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La France regarde avec beaucoup d’inquiétude la décrépitude de son éternelle rivale la Royal Navy

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Royal Navy : la dégringolade silencieuse d’un empire qui ne contrôle plus la mer. Pendant deux siècles, elle a fait trembler la planète. De l’Atlantique aux confins du Pacifique, la …

La France regarde avec beaucoup d’inquiétude la chute sans fin de son plus grand rival qui est passé de 400 navires de guerre en 1945 à seulement 62 en 2025

Royal Navy : la dégringolade silencieuse d’un empire qui ne contrôle plus la mer.

Pendant deux siècles, elle a fait trembler la planète. De l’Atlantique aux confins du Pacifique, la Royal Navy incarnait la puissance britannique dans sa forme la plus brute. Aujourd’hui, en 2025, le mythe s’effrite. Navires vieillissants, flottes réduites, stratégie brouillée… La marine britannique n’est plus que l’ombre d’elle-même. Et ce qui se joue là, c’est bien plus qu’une histoire de bateaux.

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Trafalgar, Jutland, les convois de l’Arctique… L’histoire navale britannique est une fresque d’acier et de brume. Mais ce récit impérial, longtemps intouchable, se heurte aujourd’hui aux chiffres. En 2025, seulement 62 navires de guerre sont en service sous pavillon britannique. Pour un pays qui en comptait encore 130 dans les années 1990, et plus de 400 après la Seconde Guerre mondiale, le recul est abyssal.

Les porte-avions HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales, symboles technologiques de cette « renaissance maritime » annoncée par Londres, peinent à masquer le reste : des frégates vieillissantes, une flotte auxiliaire à bout de souffle, et une dépendance de plus en plus marquée envers les alliés pour les opérations de projection. Ce n’est plus une marine de domination globale, c’est une marine qui s’adapte comme elle le peut.

Année Nombre de navires
1945 Environ 400
1990 130
2025 62

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Une machine grippée de l’intérieur

Ce n’est pas un sabordage, c’est une lente érosion. Depuis la fin de la guerre froide, les gouvernements britanniques successifs ont fait des arbitrages budgétaires serrés. L’armée a dû réduire la voilure, concentrant les investissements sur quelques joyaux technologiques comme les sous-marins nucléaires Astute ou les porte-avions. Résultat : les moyens intermédiaires, frégates, patrouilleurs, navires logistiques, ont été sacrifiés.

L’industrie navale nationale, elle, souffre de retards, de surcoûts chroniques et d’un manque criant de main-d’œuvre qualifiée. Le programme Type 26, censé remplacer les anciennes frégates, accumule les décalages de livraison. Quant aux Type 31, conçues comme des solutions économiques, elles peinent à convaincre sur le plan tactique. Le vivier industriel s’amenuise, les chantiers tournent au ralenti, et les ambitions peinent à se concrétiser.

Un décalage criant entre ambition et réalité

La stratégie affichée reste celle d’une puissance globale. Le Royaume-Uni continue de parler d’Indo-Pacific tilt, de renforcer sa présence dans les mers d’Asie, d’étendre son influence de Singapour à Sydney. Dans les faits, l’effort est surtout symbolique. Déployer un groupe aéronaval dans la région nécessite un soutien étranger quasi systématique.

Sans flotte de soutien suffisante, sans frégates en nombre, sans patrouilleurs océaniques fiables, les opérations longues sont impossibles à tenir. Le HMS Queen Elizabeth est un colosse sans escorte. Et dans les eaux tendues de la mer de Chine, la posture britannique tient davantage du geste diplomatique que de la dissuasion navale.

Des tensions jusque dans les rangs

Les discours officiels vantent une “renaissance maritime”. Cependant en coulisses, les signaux sont alarmants. L’ancien chef d’état-major de la Navy, Lord West, parle d’une situation “dangereuse pour la sécurité nationale”. Une seule opération de grande ampleur serait difficilement tenable. Et encore, à condition d’être appuyée par les États-Unis.

