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La première FDI de la Marine nationale quitte le port de Lorient après 8 ans de développement

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’Amiral Ronarc’h largue les amarres. Après des années de développement, de plans modélisés, de coques assemblées, la frégate Amiral Ronarc’h quitte le port militaire où elle est née. Cap sur …

La première FDI de la Marine nationale quitte le port de Lorient après 8 ans de développement

L’Amiral Ronarc’h largue les amarres.

Après des années de développement, de plans modélisés, de coques assemblées, la frégate Amiral Ronarc’h quitte le port militaire où elle est née. Cap sur Brest. Et avec elle, c’est toute une ambition navale qui prend le large.

Car derrière cette silhouette grise et affûtée, ce n’est pas qu’un navire qu’on met en mouvement. C’est un signal. Une bascule dans la stratégie de défense française, et un nouveau chapitre dans l’histoire de la Marine.

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Tout a commencé en 2017. Dans les bureaux feutrés de la DGA, les discussions étaient déjà lancées. Il fallait remplacer les frégates La Fayette, moderniser la flotte, faire face aux menaces nouvelles : drones, cyberattaques, missiles hypersoniques et surtout s’adapter aux nouvelles réalités de la mer.

Huit ans plus tard, le projet FDI voit enfin le jour, sous les yeux d’Emmanuel Chiva (DGA), de l’amiral Vaujour et de Pierre-Éric Pommellet, PDG de Naval Group. La scène, à elle seule, résume l’époque : industriels, militaires, stratèges, tous réunis autour d’un même enjeu.
Faire de cette frégate une machine à durer, et un symbole de souveraineté.

Un triomphe français et un camouflet infligé aux Etats-Unis à 7,9 milliards d’euros avec la décision de ce pays nordique d’opter pour le missile SAMP/T

Une silhouette compacte, une puissance maîtrisée

L’Amiral Ronarc’h ne joue pas dans la cour des mastodontes. 4 500 tonnes seulement, soit moitié moins qu’un destroyer américain. Pourtant, elle a tout d’une grande.

À bord : un radar SeaFire capable de suivre simultanément des centaines de cibles, des missiles Aster 30 prêts à intercepter des avions ou des drones à plus de 100 kilomètres, des torpilles, des canons télé-opérés, un sonar de coque et un système de guerre électronique redoutable.

Mais ce n’est pas tout. La frégate pense. Elle anticipe. Elle apprend. Sa conception numérique permet d’évoluer avec le temps. Le combat naval n’est plus figé : il se programme, se simule, se met à jour.

Un peu comme un smartphone… mais qui emporte un commando et des missiles de croisière.

La Grèce a un coup d’avance en Mer Égée

Ce que peu savent, c’est qu’une sœur jumelle de l’Amiral Ronarc’h a déjà un pied en Méditerranée.
La Grèce, en 2022, a passé commande de trois FDI, construites à Lorient comme leurs cousines françaises. Leur objectif : protéger la mer Égée, cette poudrière où les tensions avec la Turquie ne retombent jamais vraiment.

Athènes n’a pas hésité. L’architecture, les capteurs, les missiles… tout dans la FDI semblait taillé pour ses besoins.
Et à travers cet achat, c’est une Europe de la défense navale qui commence à se dessiner. Pas à pas. Par le concret.

Une génération nouvelle pour un monde instable

La frégate Amiral Ronarc’h n’est que la première d’une série. Quatre autres suivront : Louzeau, Castex, Nomy, Cabanier. Des noms d’amiraux pour des navires de guerre. Des fantômes d’histoire pour des combats à venir.

Le monde autour, lui, ne fait pas de pause. L’Ukraine est toujours en guerre. Les routes maritimes sont contestées. Les drones remplacent les sous-marins. Et l’Europe, souvent trop lente à réagir, commence à comprendre que ses ports, ses câbles sous-marins, ses satellites, tout peut devenir cible.

Alors les frégates, qu’on croyait un temps obsolètes, retrouvent leur rôle.
Elles écoutent, frappent, protègent.
Et surtout, elles montrent que la France, et peut-être l’Europe, n’ont pas dit leur dernier mot.

Où se situe la FDI dans le grand échiquier naval ?

Pour comprendre la portée du programme, voici un tableau comparatif entre la FDI et ses principales concurrentes dans le monde, frégates polyvalentes de nouvelle génération :

Nom Pays Déplacement Missiles AA Radar Particularité Entrée en service
FDI France / Grèce 4 500 t Aster 15/30 SeaFire 500 Radar AESA 360°, cyberprotection native 2025 (FR), 2026 (GR)
FREMM France / Italie 6 000 t Aster 15/30 Herakles / Kronos Plus endurante, mais plus coûteuse 2012–2024
Type 26 Royaume-Uni / Australie 6 900 t CAMM / SM-2 (export) CEAFAR2 (AUS) Acoustique exceptionnelle (lutte ASM) 2027 (UK), 2030 (AUS)
F-110 Espagne 6 100 t ESSM / SM-2 SPY-7 Radar US, commandement numérique espagnol 2027 (prévu)
Constellation États-Unis 7 400 t ESSM / SM-2 SPY-6(V)3 Puissance brute, autonomie exceptionnelle 2026 (prévu)

 

Source : Ministère des armées.

Image : La frégate de défense et d’intervention (FDI) Amiral Ronarc’h à quai.

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