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Le Royaume-Uni se replace dans la course aux drones militaires avec un nouveau record mondial pour ce kamikaze inspiré de la course automobile

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Ce drone de combat file à 450 km/h : le Royaume-Uni dévoile une arme volante inspirée de la course automobile. Il a le profil d’une voiture de course, les crocs …

Le Royaume-Uni se replace dans la course aux drones militaires avec un nouveau record mondial pour ce kamikaze inspiré de la course automobile

Ce drone de combat file à 450 km/h : le Royaume-Uni dévoile une arme volante inspirée de la course automobile.

Il a le profil d’une voiture de course, les crocs d’un missile, et la discrétion d’un prédateur nocturne. Le Royaume-Uni vient de présenter un engin redoutable : un drone kamikaze capable d’atteindre les 450 km/h. Pensé pour des frappes ciblées, des missions de brouillage ou de renseignement, ce nouveau venu promet de bouleverser les équilibres sur les champs de bataille modernes. Et son ADN mécanique est 100 % britannique.

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Un record à 450 km/h pour ce drone kamikaze britannique

Le 11 juillet 2025, sur l’aérodrome d’Enstone, dans le comté verdoyant de l’Oxfordshire, les rotors d’un engin inhabituel déchirent le silence. À peine plus grand qu’un homme, fuselé comme une voiture de course, le SkyShark prend son envol. Conçu par MGI Engineering, société dirigée par un ancien ponte de la Formule 1, ce drone d’un nouveau genre n’a rien à envier à un missile de croisière. Il ne revient jamais : sa mission est d’aller au bout, littéralement.

Le SkyShark entre dans la catégorie des “OWE” – One Way Effector – ces drones conçus pour s’autodétruire sur leur cible. Aucun parachute, aucun espoir de récupération. Un aller simple.

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Un moteur britannique pour un projet souverain

Deux versions sont actuellement en phase de démonstration. L’une est dotée d’un turboréacteur développé par Argive Ltd, une entreprise implantée à Oxford. L’autre mise sur une propulsion électrique conçue par Greenjets, pour des opérations où la discrétion prime sur la puissance.

La version à gaz turbine peut atteindre 450 km/h, parcourir jusqu’à 250 kilomètres et embarquer une charge explosive de 20 kilogrammes. C’est une munition volante, guidée par un système de navigation TERCOM, technologie qui permet au drone de s’orienter grâce au relief du terrain, sans dépendre du GPS. Une parade bienvenue face aux brouillages de plus en plus fréquents.

La version électrique, elle, mise sur la furtivité et l’efficacité. Moins rapide, mais moins bruyante, elle se faufile dans les interstices des défenses ennemies.

Leçon venue d’Ukraine

Depuis l’invasion de l’Ukraine, les conflits ne se mènent plus uniquement avec des chars et des troupes au sol. Ce sont des essaims de drones qui saturent les défenses adverses. Le SkyShark s’inscrit dans cette logique : produit rapidement, à bas coût, et prêt à être sacrifié s’il faut submerger l’ennemi.

À la différence d’autres programmes occidentaux, MGI a tenu à conserver l’ensemble de la chaîne de conception, de fabrication et de test au Royaume-Uni. Une indépendance industrielle que revendiquent ses dirigeants. « Chaque vis, chaque ligne de code, a été pensée ici. Ce projet est la démonstration de ce que peut produire une ingénierie britannique libérée des contraintes extérieures », martèle Mike Gascoyne, le fondateur de MGI.

Une fiche technique taillée pour les conflits de demain

Voici un résumé des deux versions du drone SkyShark :

Version Motorisation Vitesse max Autonomie Charge utile Signature sonore
Gaz turbine Turboréacteur Argive 450 km/h 250 km 20 kg Élevée
Électrique Propulseur Greenjets env. 300 km/h variable 10-15 kg Faible

Ces drones sont pensés pour une production industrielle rapide, à l’instar des drones FPV utilisés massivement par les forces ukrainiennes. Le coût d’un SkyShark n’a pas été officiellement communiqué, mais les responsables insistent sur la “rentabilité opérationnelle” de l’engin. En clair : il est plus économique de perdre un drone que de risquer un avion piloté.

