Des robots prêts à combattre pour la France dès 2027 ?
Des robots, des chenilles, des roues, parfois même des jambes mécaniques. Non, ce n’est pas le synopsis d’un film de science-fiction, mais le fruit d’un projet bien réel, testé dans un centre militaire à l’ouest de Paris. La France envisage la mise en service de ses premiers systèmes de combat autonomes dès 2027 et un objectif affiché d’une armée robotisée à l’horizon 2040.
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L’armée française annonce vouloir intégrer des robots dès 2027
Depuis 2021, l’armée française teste des plateformes robotiques terrestres au travers d’exercices répétés. Le plus marquant d’entre eux, le programme CoHoMa, vise à intégrer la machine dans les formations de combat humaines.
Général Bruno Baratz, chargé des programmes de combat futur pour l’Armée de terre, prévoit des déploiements initiaux dans les trois prochaines années. Les premiers modèles ne seront pas des Terminators, mais des aides précieuses pour déminer, surveiller, transporter, ou effectuer des reconnaissances discrètes.
À terme, il ne s’agit pas de remplacer le soldat, mais de le protéger et d’augmenter ses capacités. Les objectifs sont affichés : opérabilité, mobilité, robustesse.
Des tests concrets et de premières missions
Lors du dernier exercice CoHoMa, les prototypes ont été mis à rude épreuve.
Parcours dégradés, zones minées simulées, brouillage électronique, obstacles urbains… Chenilles, roues, ou jambes articulées etc tous les types de transport ont été testés pour évaluer leur réactivité et leur autonomie.
Les missions réalisées comprenaient :
- reconnaissance de terrain avec cartographie automatique,
- localisation de pièges improvisés,
- neutralisation de mines factices,
- protection de périmètre.
Le rôle du robot reste à ce stade en appui. Mais les développeurs, comme les militaires, insistent sur un point : le système doit être un atout, jamais un frein.
Le champ de bataille ukrainien comme accélérateur
L’expérience ukrainienne influence fortement les stratégies. Si les drones aériens ont prouvé leur efficacité, les plateformes terrestres, elles, évoluent plus lentement.
En Ukraine, les robots au sol souffrent encore de coûts élevés, d’intégration tactique complexe, et d’une dépendance aux réseaux de renseignement en temps réel. Le chef d’état-major de l’armée de terre, Pierre Schill, rappelle que sans liaison avec les systèmes ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance), ces machines restent à moitié aveugles.
Le développement français mise donc sur l’intégration multi-domaines, avec des robots capables de lancer des microdrones de reconnaissance ou de dialoguer avec les postes de commandement numériques.
Une priorité logistique avant le combat
Si les images d’engins surarmés nous viennent tous à l’esprit, les premiers usages seront plus modestes : portage de charges, soutien logistique, acheminement de munitions ou de carburant.
Des convois autonomes, des « mules » robotisées et des plateformes de ravitaillement semi-autonomes sont en phase de finalisation.
Ce choix repose sur une logique d’efficacité : réduire l’exposition humaine dans les zones à risques, tout en maintenant la cadence opérationnelle.
Voici un tableau résumant les principales applications envisagées avant 2030 :
Type de robot | Fonction principale | Statut |
---|---|---|
Robot logistique | Transport de matériel, ravitaillement | En phase d’expérimentation |
Robot démineur | Détection et neutralisation d’explosifs | Opérationnel en zone contrôlée |
Robot sentinelle | Surveillance de périmètre | Prêt à déploiement ponctuel |
Robot de combat | Appui feu, reconnaissance armée | Prototype en développement |
Un partenariat homme-machine assumé
L’armée française refuse de fantasmer une guerre automatisée. Sa doctrine repose sur un principe clair : le robot vient en renfort, jamais en remplacement.
Ce choix n’est pas technique, mais politique. Les décisions critiques resteront humaines. Les systèmes embarqueront des algorithmes d’aide à la décision, mais le feu ne sera jamais ouvert sans contrôle humain explicite.
Une feuille de route vers 2040
L’objectif à long terme reste ambitieux. D’ici 2040, l’armée vise un maillage complet de systèmes automatisés : robots au sol, drones, capteurs connectés, gestion d’unités mixtes.
Le modèle émergent est celui d’une force hybride, où le soldat opère aux côtés de plateformes autonomes adaptables. Thales, Nexter, et d’autres acteurs industriels collaborent déjà dans ce sens.
Ce n’est pas la promesse d’une guerre sans pertes. Mais une tentative d’inventer un nouveau rapport au champ de bataille, où la technologie accompagne, encadre, et parfois précède la décision humaine.
La France ne veut pas se contenter d’observer cette mutation. Elle entend y participer à plein régime, avec ses propres normes, ses propres machines, et sa propre manière de mener la guerre.
Autres programmes de développement de robots militaires en France
Programme / Projet | Objectif principal | Industriels / acteurs impliqués | Échéance / calendrier | Commentaire |
DROIDE | Développer et déployer des robots terrestres multi-missions pour l’appui au combat débarqué, la logistique et la reconnaissance | KNDS France, Safran Electronics & Defense | Accord-cadre 2024-2031, premières unités avant 2030 | Pilier central de la robotisation, vise à accélérer l’intégration de robots sur le champ de bataille. |
FURIOUS | Démonstrateurs de robots pour reconnaissance, exploration de bâtiments et transport de matériel | Safran Electronics & Defense, Effidence | 2018-2022, résultats transférés vers DROIDE | Programme fondateur, a permis de valider des architectures modulaires et des technologies clés. |
Section Vulcain | Expérimentation de robots terrestres en conditions réelles (combat urbain, logistique, soutien) | Armée de Terre (CENZUB) | Depuis 2021, tests intensifs | Unité pilote pour évaluer l’apport opérationnel de la robotique en section d’infanterie. |
Mules robotisées | Robots porteurs pour alléger la charge des soldats et sécuriser la logistique | Safran, Effidence, autres PME françaises | Essais opérationnels depuis 2020 | Testées notamment au Sahel, pour le transport de charges et l’accompagnement des convois. |
Projet Aurochs | Développement de briques logicielles et d’intelligence artificielle pour la robotique militaire | Institut Saint-Louis | Études et démonstrateur en cours | Vise à renforcer l’autonomie et la coopération homme-robot, notamment pour le déminage et la logistique. |
Source : https://www.defense.gouv.fr/terre/actualites/robotique-larmee-terre-cohoma-2023
Image : Programme FURIOUS (Ministère des Armées)