Face à la menace militaire croissante en mer de Chine, le Japon brise ses tabous historiques avec un budget défense record : 56 milliards d’euros pour frapper plus loin, plus vite, et sans pilote.
Le Japon vient d’adopter un plan d’armement d’une ampleur inédite pour 2026. L’objectif ? Faire face à la pression militaire chinoise dans les îles du Sud. Missiles hypersoniques, drones kamikazes et frégates furtives sont au menu. Avec ce virage assumé, Tokyo change la posture pacifiste qui dominait depuis 1945.
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Une évolution historique assumée
Le gouvernement japonais a validé le 26 décembre 2025 un budget de défense de 56 milliards d’euros, franchissant un seuil symbolique en atteignant 2 % du PIB, à l’instar des standards de l’OTAN. Ce chiffre ne marque pas une simple hausse annuelle : il confirme un basculement structurel. Le Japon se dote enfin des moyens pour affronter une guerre moderne dans la première chaîne d’îles face à la Chine.
Des missiles pour frapper au-delà de l’horizon
Tokyo consacre près de 6,2 milliards d’euros aux armes dites de frappe hors zone. Il s’agit de répondre à une attaque sans entrer dans le rayon de tir des défenses adverses. Le Japon finance des missiles longue portée Type-12, des versions navales, sous-marines, et deux programmes hypersoniques, capables de voler à plus de Mach 5. En parallèle, il achète aussi des missiles américains comme le JASSM et le Tomahawk.

Une défense antimissile en profondeur
Le deuxième pilier est la défense aérienne et antimissile à plusieurs couches. Environ 3,25 milliards d’euros sont alloués au programme Aegis, aux améliorations du Patriot, et aux missiles SM-3 et SM-6. Le Japon modernise également ses radars et son système de commandement JADGE pour des réactions plus rapides face aux menaces.
Le pari des systèmes sans pilote
Tirant les leçons de la guerre en Ukraine, Tokyo investit massivement dans le drone avec l’initiative SHIELD. Des essaims de drones aériens, navals et sous-marins sont prévus pour saturer les systèmes adverses. Le Japon acquiert aussi 4 drones MQ-9B SeaGuardian capables de patrouiller plus de 30 heures pour surveiller la mer de Chine.

Des navires furtifs et de nouveaux avions
Le Japon ne mise pas tout sur les robots. Il achète aussi des frégates de type Mogami, des sous-marins, des navires dragueurs de mines, des avions P-1 et des hélicoptères SH-60L. Pour l’aviation de combat, il commande 11 F-35, dont des versions à décollage court. Des ravitailleurs KC-46A et hélicos UH-2 complètent la panoplie.
Un basculement assumé depuis 2022
La stratégie de sécurité nationale de 2022 a posé les fondements de cette réorientation : elle autorise pour la première fois des frappes préventives, chose jadis impensable dans l’opinion japonaise. Le budget 2026 en est le prolongement logique, avec une priorité : dissuader la Chine dans les îles Ryukyu.
Tableau récapitulatif des dépenses majeures
| Poste de dépense | Montant estimé | Objectif |
| Frappe longue portée | 6,2 Mds € | Riposte hors zone |
| Défense antimissile | 3,25 Mds € | Interception à plusieurs niveaux |
| Drones & SeaGuardian | 1,8 Md € | Surveillance & saturation |
| F-35A/B & avions | 1,4 Md € | Supériorité aérienne |
| Frégates & sous-marins | 2,7 Mds € | Présence navale |
| Total global 2026 | 56 Mds € | Capacité à survivre et riposter |
Une posture de guerre moderne
Ce budget 2026 ne se contente pas d’étoffer les stocks : il restructure la façon dont le Japon envisage une confrontation militaire. L’emphase est mise sur l’agilité, la survivabilité, et la capacité à opérer sous une pluie de missiles. Le tout vise à tenir la première ligne d’une escalade potentielle sans dépendre entièrement des États-Unis.
Source : Ministère de la défense Japonnaise