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La Russie pensait tenir son blindé nouvelle génération, mais ce défaut impardonnable visible en vidéo fait du Terminator un danger pour ses propres troupes

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Said LARIBI

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Ce qui devait prouver la puissance de la Russie tourne au ridicule : la nouvelle vidéo du « Terminator » russe montre un véhicule instable, aux canons tremblants, incapable de viser correctement. …

La Russie pensait tenir son blindé nouvelle génération, mais ce défaut impardonnable visible en vidéo fait du Terminator un danger pour ses propres troupes

Ce qui devait prouver la puissance de la Russie tourne au ridicule : la nouvelle vidéo du « Terminator » russe montre un véhicule instable, aux canons tremblants, incapable de viser correctement.

Présentée comme une démonstration de force, la dernière vidéo du BMPT Terminator publiée par Uralvagonzavod s’est transformée en fiasco médiatique. Les canons du blindé y tremblent au point de remettre en cause toute sa précision de tir. Ce symbole du renouveau industriel russe se retrouve aujourd’hui au cœur d’un débat qui illustre les failles de la modernisation militaire de Moscou.

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Une démonstration qui vire à la moquerie

Dans la vidéo publiée par Uralvagonzavod, le géant russe du blindé, le BMPT Terminator devait incarner la supériorité technologique de l’armée russe. Mais à peine diffusées, les images ont provoqué l’effet inverse : les deux canons de 30 mm vibrent tellement pendant le tir que les observateurs doutent de leur stabilisation. Loin d’impressionner, le véhicule semble mal équilibré, transformant ce clip promotionnel en sujet de moquerie sur les réseaux sociaux russes.

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Une machine conçue pour soutenir les chars

Le Terminator n’est pas un tank, mais un véhicule de soutien censé protéger les T-72 et T-90 dans les zones urbaines ou montagneuses. Conçu au début des années 2000, il devait combiner la mobilité d’un blindé léger avec la puissance de feu d’un char. Son arsenal comprend :

  • Deux canons automatiques 2A42 de 30 mm,
  • Deux lance-missiles Ataka,
  • Une mitrailleuse PKT de 7,62 mm,
  • Et une protection intégrale sur 360°.

En théorie, le Terminator pouvait engager plusieurs cibles simultanément, qu’il s’agisse de fantassins équipés de missiles antichars ou de véhicules blindés légers. En pratique, l’absence de stabilisation moderne a toujours nui à sa précision, surtout en mouvement.

Croquis du Véhicule de combat blindé BMPT Terminator
Croquis du Véhicule de combat blindé BMPT Terminator

Une esthétique guerrière avant l’efficacité

Selon Andrey Tarasenko, chercheur en développement de chars, le BMPT a été « pensé pour impressionner, pas pour combattre ». À l’origine, le projet prévoyait un unique canon, un lance-grenades stabilisé et quatre missiles Kornetprotégés dans un caisson blindé. Mais ce design paraissait « trop modeste ». Les ingénieurs ont donc doublé les canons et supprimé les systèmes stabilisés, privilégiant l’apparence au rendement. Résultat : un blindé au look menaçant, mais structurellement déséquilibré.

Deux véhicules de combat blindés BMPT Terminator évacués de la ligne de front (Captures d'écran via Telegram)
Deux véhicules de combat blindés BMPT Terminator évacués de la ligne de front (Captures d’écran via Telegram)

Un véhicule plus cinématographique que militaire

La dernière vidéo publiée par UVZ confirme cette dérive. On y voit le Terminator secoué par le recul de ses propres canons, comme s’il n’avait jamais été conçu pour supporter une rafale complète. Les images ralenties, le montage excessif, et la musique dramatique donnent davantage l’impression d’un clip patriotique que d’un test opérationnel. Les internautes russes ne s’y sont pas trompés : la plupart parlent d’un véhicule « fait pour les films, pas pour la guerre ».

L'artillerie ukrainienne a détruit le rare véhicule de combat blindé russe Terminator
L’artillerie ukrainienne a détruit le rare véhicule de combat blindé russe Terminator

Une présence marginale sur le front ukrainien

Malgré ses ambitions, le BMPT Terminator n’a été engagé qu’à petite échelle en Ukraine. D’après les données d’Oryx, un collectif d’analyse militaire, moins de vingt unités auraient été déployées depuis février 2022. Trois d’entre elles ont été détruites par les forces ukrainiennes. Cette utilisation limitée s’explique par les doutes internes au commandement russe : trop cher, trop lourd, pas assez performant pour justifier une production de masse.

Données connues sur le BMPT Terminator Valeur estimée
Masse totale 48 000 kg
Armement principal 2 canons 2A42 de 30 mm
Missiles antichars 2 lanceurs Ataka
Équipage 5 hommes
Vitesse maximale 65 km/h
Déploiement effectif en Ukraine < 20 unités
Pertes confirmées 3 véhicules détruits

Une conception piégée par son propre objectif

Le concept même du Terminator révèle un dilemme. En cherchant à créer un véhicule hybride — plus léger qu’un char mais plus armé qu’un transport de troupes — la Russie a produit un engin qui cumule les inconvénients des deux mondes. Il n’a pas le canon lourd de 125 mm d’un char de bataille, ni la flexibilité d’un véhicule d’infanterie. Et avec une tourelle exposée, il reste vulnérable aux drones armés et aux armes antichars portables modernes, comme les Javelin ou NLAW.

Le symbole d’un système industriel en perte d’équilibre

Le fiasco du Terminator ne se limite pas à un problème technique : il reflète la crise de l’innovation militaire russe. Depuis plusieurs années, Moscou privilégie des projets spectaculaires chars T-14 Armata, missiles hypersoniques Kinzhal, ou ce BMPT, au détriment de leur industrialisation réelle. La vidéo d’UVZ devait rassurer sur la modernisation en cours ; elle a surtout exposé la désynchronisation entre le discours officiel et la réalité du champ de bataille.

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Une communication qui se retourne contre ses auteurs

Plutôt que de prouver la puissance du complexe militaro-industriel russe, la vidéo du Terminator a offert une leçon de communication inversée. Là où la Russie voulait démontrer sa maîtrise du feu automatique, elle a mis en lumière un manque de fiabilité mécanique. Là où elle voulait impressionner, elle a montré un véhicule mal équilibré et sous-exploité. Ce qui devait être une vitrine technologique devient aujourd’hui un symbole d’échec industriel.

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