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La France tourne le dos aux Etats-Unis et pose 1,1 milliard d’euros sur la table pour ce monstre de détection européen plus moderne doublant sa portée stratégique jusqu’à 550 km

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Said LARIBI

Said LARIBI

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C’est un contrat qui bouleverse l’équilibre aérien en Europe. La France remplace enfin ses AWACS par deux avions suédois GlobalEye, bien plus modernes, capables de repérer les menaces à 550 …

La France tourne le dos aux Etats-Unis et pose 1,2 milliard d'euros sur la table pour ce monstre de détection européen plus moderne doublant sa portée stratégique jusqu’à 550 km

C’est un contrat qui bouleverse l’équilibre aérien en Europe. La France remplace enfin ses AWACS par deux avions suédois GlobalEye, bien plus modernes, capables de repérer les menaces à 550 km et d’assurer une surveillance aérienne, maritime et terrestre totale. Et contrairement aux États-Unis, Paris a choisi l’indépendance industrielle face aux enjeux à venir.

Avec ses radars longue portée montés sur jets d’affaires, sa suite de capteurs multi-domaines et son autonomie de 11 heures, le GlobalEye est bien plus qu’un simple avion-espion. La France prend une avance stratégique, tout en réduisant sa dépendance aux solutions américaines comme le E-7 Wedgetail.

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Pourquoi ce contrat change tout pour l’armée française ?

Le 30 décembre 2025, la Direction Générale de l’Armement (DGA) a signé avec Saab un contrat de 12,3 milliards de couronnes suédoises, soit environ 1,1 milliard d’euros, pour l’achat de deux avions de veille radar aéroportée GlobalEye. Ces avions remplaceront les E-3F Sentry vieillissants, en service depuis plus de 30 ans. L’accord prévoit aussi la formation des équipages, le soutien au sol et la maintenance sur plusieurs années. La livraison est prévue entre 2029 et 2032, avec une option pour deux appareils supplémentaires. Un choix assumé, qui aligne la France avec les standards OTAN tout en misant sur une architecture industriellement européenne.

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Quelles sont les performances du radar GlobalEye ?

Le cœur du système GlobalEye repose sur le radar Erieye ER, une antenne fixe montée au-dessus du fuselage, capable de balayer 300° d’espace aérien en continu. Grâce à la technologie GaN AESA, il atteint une portée instrumentée de plus de 550 km. Contrairement aux dômes rotatifs des AWACS traditionnels, ce montage dorsal permet une vigilance constante, sans angle mort. Et ce n’est pas tout : GlobalEye dispose aussi de capteurs pour la surveillance maritime, terrestre, électromagnétique (SIGINT) et infrarouge, le tout fusionné pour produire une conscience de situation complète.

Quels sont les avantages de l’avion hôte Bombardier Global 6000 ?

Le radar est installé sur un jet d’affaires Bombardier Global 6000, un appareil civil haut de gamme, déjà éprouvé pour les longues missions.

Ses points forts :

  • une autonomie de plus de 11 heures sans ravitaillement,
  • un plafond de vol de 15 500 mètres,
  • une faible signature radar par rapport aux gros porteurs militaires.

L’appareil offre ainsi une surveillance discrète, efficace, et moins coûteuse à opérer qu’un E-3 ou un futur E-7 américain.

La France finalise un contrat de 1,3 milliard de dollars pour l'acquisition de deux avions radar Saab GlobalEye (Source : SAAB)
La France finalise un contrat de 1,3 milliard de dollars pour l’acquisition de deux avions radar Saab GlobalEye (Source : SAAB)

Pourquoi la France a-t-elle évité le Boeing E-7 Wedgetail ?

Le E-7, pourtant pressenti dans de nombreux pays de l’OTAN, n’a pas été retenu. Paris a préféré un fournisseur non américain pour préserver sa souveraineté technologique. Le choix de Saab répond aussi à un objectif plus large : créer une filière européenne de surveillance aérienne, tout en intégrant des capteurs français à bord. En misant sur GlobalEye, la France s’assure une interopérabilité OTAN sans dépendre d’une ligne logistique ou logicielle venue des États-Unis. Le signal est clair : l’autonomie stratégique passe aussi par les cieux.

Que va changer cette acquisition pour l’OTAN ?

La France devient le deuxième pays de l’OTAN à opérer des GlobalEye, après la Suède. Ce mouvement pourrait faire boule de neige. L’Allemagne et l’Italie, notamment, envisagent aussi de remplacer leurs systèmes vieillissants. Avec la guerre en Ukraine et les tensions en mer Baltique, disposer de radars capables de couvrir 500 km en temps réel, tout en résistant au brouillage ou aux drones, devient critique. Le GlobalEye s’impose alors comme le candidat naturel pour remplacer les anciens AWACS OTAN.

GlobalEye : la nouvelle vision stratégique Française
GlobalEye : la nouvelle vision stratégique Française

Pourquoi ce contrat profite-t-il aussi à l’industrie française ?

Le système GlobalEye est modulaire. Il peut recevoir à terme des capteurs ou des logiciels made in France. Cela permet à la DGA de conserver une maîtrise des briques critiques, tout en profitant du cœur suédois éprouvé. Des entreprises françaises pourraient intégrer des composants de guerre électronique, des datalinks, ou des systèmes de cryptographie souverains. Ce n’est donc pas un achat sur étagère, mais une base de travail souple.

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Quels sont les délais de livraison et l’avenir de la flotte ?

Voici les étapes clés du programme :

Date Événement
Décembre 2025 Signature du contrat DGA / Saab
2029 Livraison du premier appareil
2032 Livraison du second appareil
Option 2033-2035 Possibilité d’achat de deux avions supplémentaires

Le calendrier s’étale sur une dizaine d’années, mais les bénéfices sont massifs : la France disposera à terme d’un système de surveillance de nouvelle génération apte à résister aux menaces de demain.

Source : DGA

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