Ce monstre flottant donne des sueurs froides à l’OTAN : la Russie lance un bâtiment capable de transporter une armée entière depuis Kaliningrad
Avec près de 9 500 tonnes de déplacement, un pont d’envol pour hélicoptères d’attaque et la capacité d’embarquer un bataillon complet de blindés, le Vladimir Andreïev marque une nouvelle étape dans la projection navale russe.
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Une mise à l’eau très politique
Le lancement du Vladimir Andreïev n’est pas un simple événement industriel. C’est un geste hautement symbolique, organisé à Kaliningrad, enclave militaire stratégique bordant l’Union européenne. L’amiral Alexandre Moïsseïev, chef de la marine russe, était présent, entouré de responsables du chantier naval de Yantar et de l’entreprise publique United Shipbuilding. Même si le navire reste encore dans une forme flottante, le lancement officialise son entrée dans la flotte. Il faudra encore plusieurs mois – voire des années – de travaux de finition, de tests en mer et d’essais d’armement avant sa mise en service, aujourd’hui prévue pour 2026. Une stratégie classique en Russie : annoncer tôt pour envoyer un message clair à l’Occident.
Une bête de transport bien plus imposante
À première vue, le Vladimir Andreïev ressemble aux anciens navires russes de débarquement. Mais ses caractéristiques techniques en font une toute autre bête. Conçu sur la base du projet 11711, il fait 40 % de tonnage en plus que ses prédécesseurs, passant de 6 000 à près de 9 500 tonnes en charge complète. Il embarque un hangar agrandi, une structure unifiée et un pont d’envol plus vaste. Il s’agit donc d’une évolution majeure, au point que certains spécialistes parlent désormais de sous-classe 11711M, ou même de classe « Cayman ». Le cœur de cette transformation : le volume utile doublé pour les véhicules et la capacité héliportée renforcée.
Capacité d’embarquement : un bataillon complet à bord
Le tableau est impressionnant. Le Vladimir Andreïev peut charger jusqu’à :
Équipements embarqués | Quantité maximale |
Chars de combat | 26 unités |
Véhicules BTR | 72 véhicules |
Soldats | 600 hommes |
Hélicoptères Ka-29 ou Ka-52K | 4 appareils |
Ce navire dépasse largement ses aînés du programme Ivan Gren, qui se limitaient à 13 chars ou 36 véhicules blindés. On parle ici de la possibilité de projeter un bataillon mécanisé complet, sans compter quelques véhicules de soutien logistique. Une force d’intervention rapide en mer Noire ou dans le Pacifique.
Une motorisation surpuissante pour un mastodonte
Avec ses quatre moteurs diesel 16D49 de 6 000 chevaux chacun, le Vladimir Andreïev peut se mouvoir avec agilité malgré ses dimensions. Son propulseur d’étrave supplémentaire renforce sa maniabilité dans les ports ou lors des manœuvres d’assaut. Une nécessité quand on opère près des côtes, souvent minées ou étroites. Le précédent modèle, Ivan Gren, n’avait que deux moteurs de 5 200 chevaux. La montée en puissance est donc significative. Elle témoigne de la volonté russe d’améliorer la logistique amphibie, en misant sur la vitesse et la précision de déploiement. L’armée veut aller vite, frapper fort et repartir avant une riposte ennemie.
Une menace venue des airs : capacité héliportée
Le pont d’envol du navire est capable d’opérer deux hélicoptères simultanément, en général des Ka-29 pour le transportou des Ka-52K pour l’appui-feu. Ces derniers, conçus initialement pour les Mistral français jamais livrés, peuvent tirer des missiles Kh-35 et Kh-38, capables de couler un navire ou de détruire une position terrestre. Cette double capacité logistique et offensive fait du Vladimir Andreïev un outil hybride. Il peut déployer des troupes et couvrir leur progression avec des frappes de précision. C’est ce que les doctrines modernes appellent la « verticalisation » des opérations : frapper du ciel, débarquer de la mer, avancer au sol.
Un avenir incertain, mais surveillé de près
Le Kremlin n’a pas encore confirmé si d’autres bâtiments de ce type seront construits après les Vladimir Andreïev et Vasily Trushin (son jumeau). En novembre 2023, des rumeurs faisaient état de deux unités supplémentaires prévues pour la flotte de la mer Noire, en remplacement des navires perdus face à l’Ukraine. À ce jour, quatre navires amphibies russes ont été coulés dans ce conflit : un de la classe Tapir et trois de la classe Ropucha. Le besoin est donc réel. Mais les coûts, les sanctions et le manque de composants étrangers pourraient freiner le programme. Les regards sont désormais tournés vers les chantiers de Kaliningrad, véritables baromètres de l’ambition navale russe.
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Une réponse directe aux capacités de l’OTAN
Si ce type de navire impressionne, c’est qu’il répond directement à la stratégie amphibie de l’OTAN. Les forces américaines disposent de nombreux bâtiments capables de débarquer chars, troupes et hélicoptères. Le Vladimir Andreïev comble ce retard pour la Russie, notamment en Asie-Pacifique où la marine chinoise domine. La dissuasion passe aussi par la logistique. En étant capable de projet rapide depuis l’Extrême-Orient russe vers des zones sensibles comme les îles Kouriles, Moscou se donne une arme stratégique. Elle peut agir loin de ses bases, avec une force crédible, capable de soutenir des opérations prolongées.
Source : Korabel