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La France prépare un porte-avions nucléaire titanesque qui pourrait écraser tous les navires européens

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Marc Basoli

Marc Basoli

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Le futur fleuron de la marine française, prévu pour 2038, s’annonce comme le plus grand navire militaire jamais construit en Europe. Doté de technologies de pointe, il pourrait transformer l’équilibre …

La France prépare un porte-avions nucléaire titanesque qui pourrait écraser tous les navires européens

Le futur fleuron de la marine française, prévu pour 2038, s’annonce comme le plus grand navire militaire jamais construit en Europe. Doté de technologies de pointe, il pourrait transformer l’équilibre des forces en mer.

C’est une révolution silencieuse qui s’organise dans les chantiers navals français : la construction d’un nouveau porte-avions nucléaire géant, appelé PA-NG, avance à grands pas. L’objectif ? Remplacer le Charles de Gaulle avec un bâtiment plus long, plus puissant et équipé pour les guerres du futur. D’une taille inédite en Europe, il devrait embarquer les avions de combat de demain, fonctionner sans limite de carburant et intégrer les dernières innovations technologiques, du radar AESA aux drones armés.

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Une commande stratégique en préparation

La décision d’officialiser la commande pourrait tomber d’ici fin 2025. C’est ce que révèle le rapport annuel 2024 du constructeur Naval Group, qui travaille en partenariat avec TechnicAtome sur ce projet. Le processus a déjà commencé avec des études techniques approfondies et un premier contrat lancé en avril 2024 pour préparer les composants nucléaires. Le cœur du système repose sur deux réacteurs K22, conçus pour fournir une puissance de 220 mégawatts chacun, soit assez pour alimenter un petit réseau électrique urbain. Ce réacteur nouvelle génération assurera une propulsion tout électrique et une autonomie illimitée, sans besoin de ravitaillement en carburant.

Des dimensions inédites pour un bâtiment européen

Le futur navire affichera une longueur de 310 mètres, une largeur de 85 mètres, et un déplacement de 78 000 tonnes, ce qui en fera de loin le plus grand navire militaire d’Europe. À titre de comparaison, le Charles de Gaulle mesure 261 mètres pour 42 000 tonnes. Son pont d’envol atteindra 17 000 m², soit 5 000 m² de plus que son prédécesseur, de quoi faire décoller et atterrir plus d’appareils simultanément. Le hangar, situé sur deux niveaux, s’étendra sur les deux tiers de la coque, optimisant le rangement des avions et drones.

L'intégration du commandement et du contrôle de nouvelle génération, des systèmes EMALS, des drones et des aéronefs positionnera le PA-NG comme un nœud central d'un futur réseau de combat multi-domaines, comparable à l'initiative américaine de commandement et de contrôle interarmées (JADC2)
L’intégration du commandement et du contrôle de nouvelle génération, des systèmes EMALS, des drones et des aéronefs positionnera le PA-NG comme un nœud central d’un futur réseau de combat multi-domaines, comparable à l’initiative américaine de commandement et de contrôle interarmées (JADC2). (Source de l’image : Naval Group)

Une catapulte électromagnétique digne de la science-fiction

L’un des éléments les plus impressionnants du nouveau porte-avions est l’intégration de trois EMALS, des catapultes électromagnétiques venues tout droit des États-Unis. Elles remplacent les anciens modèles à vapeur et permettent de lancer tout type d’aéronef, du chasseur lourd au drone léger, avec plus de douceur et moins de contraintes mécaniques.

Voici un tableau des éléments livrés par General Atomics :

SystèmeOrigineLivraison prévue
EMALS (catapultes)San Diego (USA)Janvier 2026
AAG (freins d’arrêt)Lakehurst, NJ (USA)Janvier 2026

Ce système permettra jusqu’à trois décollages simultanés, un gain de capacité énorme face au Charles de Gaulle. Le tout sera alimenté par les réacteurs K22, capables de soutenir la demande énergétique massive de ces technologies.

Une flotte aérienne prête pour les conflits du futur

Le PA-NG est conçu pour embarquer plus de 40 aéronefs, dont des Rafale M jusqu’aux années 2040, puis le NGF, le chasseur furtif du programme européen SCAF. Ce futur appareil pèsera plus de 35 tonnes, avec une signature radar réduite, des soutes internes à munitions et un plan en V inversé.

La flotte comprendra aussi :

  • 3 E-2D Hawkeye pour la surveillance radar
  • Des hélicoptères NH90 et Airbus H160M
  • Des drones de reconnaissance et des drones de combat armés

Pour soutenir cette flotte, deux ascenseurs latéraux transporteront simultanément deux Rafale, avec une rapidité accrue pour maintenir un rythme de décollages élevé.

Le pont d'envol du PA-NG couvrira 17 000 mètres carrés, soit 5 000 de plus que son prédécesseur, et pourra accueillir jusqu'à 40 avions, dont des chasseurs, des avions de détection avancée aéroportés, des hélicoptères et divers drones
Le pont d’envol du PA-NG couvrira 17 000 mètres carrés, soit 5 000 de plus que son prédécesseur, et pourra accueillir jusqu’à 40 avions, dont des chasseurs, des avions de détection avancée aéroportés, des hélicoptères et divers drones. (Source de l’image : Naval Group)

Une puissance défensive à la pointe

Le système de défense du PA-NG s’appuiera sur un radar Sea Fire AESA avec quatre panneaux fixes, capable de repérer des menaces à plusieurs centaines de kilomètres. Le navire intégrera également :

  • 24 missiles Aster dans des silos verticaux (VLS)
  • 4 canons de 40 mm montés en tourelles Bofors
  • Des lanceurs Simbad-RC pour missiles Mistral 3

Cette architecture défensive est pensée pour résister aux attaques aériennes, aux missiles hypersoniques et aux menaces proches, tout en préparant l’arrivée des armes à énergie dirigée, comme les lasers, dans les années à venir.

Un chantier titanesque au calendrier serré

La construction du PA-NG aura lieu à Saint-Nazaire, seul chantier naval français capable d’accueillir un navire de cette taille. Mais les cales sont déjà bien occupées par des paquebots de croisière aux contrats dépassant 1,5 milliard d’euros chacun, ce qui complique la planification.

Voici le calendrier prévu :

ÉtapeDate estimée
Début construction coque2031–2032
Transfert à Toulon2035
Essais en mer2036
Mise en service2038

Les réacteurs nucléaires seront intégrés à Toulon après le transfert du navire, avec une mise en service progressive sur deux ans.

Un coût astronomique pour une puissance durable

Le budget total du projet dépasse les 10 milliards d’euros. Le ministère de la Défense avait envisagé la construction de deux unités pour garantir une disponibilité permanente, mais les contraintes budgétaires rendent ce scénario peu probable pour l’instant. En parallèle, le Charles de Gaulle subira sa dernière grande maintenance entre 2027 et 2028. Ses radars seront remplacés, et il sera équipé des nouveaux missiles Aster 15 EC à portée doublée (60 km). Une étude évalue même la possibilité de prolonger sa vie au-delà de 2038, à condition de remplacer les réacteurs K15, opérationnels depuis 1998, et de moderniser plusieurs systèmes critiques.

Source : Naval Group

À propos de l'auteur, Marc Basoli