autre piste évoquée : la possibilité d’embarquer des drones autonomes, capables de mener des missions de reconnaissance, de brouillage électronique, voire de chasse anti-sous-marine. Une véritable ruche sous-marine, pilotée depuis les profondeurs.

À terme, ce bâtiment pourrait opérer depuis les approches de la mer de Barents, jusqu’au Pacifique Nord, en passant par les routes sous-marines de l’Arctique. Dans ces zones où l’acoustique est brouillée par la glace, les reliefs marins, les courants.

L’ombre portée du Columbia américain

Côté américain, le programme Columbia, destiné à remplacer les Ohio, a déjà débuté. Le premier exemplaire est en production. Le Pentagone sait pertinemment que le vrai théâtre d’opérations du XXIe siècle ne sera pas dans les airs, ni même dans l’espace, mais bien sous la mer, dans ce monde noir et glacé que les radars n’atteignent pas.

Ce que cela change (déjà) pour l’OTAN

Pour les stratèges de l’Alliance, l’enjeu est immédiat. Il va falloir adapter les réseaux de surveillance sous-marine, réviser les doctrines d’interception et renforcer les patrouilles anti-sous-marines.

Ce nouvel ennemi invisible va obliger les états-majors de l’Occident à repenser les déploiements dans la GIUK Gap (entre le Groenland, l’Islande et l’Écosse) et à renforcer les bases de Keflavík ou Tromsø.

Ce que l’on sait… et ce qu’on ne saura jamais

Le nouveau sous-marin n’a pas encore de date de mise à l’eau. Certains évoquent 2030. D’autres 2035. Il faudra au moins dix ans de conception, tests, validations… et encore, si le budget suit !

Car une chose est sûre : construire un sous-marin de cette envergure coûte autant qu’une station spatiale.

Mais ce n’est pas le genre d’effort que la Russie néglige. Surtout dans le domaine nucléaire. Dans la doctrine russe, le fond de la mer est un sanctuaire, le dernier refuge stratégique, là où le feu peut encore être rendu.

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Flottes de SNLE dans le monde en 2025

Pays Classe(s) de SNLE Génération Nombre en service Missiles balistiques embarqués Base(s) principale(s)
États-Unis Ohio 3ᵉ génération 14 Trident II D5 Kings Bay (Géorgie), Bangor (Washington)
Russie Boreï / Boreï-A 4ᵉ génération 10 (12 prévus) Boulava Gadjievo, Vilioutchinsk
France Triomphant 3ᵉ génération 4 M51 Île Longue (Bretagne)
Royaume-Uni Vanguard 3ᵉ génération 4 Trident II D5 Faslane (Écosse)
Chine Type 094 Jin 3ᵉ génération 6 JL-2 / JL-3 (intégration progressive) Yulin (Hainan)
Inde Arihant 3ᵉ génération (transition) 2 (1 en essais) K-15 / K-4 Visakhapatnam
Corée du Nord Sinpo-C (expérimental) 2ᵉ génération (limitée) 1 Pukguksong-3 (estimé) Sinpo

Lecture rapide des générations :

  • 2ᵉ génération : capacité balistique embryonnaire, dissuasion partielle, endurance limitée.
  • 3ᵉ génération : dissuasion pleinement opérationnelle, missiles à longue portée, patrouilles océaniques crédibles.
  • 4ᵉ génération : réduction acoustique majeure, automatisation avancée, endurance accrue, survivabilité renforcée.
  • 5ᵉ génération : en développement, intégration de drones, réseaux de combat sous-marins, signatures quasi indétectables.

À ce stade :

  • La Russie est la seule à annoncer officiellement une cinquième génération en préparation.
  • Les États-Unis suivront avec la classe Columbia, attendue au début des années 2030.
  • La France prépare discrètement l’après-Triomphant avec le programme SNLE 3G, dans le même calendrier.

 

Source : https://militarnyi.com/en/news/russia-commissions-fifth-borei-a-class-nuclear-submarine

Image mise en avant : Knyaz Pozharskiy, SNLE de de classe Boreï lors des essais en mer, décembre 2024.

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