Ce missile américain file à plus de 6 000 km/h depuis un navire furtif et ne transporte aucune ogive : un bouleversement majeur se prépare sur les mers
La marine américaine s’apprête à déployer une arme hypersonique inédite à bord des destroyers Zumwalt : un missile capable de frapper à très longue distance sans tête nucléaire, en toute discrétion et à une vitesse effrayante. Ce projet monumental, soutenu par un budget d’un milliard d’euros, marque la première capacité de frappe hypersonique depuis la mer pour les États-Unis. Et il pourrait redéfinir les rapports de force face à la Chine et à la Russie.
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Une enveloppe colossale pour une arme à part
Le Pentagone a officiellement débloqué jusqu’à 930 millions d’euros pour poursuivre le développement de son programme Conventional Prompt Strike (CPS). Ce contrat, attribué à Lockheed Martin, vise à équiper les destroyers furtifs Zumwalt, puis les sous-marins d’attaque de classe Virginia, de missiles hypersoniques non nucléaires. L’accord couvre la gestion du programme, la conception technique, l’achat des matériaux stratégiques, et la fabrication d’équipements spécifiques. Une première tranche de 130 millions d’euros est issue du budget de recherche et développement de l’US Army.
Un monstre technologique à Mach 5
Le missile CPS repose sur une architecture inédite : un propulseur à deux étages signé Northrop Grumman, et un planeur hypersonique conçu par Dynetics. La vitesse de croisière dépasse les 6 000 km/h, soit Mach 5, rendant l’interception presque impossible. Le lancement se fait via un système à gaz froid suivi d’une poussée vectorielle contrôlée. Sans ogive explosive, ce missile inflige des dégâts par impact cinétique, réduisant les risques pour les civils en cas d’opération ciblée.
Un calendrier en trois grandes étapes
Le programme CPS se décline en trois phases principales :
Phase | Objectif principal |
2019-2024 | Prototypes et essais de vol (JFC-1 à JFC-5) |
2025-2027 | Intégration sur destroyers Zumwalt |
2027-2028 | Intégration sur sous-marins Virginia |
Certains essais ont connu des anomalies, mais les problèmes ont été corrigés. L’US Navy prévoit un tir réel depuis un navire entre 2027 et 2028.
Une armada industrielle bien rodée
Lockheed Martin pilote le projet avec plusieurs partenaires : Northrop Grumman, General Dynamics, et Dyneticsconçoivent les composants clés. Des PME américaines comme VTG (intégration système) ou X-Bow Systems (moteurs de vol) complètent la chaîne. En février 2022, un test mené avec General Atomics a validé le système de sécurité AFTU pour interrompre automatiquement le vol en cas de déviation. Ce mécanisme est vital lors des essais en environnement réel.
Une version terrestre déjà en avance
Pendant que la marine prépare ses plateformes, l’US Army développe une variante terrestre du CPS : le programme Dark Eagle. Ce missile partage la même structure et les mêmes systèmes de commande que la version navale. Le missile terrestre sera embarqué sur des camions à lancement vertical, pour une portée évaluée à plus de 2 700 km. Les deux versions pourront être déployées de manière complémentaire, sur différents fronts.
Une nouvelle doctrine de frappe
Ce missile marque un tournant doctrinal : pour la première fois, les États-Unis pourront mener une frappe stratégique sans arme nucléaire. Le CPS est conçu pour répondre à une attaque imminente, ou détruire une cible hautement prioritaire dans les premières minutes d’une crise. Cette capacité vient répondre aux progrès rapides de la Chine et de la Russie dans les technologies hypersoniques, et permet aux forces américaines de rester dans la course.
Une entrée en service décisive
Le destroyer USS Zumwalt a déjà subi les modifications nécessaires à l’installation du CPS. Sa remise à l’eau a eu lieu fin 2024. Dès 2028, les premières armes hypersoniques navales devraient être pleinement opérationnelles. Le contrat s’étend jusqu’au 31 août 2028. Il comprend aussi le soutien logistique à long terme. Les forces américaines pourront ainsi frapper vite, loin, et sans recours à la dissuasion nucléaire.
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