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La France va permettre à ce pays de rivaliser avec son pire ennemi la Turquie grâce à ce bijou high-tech à 800 millions d’euros : la FDI

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un monstre grec prêt à rugir en Méditerranée : ce navire de guerre fait trembler Ankara. Le 4 juin 2025, sur les bords du Scorff à Lorient, une coque grise …

La France va permettre à ce pays de rivaliser avec son pire ennemi la Turquie grâce à ce bijou high-tech à 800 millions d'euros : la FDI

Un monstre grec prêt à rugir en Méditerranée : ce navire de guerre fait trembler Ankara.

Le 4 juin 2025, sur les bords du Scorff à Lorient, une coque grise a glissé lentement dans l’eau. Ce n’était pas une scène anodine. C’était le baptême militaire du FORMION, troisième frégate de défense et d’intervention destinée à la Marine hellénique. Elle porte le nom d’un stratège athénien du IVe siècle avant notre ère. L’instant était solennel, presque théâtral.

Des officiers de haut rang grecs et français étaient présents, silhouettes raides et visages impassibles, dans une chorégraphie millimétrée de drapeaux croisés, de discours calibrés et de poignées de main calculées. Derrière les sourires, une réalité : la Grèce muscle discrètement son arsenal maritime avec le soutien de la France.

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Lorient, mardi matin. Le FORMION rejoint officiellement les eaux du Scorff. Le bâtiment n’est pas encore armé, mais sa coque, ses capteurs et sa silhouette en disent déjà long sur ses ambitions. La cérémonie, sobre mais stratégique, a réuni Nikolaos Dendias, ministre de la Défense grec, et Alexandre Lahousse pour la France. Plusieurs chefs d’état-major — français et grecs — étaient aussi sur place.

En coulisses, les ingénieurs de Naval Group soufflent. Car FORMION n’est pas seul : deux autres frégates FDI (pour Frégates de Défense et d’Intervention) le précèdent. La première, KIMON, est en essais en mer. La seconde, NEARCHOS, est en cours d’équipement. Trois navires livrés entre 2025 et 2026. Trois instruments de pression navale en Méditerranée orientale. Une zone où les tensions montent au rythme des forages turcs et des litiges sur les ZEE.

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Des partenariats noués sur l’acier

Ce programme, la France ne le livre pas en kit. Elle le construit avec la Grèce. Le chantier naval de Salamis, au large d’Athènes, produit certains blocs de la frégate. En tout, ce sont près de 70 entreprises grecques qui ont intégré la chaîne d’approvisionnement.

Résultat : les frégates ne sont pas simplement assemblées en France. Elles intègrent une part tangible de technologie grecque. Des capteurs, des modules électroniques, des éléments structurels. Une coopération industrielle qui, au-delà de l’affichage politique, pèse des millions d’euros.

Le HS FORMION est la 3e FDI fournie par Naval Group à la Grèce.
Le HS FORMION est la 3e FDI fournie par Naval Group à la Grèce.

Coût unitaire estimé par frégate :
Environ 800 millions d’euros.

Entreprises impliquées côté français :

  • Naval Group
  • Thales
  • MBDA

Côté grec :

  • Hellenic Aerospace Industry
  • INTRACOM Defense
  • MEVACO

Une silhouette furtive, un ventre armé

Avec ses 122 mètres de long pour 4 500 tonnes, le FORMION est une bête de guerre élégante. Sa forme a été pensée pour échapper aux radars. Son mât unique, incliné et compact, abrite radars, caméras et moyens de brouillage.

L’équipement embarqué témoigne d’un choix assumé de qualité : radar SeaFire multifonction à antenne active, sonar de coque, systèmes de guerre électronique, et une suite complète de communication numérique. Une fois armée, la frégate pourra projeter un hélicoptère NH90 de 10 tonnes et un drone à décollage vertical.

Un arsenal calibré pour la dissuasion

Le FORMION est plus qu’un navire : c’est une plateforme de feu mobile.

Fiche technique de la HS FORMION :

Caractéristique Valeur / Description
Nom HS FORMION (troisième frégate FDI pour la Marine hellénique)
Type Frégate de Défense et d’Intervention (FDI)
Déplacement 4 500 tonnes
Longueur Environ 122 mètres
Largeur (maître-bau) 18 mètres
Vitesse maximale 27 nœuds
Aviation Capacité à embarquer un hélicoptère de classe 10 tonnes et un drone VTOL (UAV)
Armement principal – 32 missiles surface-air Aster (MBDA)
– 8 missiles anti-navires Exocet MM40 B3c
– Système de défense rapprochée RAM
– Canon naval de 76 mm
– 4 tubes lance-torpilles MU90
– 2 lance-leurres CANTO pour contre-mesures anti-torpilles
Capacités de combat Anti-aérien, anti-sous-marin, anti-surface, projection de forces spéciales, lutte contre menaces asymétriques
Systèmes électroniques – Radar multifonction Sea Fire 500 AESA (4 antennes fixes)
– Sonar remorqué CAPTAS-4 compact
– Système de guerre électronique SENTINEL
– Système de communication numérique Aquilon
Architecture informatique Architecture digitale redondante avec deux data centers, cybersécurité native
Fabrication Naval Group (France) avec forte participation industrielle grecque (plus de 70 entreprises grecques impliquées)

Avec cette configuration, la frégate peut engager simultanément des cibles aériennes, sous-marines et de surface. Une capacité dite “multi-mission” qui répond aux nouveaux standards du combat naval.

Une diplomatie navale sous tension

Le calendrier n’est pas anodin. Le lancement du FORMION intervient alors que la Turquie multiplie les actes de provocation au large de Chypre et dans le Dodécanèse. Face à ces tensions, la Grèce a lancé une modernisation de sa marine : avions Rafale, sous-marins modernisés, frégates FDI, et bientôt drones sous-marins.

La frégate n’est pas une arme d’attaque préemptive. C’est un outil de projection et de présence. Sa portée, sa discrétion et son autonomie lui permettent de s’installer discrètement au large, tout en surveillant, interceptant ou neutralisant selon les ordres reçus.

Le message envoyé à Ankara est limpide : la Grèce n’est plus seule, et la France veille.

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L’Europe de la défense, entre contrats et doctrine

Cette opération illustre une Europe de la défense qui avance à petits pas, mais à coups d’acier. La France exporte son savoir-faire, la Grèce investit dans sa sécurité, et les industriels européens alignent les projets. Naval Group prévoit d’ailleurs que la production de frégates FDI pourrait se prolonger jusqu’en 2030 avec d’autres clients.

Reste une question non résolue : ces coopérations suffisent-elles à construire une réelle autonomie stratégique européenne ? Ou s’agit-il, encore une fois, d’accords bilatéraux maquillés en projet communautaire ?

En attendant, dans les ateliers de Lorient comme dans les arsenaux du Pirée, les soudeurs s’activent. FORMION flottera bientôt en Méditerranée. Et avec lui, une nouvelle ère de vigilance navale hellénique.

Source: Naval Group

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