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L’Allemagne va investir l’équivalent de 3 fois le porte-avions Charles de Gaulle dans le système anti-drones le plus performant d’Europe

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’Allemagne sort l’artillerie anti-drone : 9 milliards d’euros pour piéger les cieux ! Le patron de Rheinmetall, Armin Papperger, a lâché une bombe : le ministère allemand de la Défense …

L’Allemagne va investir l'équivalent de 3 fois le porte-avions Charles de Gaulle dans le système anti-drones le plus performant d'Europe

L’Allemagne sort l’artillerie anti-drone : 9 milliards d’euros pour piéger les cieux !

Le patron de Rheinmetall, Armin Papperger, a lâché une bombe : le ministère allemand de la Défense s’apprête à commander pour près de 9 milliards d’euros de systèmes anti-aériens Skyranger 30 (soit l’équivalent de 3 Charles de Gaulle et ses 3 milliards d’euros à la construction). Un chiffre qui, à lui seul, traduit un basculement stratégique. L’Allemagne ne se contente plus d’observer les guerres de drones depuis les écrans, elle s’équipe.

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À l’horizon 2035, ce sont 500 à 600 tourelles montées sur blindés Boxer qui pourraient être livrées à la Bundeswehr. Des unités mobiles, rapides, redoutables, capables d’abattre des cibles en vol avant même qu’elles ne soient visibles à l’œil nu. C’est une montée en puissance inédite pour un pays qui, jusqu’à récemment, avait misé sur la diplomatie plus que sur les blindés. Désormais, Berlin veut pouvoir interdire son ciel.

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Une tourelle, un canon, un radar : la trilogie létale

Le Skyranger 30, ce n’est pas un gadget. C’est une sentinelle moderne montée sur huit roues, prête à jaillir d’un hangar ou d’un bois en quelques secondes. Son arme principale : un canon de 30 mm KCE à tir rapide, capable de saturer une zone d’impacts mortels. À ses côtés, des missiles Stinger à guidage infrarouge pour cueillir les cibles plus éloignées. L’ensemble est installé sur le châssis éprouvé du véhicule blindé Boxer, produit en Allemagne.

Mais c’est son œil qui impressionne le plus : le Spexer 2000 3D MKIII, un radar à bande X, développé par Hensoldt. Capable de détecter un objet volant de petite taille à 40 kilomètres, il repère les drones comme un berger guette un loup dans la brume. Une intelligence embarquée trie, hiérarchise, engage. Pas de panique, pas d’hésitation. Et surtout, pas de pilote dans le ciel ennemi pour riposter.

De la nostalgie au rattrapage technologique

Ce virage allemand n’est pas sans rappeler une autre époque. Dans les années 1980, la Bundeswehr disposait du Gepard, un blindé anti-aérien muni de deux canons de 35 mm. Redouté, précis, autonome. Sauf qu’en 2010, le Gepard a été mis à la retraite. Jugé dépassé. Obsolète. C’était avant que la guerre en Ukraine ne lui redonne ses lettres de noblesse. Prêtés à Kyiv en urgence, ces vieux Gepard ont abattu des dizaines de drones russes, notamment les Shahed de conception iranienne.

La leçon n’a pas été perdue. Le Gepard est trop ancien pour faire l’objet d’une relance industrielle, alors Berlin a choisi de miser sur le futur : plus léger, plus mobile, plus facile à produire. Le Skyranger 30 est donc à la fois l’héritier et le remplaçant. Moins blindé, certes. Mais plus intelligent. Et surtout, prêt à faire feu sans attendre une autorisation venue d’en haut. Le danger vient vite, la réponse doit être instantanée.

Des drones par milliers, des morts par dizaines

Ce qui pousse l’Allemagne à investir n’est pas un fantasme stratégique. Ce sont les chiffres, les images, les témoignages. En Ukraine, les drones tuent plus que les chars, selon les mots mêmes d’un général interrogé en mai 2024. Kamikazes, éclaireurs, chasseurs de signaux : ils se faufilent entre les arbres, les immeubles, les blindés. Ils filment, suivent, frappent.

La Russie, selon un rapport de l’Institut de sécurité de l’Union européenne, produirait 120 000 drones par mois, répartis entre unités industrielles et ateliers improvisés. Le coût est dérisoire, le potentiel de nuisance immense. De l’autre côté du globe, d’autres armées prennent note. Israël, les États-Unis, la Chine. Le ciel n’est plus sûr, même pour les puissances.

L’Allemagne, qui a longtemps tardé à moderniser sa défense antiaérienne, rattrape désormais le temps perdu. Avec ce programme, elle affirme : le drone ne volera plus impunément au-dessus de nos têtes.

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Un programme colossal et politique

Depuis 2022, Berlin a enclenché un réarmement massif : un fonds spécial de 100 milliards d’euros a été voté pour moderniser une armée jugée exsangue après des décennies de sous-investissement. Les commandes s’enchaînent : 35 avions F-35 pour près de 10 milliards d’euros, 60 hélicoptères lourds CH-47 Chinook à 6,3 milliards, des centaines de chars Leopard 2 modernisés, et désormais près de 9 milliards d’euros pour les tourelles anti-drones Skyranger 30. En 2024, le budget de la défense allemande a dépassé les 52 milliards d’euros, franchissant la barre symbolique des 2 % du PIB exigés par l’OTAN. Cela représente plus du double des dépenses d’avant-guerre en Ukraine. Derrière les chiffres, une mutation : l’Allemagne, longtemps accusée d’être le maillon faible du bouclier européen, s’affiche désormais comme l’un des premiers investisseurs militaires du continent. Un retour en force qui, d’ici 2030, pourrait redonner à la Bundeswehr un rôle qu’elle n’avait plus joué depuis la guerre froide.

Derrière les 9 milliards d’euros de budget, il y a bien plus qu’une commande d’armement. Il y a une déclaration d’intention. Le programme NNbS (Nah- und Nächstbereichsschutz), qui englobe les Skyranger 30, vise à combler un vide laissé béant depuis des décennies. Un vide que même le Patriot, système américain de défense longue portée, ne peut combler seul. Il faut du maillage, de la densité, du local.

C’est aussi une victoire industrielle pour Rheinmetall, qui enchaîne les contrats record depuis le début de la guerre en Ukraine. Après la livraison de chars Panther, de munitions d’artillerie et de drones terrestres, voilà que le groupe devient aussi le maître du ciel rasant. Et derrière, c’est tout un tissu de PME, de sous-traitants, de sites d’assemblage allemands qui profitent de ce nouvel élan.

Source : https://www.twz.com/land/germany-to-bet-big-on-skyranger-gun-system-to-address-growing-drone-threat

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