Une guerre des airs silencieuse et jetable

Les conflits contemporains imposent des réponses souples et adaptables. Fini les bombardiers lourds escortés par des escadrilles. Aujourd’hui, ce sont des modules discrets, agiles et rapides qui frappent. Le SkyShark coche toutes les cases.

La technologie TERCOM intégrée permet à l’appareil de poursuivre sa route même lorsque les satellites sont brouillés ou détruits. C’est un héritage direct des vieux missiles de croisière, mais embarqué dans un drone léger, bien moins coûteux à produire. Un retour aux fondamentaux, modernisé par l’électronique de pointe.

Et dans un contexte où chaque euro investi doit produire un effet concret, ce genre d’arme offre un rapport efficacité/coût redoutable.

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Un marché international du drone kamikaze féroce

Sur ce marché où l’aérodynamique rencontre l’algorithme, trois pays dictent le tempo : les États-Unis, l’Iran et Israël. À eux seuls, ils dessinent l’architecture mondiale du drone kamikaze. L’Iran, avec ses modèles Shahed-136 et Shahed-131, en aurait livré plus de 2 000 unités à la Russie depuis début 2023, selon les estimations du renseignement occidental.

Ces engins bon marché, autour de 20 000 euros l’unité, ont redéfini la guerre d’usure en Ukraine. Israël, pionnier du genre avec les Harop de la société IAI, joue dans une autre cour : ses drones-suicides intelligents coûtent plus de 500 000 euros l’unité et peuvent traquer des radars mobiles pendant 6 heures d’affilée. Les États-Unis, eux, ont misé sur la série Switchblade de l’entreprise AeroVironment : des drones portables, déployables en moins de 2 minutes, avec une autonomie de 40 kilomètres, fournis à plus de 1 500 exemplaires à l’Ukraine.

Derrière ces trois mastodontes, la Turquie pousse ses pions avec les Kargu, tandis que la Chine teste discrètement des prototypes à double intelligence artificielle embarquée. Le champ de bataille moderne n’a plus de pilote, mais il a des fabricants.

Une offensive industrielle britannique

Le programme SkyShark illustre une volonté politique claire : réarmer vite, localement, et intelligemment. Dans un climat international instable, Londres veut éviter la dépendance technologique, notamment face à la montée en puissance de la Chine ou aux incertitudes des partenaires américains.

Les industriels impliqués, Argive pour la propulsion thermique et Greenjets pour l’électrique, incarnent cette relocalisation stratégique. Ils s’appuient sur des technologies dérivées de l’aéronautique civile, de la Formule 1 et même de l’aviation légère.

MGI mise aussi sur la compatibilité de SkyShark avec des chaînes de production flexibles. En clair : on peut en produire des centaines très vite, si le conflit l’exige.

Liste des caractéristiques opérationnelles principales :

  • Vitesse maximale : 450 km/h
  • Distance parcourue : 250 km
  • Charge utile : jusqu’à 20 kg d’explosifs
  • Propulsion : gaz ou électrique
  • Navigation sans GPS : oui
  • Fabrication : 100 % Royaume-Uni

Le Royaume-Uni vient donc d’entrer dans la course des drones kamikazes à haute vitesse, un secteur en plein essor depuis la démonstration de leur efficacité en Ukraine. Reste à savoir si cette nouvelle génération d’armes suffira à tenir tête aux autres puissances, qui, elles aussi, accélèrent la cadence.

Source : https://mgiengineering.com/skyshark-takes-flight-mgi-engineering-launches-next-gen-military-drone-with-sovereign-propulsion/

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