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La France prépare un missile qui volera à 20 000 km/h et seules 3 seules nations dans le monde en sont capables

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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La France passe à Mach 16… et personne ne l’a vue venir Depuis son pas de tir à Biscarrosse jusqu’aux plus hautes sphères stratégiques, la France trace à vive allure …

La France prépare un missile qui volera à 20 000 km/h et seules 3 seules nations dans le monde en sont capables

La France passe à Mach 16… et personne ne l’a vue venir

Depuis son pas de tir à Biscarrosse jusqu’aux plus hautes sphères stratégiques, la France trace à vive allure son propre sillon dans la course mondiale aux armes hypersoniques. Derrière ces noms abstraits : V-MAX, V-MAX2, SyLex, ASN4G etc se cache une réalité bien concrète : celle d’un pays qui veut garder sa liberté de frapper vite, loin, et de manière imprévisible.

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Le 26 juin 2023, à l’abri des regards et des radars, un étrange engin fusait depuis le centre DGA Essais de missiles de Biscarrosse. Le V-MAX, prototype d’un planeur hypersonique, venait de réaliser un vol réussi au-delà de Mach 5, soit plus de 6 000 km/h. Une première en Europe. Une démonstration que la France, elle aussi, pouvait rejoindre le trio très fermé des puissances hypersoniques : États-Unis, Russie et Chine.

Ce vol inaugural n’était pas qu’un test technologique. Il validait des années de recherches menées par ArianeGroup, l’ONERA et la DGA. À cette vitesse, la moindre erreur de conception peut faire exploser le véhicule comme un feu d’artifice. Le succès fut donc salué comme un jalon stratégique et surtout, comme une promesse.

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Une course où vitesse ne suffit plus

Les planeurs hypersoniques ne sont pas des missiles comme les autres. Ils ne suivent pas de trajectoire balistique prévisible. Propulsés dans la haute atmosphère, ils évoluent entre Mach 5 et Mach 20, puis plongent vers leur cible en réalisant des manœuvres violentes. Cela les rend quasiment invulnérables aux défenses antimissiles classiques.

Pour réussir ce pari, il faut réunir plusieurs prouesses :

  • Une forme aérodynamique à très fort rapport portance/traînée
  • Des matériaux capables de résister à des températures supérieures à 2 000 °C
  • Un système de guidage capable de piloter l’engin en conditions extrêmes

Le V-MAX, premier démonstrateur, visait précisément à tester tout ça. Sa structure a tenu. Ses commandes ont réagi. Son vol a prouvé qu’une telle technologie n’était plus hors de portée.

V-MAX2 : vers un système presque opérationnel

Ce premier succès n’était qu’un échauffement. La DGA a immédiatement enchaîné sur V-MAX2, une version plus aboutie, proche d’un vecteur militaire fonctionnel. Il ne s’agit plus simplement de voler vite, mais de simuler des conditions de guerre réelle : manœuvres en phase terminale, résistance thermique, capacités d’évitement face à des intercepteurs.

Le développement s’accélère :

  • Structure thermo-mécanique renforcée
  • Commande de vol avancée
  • Navigation inertielle optimisée
  • Capteurs miniaturisés

ArianeGroup reste maître d’œuvre, profitant de son expérience des lanceurs spatiaux et de la rentrée atmosphérique. Chaque essai de V-MAX2 vise à comprendre les dynamiques du vol hypersonique pour mieux anticiper les contre-mesures adverses. La France ne veut pas copier. Elle veut comprendre.

SyLex : quand la France vise Mach 16

Présenté au Salon du Bourget en 2025, le programme SyLex représente un saut de génération. Objectif : Mach 16, soit près de 20 000 km/h ! À ces vitesses, on traverse la France en trois minutes. L’ambition est double : tester des technologies ultimes… et construire une infrastructure souveraine d’essais hypersoniques.

Car il ne suffit pas de concevoir, il faut tester. Et pour ça, hors de question de dépendre d’un pas de tir étranger. Le calendrier est donc déjà posé :

  • Premiers essais en vol : 2027
  • Capacité militaire possible : à partir de 2030

Ce projet annonce un changement d’échelle. La France entend produire ses propres armes hypersoniques, sans sous-traiter sa puissance ni emprunter des infrastructures à d’autres. Une démarche rare en Europe.

