La frégate Amiral Ronarc’h ravitaillée en mer pour la première fois.
Le 18 novembre 2025, au large de Hyères, deux fleurons flambant neufs de la Marine nationale se sont retrouvés bord à bord, cordages tendus, ponts tendus. Pour la toute première fois, la frégate de défense et d’intervention Amiral Ronarc’h a été ravitaillée en mer par le bâtiment ravitailleur de forces (BRF) Jacques Chevallier. Une opération délicate, symbolique et révélatrice d’une Marine française en pleine montée en puissance.
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La FDI Amiral Ronarc’h valide une étape de plus grâce au BRF Jacques Chevallier
Ciel dégagé, mer modérément formée, et au centre, deux géants de métal s’approchant à moins de 50 mètres l’un de l’autre, reliés par des câbles et des manches à carburant suspendus comme des artères battantes. D’un côté, le Jacques Chevallier, tout juste admis au service actif, lance ses premiers tuyaux. De l’autre, l’Amiral Ronarc’h, encore en phase de montée en puissance, vérifie ses systèmes, teste ses pompes, forme son équipage.
Ce premier ravitaillement à la mer (ou RAM, dans le jargon de la Marine) permet à la frégate d’éprouver en conditions réelles la compatibilité de ses installations, leur résistance aux débits du BRF, et surtout, la coordination de ses marins. Une répétition grandeur nature, indispensable avant tout déploiement prolongé.
Le BRF Jacques Chevallier : un géant logistique taillé pour durer
Nous vous avions parlé de son petit frère il y a quelques semaines (le BRF Jacques Stosskopf), le BRF Jacques Chevalier est du même acabit. Une base flottante, un supermarché logistique, un poumon pour le groupe aéronaval français. Avec ses 194 mètres de long et ses 31 000 tonnes à pleine charge, il peut embarquer jusqu’à 13 000 m³ de carburants (diesel et aviation), des munitions, des vivres, et même des pièces détachées.
Mieux encore : il est capable de ravitailler deux navires en même temps grâce à ses quatre stations latérales, avec des mâts conçus pour transférer aussi bien des liquides que du fret solide jusqu’à 2,5 tonnes. Son système de gestion de combat Polaris® et ses moyens de communication lui permettent d’opérer en autonomie complète, même dans des zones dégradées.
Caractéristiques principales du BRF Jacques Chevallier :
| Élément | Valeur |
| Longueur | 194 m |
| Déplacement (pleine charge) | 31 000 t |
| Capacité de fret liquide | 13 000 m³ |
| Vitesse max | ~20 nœuds |
| Armement | Canons de 40 mm |
| Système de combat | Polaris® |
| Équipage total | Jusqu’à 190 personnes (130 marins + 60 passagers) |
La frégate Amiral Ronarc’h : sentinelle numérique de nouvelle génération
Face au colosse logistique, la frégate Amiral Ronarc’h fait figure de guépard furtif. Longue de 122 mètres pour 4 500 tonnes, cette frégate de défense et d’intervention (FDI) est la première d’une série conçue par Naval Group pour être à la fois redoutablement armée et entièrement numérisée. Elle incarne la nouvelle génération des frégates françaises : plus agile, plus connectée, plus modulaire et est considérée comme une des classes les plus modernes du genre au monde.
Avec ses 16 missiles Aster anti-aériens, ses Exocet MM40 B3c pour la lutte antinavire, ses torpilles MU-90 et son artillerie de 76 mm, elle est taillée pour tous les types de missions. En plus, elle peut embarquer un hélicoptère de 10 tonnes ou un drone vertical.
Caractéristiques de la frégate FDI Amiral Ronarc’h :
| Élément | Valeur |
| Longueur | 122 m |
| Déplacement | 4 500 t |
| Vitesse max | 27 nœuds |
| Autonomie | 45 jours en mer |
| Équipage | 125 marins + 28 passagers |
| Armement principal | 16 Aster 15/30, 8 Exocet MM40 B3c, 76 mm, MU90, Narwhal 20 mm |
| Moyens aériens | 1 hélicoptère de 10 t ou drone VTOL |
| Systèmes de guerre électronique | CANTO, radar numérique Sea Fire, CAPTAS-4C |
Une étape clé dans la préparation opérationnelle
Au-delà du geste technique, cette manœuvre marque un passage symbolique : la montée en puissance concrète de la nouvelle génération navale française. Ravitaillement, entraînement, compatibilité logistique : tout doit être éprouvé avant les déploiements réels. L’Amiral Ronarc’h, en essais en Méditerranée, se prépare à prendre la mer pour de bon, sur des missions de souveraineté, de dissuasion, ou de coopération internationale.
C’est aussi le témoignage d’une Marine capable de se régénérer, en intégrant des équipements de plus en plus technologiques, interopérables, et adaptés à un environnement stratégique changeant.
Une flotte nouvelle génération qui prend la mer
Ce duo BRF–FDI ne restera pas solitaire bien longtemps. D’ici 2030, cinq FDI seront livrées à la Marine française, et plusieurs autres à la Grèce. Côté BRF, quatre unités sont prévues (Jacques Chevallier, Jacques Stosskopf, Emile Bertin, et Gustave Zédé), afin de remplacer les anciens pétroliers de classe Durance et soutenir les groupes navals français dans la durée.
La mer est un théâtre exigeant, sans port d’attache ni ravitailleur sur le quai. Avec ces nouveaux navires, la France montre qu’elle veut y tenir sa place, loin, longtemps… et avec style.
Source : Marine nationale