La marine française muscle sa défense avec les redoutables patrouilleurs suédois CB90
Deux navires suédois ultra-rapides viennent d’être intégrés à la base navale de Brest, offrant à la marine française un outil de dissuasion inédit face aux menaces maritimes contemporaines. Le port militaire breton, déjà cœur stratégique de la dissuasion nucléaire française, accueille désormais deux patrouilleurs rapides CB90 prêtés par la Suède. Ces unités vont tester leurs capacités en Atlantique, loin des eaux scandinaves qui les ont vus naître. Objectif : jauger leur efficacité pour protéger les approches maritimes françaises.
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Une arrivée remarquée sur le littoral breton
Le 30 juillet, la base navale de Brest a vu débarquer deux patrouilleurs rapides CB90, directement prêtés par la marine suédoise pour une durée de 18 mois. Conçus par Saab, ces engins sont capables de filer à plus de 40 nœuds (74 km/h) et d’embarquer une vingtaine de soldats équipés. Ils rejoignent le dispositif déjà testé à Toulon depuis la mi-juillet. Ces navires seront confiés au bataillon de fusiliers marins Amyot d’Inville, spécialisés dans la protection des infrastructures sensibles. Leur rôle : surveiller les approches maritimes, intercepter des embarcations suspectes et intervenir rapidement en cas de menace.
Des missions au cœur de la défense française
Les CB90 ne sont pas de simples vedettes. Ils incarnent une philosophie : celle de la réaction immédiate. En quelques minutes, ils peuvent quitter la base, intercepter une cible, débarquer des commandos ou assurer l’escorte d’un navire de haute valeur. À Brest, leur mission prend un relief particulier. La base abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), pivot de la dissuasion française. Protéger cet environnement est une priorité stratégique. Ces nouveaux moyens s’ajoutent aux frégates FREMM, aux chasseurs de mines et au bâtiment de renseignement Dupuy-de-Lôme, déjà stationnés sur place.
Tester les CB90 hors des eaux nordiques
Ces patrouilleurs sont habitués aux eaux froides de la Baltique. À Brest, ils vont affronter des conditions bien différentes : houle atlantique, courants puissants, météo plus instable. L’objectif est clair : savoir si ces unités peuvent s’adapter à un large spectre opérationnel. Leurs performances seront mesurées aussi bien en missions de routine qu’en scénarios d’alerte maximale.
Le calendrier est précis :
Date | Événement |
15 juillet 2025 | Première arrivée d’un CB90 à Toulon |
30 juillet 2025 | Déploiement de deux CB90 à Brest |
Août 2025 – Déc. 2026 | Période d’évaluation opérationnelle en Atlantique |
Une coopération militaire renforcée avec la Suède
Ce prêt illustre une coopération croissante entre Paris et Stockholm. Après l’adhésion de la Suède à l’OTAN, les liens se renforcent, notamment dans le domaine naval. La marine française y trouve un intérêt immédiat : disposer d’unités performantes sans attendre de longues années de développement industriel. La Suède, elle, gagne un retour d’expérience précieux sur ses CB90 en eaux tempérées et face à des scénarios opérationnels nouveaux. Cette logique de partage capacitaire pourrait inspirer d’autres partenariats. Les menaces maritimes modernes – drones navals, infiltrations rapides, trafics – nécessitent des outils flexibles, capables de s’adapter en permanence.
Des remplaçants potentiels aux vedettes françaises
Depuis plusieurs années, la marine cherche à remplacer ses VFM (vedettes de fusiliers marins). Deux unités avaient été livrées par le chantier Ufast en 2023, mais le contrat a été annulé, précipitant l’entreprise bretonne dans la faillite en mars 2024. Les CB90 pourraient bien combler ce vide. Leur vitesse, leur capacité d’emport et leur armement (mitrailleuses lourdes, systèmes modulaires) en font des candidats sérieux. Le prêt actuel n’est donc pas qu’une expérimentation : c’est un test grandeur nature pour un futur achat.
Un maillon dans une stratégie plus vaste
Ces patrouilleurs ne doivent pas être vus comme des unités isolées. Ils s’intègrent dans un écosystème naval où chaque bâtiment joue un rôle précis. Les frégates surveillent au large, les sous-marins assurent la dissuasion, et les CB90 protègent les abords immédiats. Leur rôle est aussi psychologique : montrer qu’aucune embarcation suspecte ne peut approcher des bases sensibles sans être détectée puis neutralisée. Dans une époque marquée par l’apparition de drones marins explosifs, la rapidité d’intervention est cruciale.
Une réponse aux menaces émergentes
Les conflits récents, de l’Ukraine à la mer Rouge, montrent que de petites embarcations rapides peuvent causer des dégâts considérables. Face à ce constat, les marines modernes investissent dans des moyens réactifs et agiles. La France, avec ces CB90, suit cette logique. Leur déploiement à Brest constitue un signal clair : l’Atlantique n’est pas une zone vulnérable. Toute tentative d’intrusion y trouvera désormais une réponse immédiate.
Des perspectives au-delà du prêt
À l’issue des 18 mois d’évaluation, deux options s’ouvriront : restituer les navires ou entamer des négociations pour un achat massif. Si les résultats sont concluants, la marine pourrait remplacer rapidement ses anciennes vedettes par une flotte moderne et éprouvée. Dans le même temps, cela poserait une question industrielle : faut-il acheter directement en Suède ou développer une variante construite en France ? Un choix stratégique qui mêle souveraineté industrielle et urgence opérationnelle.
Source : Marine Nationale