ASN4G : la prochaine arme nucléaire volera à vitesse extrême

En parallèle, un autre programme avance dans l’ombre : ASN4G, successeur du missile nucléaire ASMP-A. Prévu pour 2035, ce vecteur sera propulsé par un statoreacteur, combinant hypersonique et charge stratégique.

Piloté par MBDA et l’ONERA, sous contrat MIHYSYS, ce missile devra pouvoir :

  • Percer les boucliers antimissiles de demain
  • Atteindre des cibles à très grande distance
  • Conserver la capacité de dissuasion française en toutes circonstances

C’est la pierre angulaire de la dissuasion aéroportée du futur. En vitesse comme en létalité.

Chronologie des programmes français hypersoniques :

Programme Objectif Vitesse cible Calendrier
V-MAX Validation technologique Mach 5+ Essai réussi en 2023
V-MAX2 Plateforme pré-opérationnelle Mach 5–10 En cours 2025–2027
SyLex Expérimentation Mach 16 Mach 16 (~20 000 km/h) Vol prévu en 2027
ASN4G Missile nucléaire hypersonique Mach 8–10 Entrée en service ~2035


Une guerre que personne ne voit arriver

La Russie dispose déjà de l’Avangard et du Kinzhal. La Chine teste son planeur DF-ZF à grande cadence. Les États-Unis, malgré des moyens gigantesques, peinent à concrétiser leurs prototypes. Dans cette course effrénée, la France avance en silence, mais avec méthode.

Ce choix d’une montée en puissance progressive, sans effet d’annonce, pourrait bien s’avérer payant. Là où d’autres accumulent les démonstrateurs sans résultats concrets, Paris mise sur la cohérence doctrinale et la fiabilité industrielle.

Dans une décennie, le combat ne se fera peut-être plus à 500 km/h en rase-mottes. Il se jouera entre Mach 10 et Mach 20, à 50 km d’altitude, entre capteurs intelligents et trajectoires imprévisibles. Et ce jour-là, les nations capables de frapper dans cette fenêtre d’opportunité… ne seront pas si nombreuses.

Tableau comparatif des armes hypersoniques par pays (2025)

 
Pays Nom Type Vitesse max Portée estimée Propulsion Statut Charge
🇷🇺 Russie Avangard Planeur (HGV) Mach 20+ > 6 000 km Propulsion initiale ICBM Opérationnel depuis 2019 Nucléaire
🇷🇺 Russie Kinzhal Missile balistique aéro-lancé Mach 10 1 500–2 000 km Propulsion à propergol solide Déployé depuis 2017 Nucléaire / conventionnelle
🇨🇳 Chine DF-ZF Planeur (HGV) Mach 10 1 800–2 500 km ICBM + HGV Opérationnel (2020+) Nucléaire / conventionnelle
🇺🇸 États-Unis ARRW (AGM-183A) Planeur (HGV) Mach 7–8 1 600–2 000 km Propulsion aéro-lancée Programme abandonné en 2024 Conventionnelle
🇺🇸 États-Unis LRHW (Dark Eagle) Planeur (HGV) Mach 17 > 2 700 km Lancement terrestre / booster Pré-série (essais 2024–2025) Conventionnelle
🇺🇸 États-Unis HAWC Missile de croisière hypersonique Mach 5+ 1 000–1 500 km Statoreacteur Phase de démonstration Conventionnelle
🇫🇷 France V-MAX Démonstrateur (HGV) Mach 5+ Classifiée Booster + planeur Essai réussi en 2023 Aucune
🇫🇷 France V-MAX2 Démonstrateur avancé Mach 5–10 Classifiée Booster + HGV En développement Aucune
🇫🇷 France SyLex Démonstrateur futur Mach 16 Classifiée Statoreacteur ou booster Vol prévu en 2027 Aucune
🇫🇷 France ASN4G Missile nucléaire hypersonique Mach 8–10 1 000–1 500 km Statoreacteur (scramjet) Développement pour 2035 Nucléaire
🇮🇳 Inde Shaurya Missile quasi-balistique Mach 7.5 700–1 900 km Booster à propergol solide Opérationnel Nucléaire / conventionnelle
🇮🇳 Inde HSTDV Démonstrateur scramjet Mach 6 Testé sur 20 secondes Statoreacteur Essai réussi en 2020 Aucune

 

Image : Représentation d’artiste du planeur hypersonique V-MAX en plein vol.

Source : https://ariane.group/en/defence-systems/hypersonic-systems/

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