L’Armée de l’air française va pouvoir souffler avec cette mise à jour attendue d’une pièce majeure du Rafale qui va lui permettre de prolonger sa durée de vie

Le nouveau monstre du ciel : comment Safran prépare le Rafale de demain avec un moteur surpuissant

Derrière le rideau des démonstrations en vol, entre les salves d’applaudissements et les flashs des photographes du salon du Bourget, Safran a levé le voile sur un projet qui sera probablement le plus stratégique de l’année pour l’Armée de l’air : un nouveau moteur baptisé M88 T-REX, destiné à faire évoluer le Rafale au-delà de ses limites actuelles.

Ce moteur n’est pas qu’une simple retouche et constitue plutôt une refonte ciblée, pensée pour les futurs standards de l’aviation militaire française. Une poussée accrue à 9 tonnes, des matériaux inédits, une compatibilité totale avec l’existant… Et une ambition claire : ne plus dépendre de personne.

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Le Rafale va faire peau neuve avec un nouveau monstre sous le capot

L’annonce officielle a été faite le 17 juin 2025. Sur le papier, le M88 T-REX reste dans les dimensions du moteur actuel, mais sa puissance, elle, prend de l’ampleur. Le chiffre annoncé : 9 tonnes de poussée avec postcombustion, soit 1,5 tonne de plus que le M88 originel.

Pour y parvenir, les ingénieurs de Safran ont travaillé sur trois zones stratégiques du moteur :

• Le compresseur basse pression a été redessiné pour avaler davantage d’air,
• La turbine haute pression intègre des alliages thermorésistants et des circuits de refroidissement plus intelligents,
• La tuyère, enfin, bénéficie d’une aérodynamique optimisée, inspirée des travaux menés sur les moteurs civils de nouvelle génération.

Le tout permet une augmentation de 20 % de la poussée, sans modifier ni l’encombrement, ni la masse du propulseur, ni sa consommation spécifique.

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Une évolution qui s’inscrit dans la continuité

Le M88 T-REX a été conçu pour s’emboîter parfaitement dans les Rafale actuels tout en préparant le terrain pour le standard F5, attendu dans les forces françaises à l’horizon 2030. Cette compatibilité est un choix stratégique. Elle permet :

• De limiter les coûts de transformation,
• De faciliter la maintenance,
• De partager les pièces entre plusieurs générations de moteurs.

Autrement dit, Safran veut éviter un gouffre logistique et budgétaire, tout en donnant un souffle nouveau à l’avion vedette de l’armée française.

Un calendrier qui colle aux ambitions

La qualification du moteur est synchronisée avec l’arrivée du Rafale F5, la prochaine grande évolution de l’appareil. Ce nouveau standard intégrera notamment des capacités de combat collaboratif, une intelligence embarquée renforcée et des capteurs nouvelle génération.

Le moteur M88 T-REX s’inscrit donc dans un ensemble plus vaste. Il s’agit de donner au Rafale les moyens de ses ambitions, dans un contexte où les adversaires potentiels multiplient les investissements dans des plateformes de cinquième et sixième génération.

Voici un rappel chiffré des principales caractéristiques annoncées :

Une réponse à un contexte sous tension

Ce projet arrive à un moment où les équilibres géopolitiques sont fragiles. De l’Indo-Pacifique au Sahel, en passant par l’Europe de l’Est, les tensions montent. La France doit donc maintenir un outil militaire réactif, dissuasif et autonome.

C’est dans cette logique que Christophe Bruneau, directeur des moteurs militaires chez Safran, a résumé la démarche :

« Nous sommes fiers de lancer ce projet de développement d’un moteur qui repoussera les limites du M88 pour répondre aux besoins d’évolution de nos clients forces armées dans un contexte géopolitique instable »

Ce moteur n’est pas seulement un pas en avant technologique. C’est aussi une affirmation de souveraineté industrielle. Safran compte utiliser le développement du T-REX pour enrichir l’ensemble de ses gammes, y compris civiles, tout en préservant l’indépendance stratégique de la France.

Un levier industriel et technologique

Le moteur M88, dans sa version actuelle, équipe déjà plus de 250 avions Rafale, tous produits en France. Le passage au T-REX ne suppose pas une nouvelle chaîne de fabrication, ce qui est un avantage majeur.

D’un point de vue industriel, le projet mobilise plus de 800 ingénieurs sur le territoire français, dans les sites de Villaroche (Île-de-France), Gennevilliers et Bordes (Pyrénées-Atlantiques).

Une pièce maîtresse dans la stratégie européenne

Si le moteur reste développé pour Dassault Aviation, la portée de l’innovation dépasse le cadre national. Le M88 T-REX pourrait intéresser les partenaires du programme Rafale, notamment l’Égypte, l’Inde, les Émirats arabes unis ou la Grèce.

Dans un second temps, les briques technologiques issues de ce moteur serviront à alimenter le futur moteur du SCAF, projet franco-allemand-espagnol censé donner naissance à un avion de combat de sixième génération à l’horizon 2040.

Safran, en développant ce moteur intermédiaire, anticipe les ruptures technologiques à venir, tout en consolidant son rôle dans l’écosystème de défense européen.

Le M88 T-REX n’est pas encore en vol. Il en est aux études de levée de risques mais il laisse entrevoir ce que sera le cœur battant du Rafale de demain : plus puissant, plus endurant, plus souverain. Une bête mécanique, conçue pour les conflits à venir.

Comparaison du M88 T-Rex avec d’autres moteurs d’avion de chasse

Source : Communiqué de presse de Safran

Image : Snecma M88-2 exposé au Salon du Bourget de 2009