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Le plus grand rival historique de la France marche sur les « plates-bandes » de l’Hexagone en signant un nouvel accord de coopération avec le Qatar

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Qatar et Royaume-Uni signent un nouveau pacte militaire. À Doha, Londres vient de signer un accord de défense élargi avec le Qatar, renforçant une coopération déjà bien ancrée dans les …

Le plus grand rival historique de la France marche sur les « plates-bandes » de l'Hexagone en signant un nouvel accord de coopération avec le Qatar

Qatar et Royaume-Uni signent un nouveau pacte militaire.

À Doha, Londres vient de signer un accord de défense élargi avec le Qatar, renforçant une coopération déjà bien ancrée dans les airs comme au sol. Sur fond de tensions régionales qui s’intensifient, les deux pays renforcent ainsi leur coopération militaire, industrielle et sécuritaire.

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Un engagement de fer entre le Golfe et Londres

John Healey, secrétaire britannique à la Défense a paraphé ce 30 octobre un accord baptisé Defence Assurance Arrangement, en présence de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani. Le Royaume-Uni entend de cette manière rester un acteur militaire de premier rang au Moyen-Orient, et voit en Doha un partenaire aussi stable que stratégique.

L’accord renforce l’interopérabilité des deux armées sur terre, mer et air, avec une volonté affichée de planification conjointe face aux menaces futures. Des scénarios de crise seront désormais préparés de manière collaborative, avec un partage accru des doctrines, des moyens et des capacités de réaction.

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Une alliance militaire déjà bien ancrée

Cette montée en gamme dans les relations de défense repose sur une base solide. Depuis 2020, les deux pays opèrent le premier escadron de chasse conjoint depuis la Seconde Guerre mondiale, basé au sein du Joint Typhoon Squadron. Ce partenariat exceptionnel permet à des pilotes qataris et britanniques d’être formés, d’exercer et de voler ensemble à bord d’Eurofighter Typhoon, une rareté dans les relations internationales.

En visitant la base d’Al-Udeid, plateforme opérationnelle centrale dans la région, John Healey a également rencontré les forces du 83e groupe aérien expéditionnaire de la Royal Air Force, soulignant la continuité opérationnelle entre les engagements conjoints passés et l’élargissement d’aujourd’hui.

Un pilier sécuritaire dans une région incandescente

À l’heure où le Golfe navigue entre tensions iraniennes, instabilité yéménite et menaces asymétriques dans le détroit d’Ormuz, ce pacte renforce la capacité conjointe de prévention et d’intervention rapide. Londres affirme ainsi sa loyauté envers un partenaire jugé “clé” dans la stabilité du Moyen-Orient, tout en envoyant un signal dissuasif à tout acteur régional mal intentionné.

Le partenariat n’est pas qu’un gage de sécurité pour Doha. Il permet au Royaume-Uni d’exercer un soft power militaire, tout en renforçant la résilience de ses propres forces armées par l’entraînement en conditions extrêmes et par la mutualisation d’infrastructures avancées comme le centre de commandement aérien commun de Doha.

Une dimension économique impossible à ignorer

Derrière l’alliance militaire, c’est aussi un lien économique profond qui se consolide. En 2025, les exportations britanniques vers le Qatar ont atteint 4,4 milliards de livres sterling (5 milliards d’euros), tandis que les investissements qataris au Royaume-Uni dépassent les 40 milliards (56,9 milliards d’euros), irrigant des secteurs aussi variés que la fintech, la cybersécurité, les biotechnologies ou les énergies renouvelables.

L’accord signé à Doha s’inscrit dans le “Plan for Change” du gouvernement britannique, qui vise à lier politique industrielle, coopération internationale et retombées économiques nationales. En clair : chaque coopération extérieure doit désormais contribuer à créer des emplois au Royaume-Uni tout en renforçant la base industrielle de défense.

La France, partenaire militaire et industriel de longue date du Qatar

La France a également noué avec le Qatar une relation stratégique profonde, qui ne cesse de s’étoffer depuis les années 1990. En 2009, un accord de défense bilatéral a été signé, incluant une clause d’assistance mutuelle en cas de menace ou d’agression. Ce partenariat s’est depuis traduit par la vente de 36 avions Rafale, de hélicoptères NH-90, de systèmes de défense sol-air, de radars Ground Master et de blindés VBCI. Les forces françaises participent régulièrement à des exercices conjoints avec l’armée qatarienne, tant sur le sol de l’émirat qu’en France.

La France est également présente sur la base d’Al-Udeid, aux côtés des Américains et des Britanniques. Ces coopérations s’accompagnent de liens économiques puissants, notamment dans les domaines de l’énergie, du luxe et de l’immobilier (la France est le 2e pays d’Europe où le Qatar investit le plus derrière l’Allemagne). Sans être exclusif, on voit que la France a donc déjà un ancrage régionale bien établi et peut donc regarder d’un assez mauvais œil le Royaume-Uni venir lui contester son rôle d’interlocuteur militaire et économique privilégié en Europe (d’autant plus après le Brexit).

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La défense, levier d’influence pour le Royaume-Uni post-Brexit

Dans un contexte où le Royaume-Uni redéfinit son rôle stratégique en dehors de l’Union européenne, cet accord incarne une diplomatie d’influence, qui passe par des alliances ciblées, visibles, et dotées de contenu concret. Qatar et Royaume-Uni ne se contentent plus de signer des accords de principe : ils les traduisent sur le terrain, par des escadrons communs, des exercices conjoints et des partages d’infrastructures.

John Healey l’a résumé sans détour :

« Aujourd’hui, nous faisons évoluer cet héritage dont nous sommes fiers en ouvrant un nouveau chapitre de notre coopération, en resserrant les liens entre nos forces armées et nos industries de défense. »

Source : https://www.gov.uk/government/news/uk-and-qatar-step-up-defence-relationship-with-new-agreement

Image : Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force

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