Le manque de personnel qualifié, notamment chez les ingénieurs et les techniciens navals, s’ajoute à une crise plus large du recrutement militaire. Les salaires ne suivent plus, les carrières attirent moins, et les formations se raréfient. Au Parlement, certains députés dénoncent une “illusion de puissance” entretenue à coups de communication politique.

Les alliés, eux, s’inquiètent. Américains et Français constatent avec préoccupation l’affaiblissement d’un pilier historique de l’OTAN. La dissuasion maritime dans l’Atlantique Nord, face à une Russie de plus en plus active, repose désormais davantage sur Paris que sur Londres.

Un leadership naval désormais contesté

La Royal Navy n’est plus seule sur le podium européen. La Marine française modernise ses capacités de manière constante, avec des frégates furtives, des sous-marins renouvelés et une force de projection cohérente. L’Italie investit dans sa flotte. L’Espagne et l’Allemagne revoient leurs ambitions à la hausse.

Quant à l’Union européenne, elle avance, lentement, vers une forme de coordination navale renforcée – à laquelle le Royaume-Uni, post-Brexit, n’a plus accès. À l’échelle mondiale, l’ascension chinoise est fulgurante, et l’Inde investit massivement dans ses capacités navales.

Dans ce contexte, le poids relatif de la Royal Navy décline. Elle reste une force respectée, mais plus tout à fait indispensable.

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Une issue encore ouverte

Tout n’est pas perdu. Le programme Type 26, s’il tient enfin ses promesses, pourrait apporter un regain de cohérence à la flotte de surface. De nouvelles alliances dans le Pacifique – avec le Japon ou l’Australie – offrent des leviers stratégiques. La capacité nucléaire britannique reste intacte. Et la Royal Navy conserve un savoir-faire opérationnel reconnu.

Mais pour sortir de l’impasse, le Royaume-Uni devra faire plus qu’entretenir son image. Il lui faudra investir, recruter, reconstruire une base industrielle navale, et surtout : redonner à sa flotte une vraie capacité d’endurance.

La mer ne pardonne pas les illusions. Et l’histoire n’attend pas les puissances en transition.

Comparaison flottes française et britannique

Catégorie Royal Navy 🇬🇧 Marine nationale 🇫🇷
Porte-avions 2 (HMS Queen Elizabeth, HMS Prince of Wales) 1 (mais nucléaire, le Charles de Gaulle)
Frégates de premier rang 11 (Type 23, en attente des Type 26/31) 15 (FREMM, FDA Horizon, FDI Amiral Ronarc’h)
Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) 6 (Classe Astute) 6 (Classe Rubis et Suffren)
Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) 4 (Classe Vanguard) 4 (Classe Le Triomphant)
Porte-hélicoptères/Amphibie 1 (HMS Albion, rotation avec Bulwark) 3 (Mistral, Tonnerre, Dixmude)
Patrouilleurs hauturiers 5 (Classe River Batch 2) 7 (OPV, dont les nouveaux Patrouilleurs Outre-mer)
Bâtiments de soutien/logistique 9 (RFA, dont 4 pétroliers, 3 logistiques) 4 (dont Loire, Marne, Somme, Seine)
Total estimé de navires de combat 62 ≈75
Personnel naval actif Environ 30 000 Environ 39 000
Base de projection permanente à l’étranger Bahreïn, Diego Garcia (via alliés) Abu Dhabi, Djibouti, Antilles, Polynésie

Remarques :

  • La Royal Navy possède plus de puissance aéronavale brute avec deux porte-avions, mais dépend souvent d’alliés pour leur escorte (sans compter que celui français est nucléaire et plus moderne)
  • La Marine nationale est plus équilibrée et autonome, avec une meilleure cohérence entre projection de forces, soutien logistique et présence ultramarine.
  • En nombre de frégates et de plateformes amphibies, la France dépasse aujourd’hui le Royaume-Uni.

Sources :

  • https://www.navylookout.com/is-the-royal-navy-in-a-terminal-or-temporary-decline
  • https://www.19fortyfive.com/2025/02/just-62-ships-the-royal-navy-is-shrinking-down-to-nothing
  • https://www.gov.uk/government/publications/the-strategic-defence-review-2025-making-britain-safer-secure-at-home-strong-abroad

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron