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La France prendra les rênes de la plus importante force de l’OTAN en juillet 2026

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Une répétition générale au goût de gravité. Au cœur d’un hiver stratégique, la France se prépare à un été de responsabilités. À compter du 1er juillet 2026, Paris dirigera les …

La France prendra les rênes de la plus importante force de l’OTAN au cœur de la tempête en juillet 2026

Une répétition générale au goût de gravité.

Au cœur d’un hiver stratégique, la France se prépare à un été de responsabilités. À compter du 1er juillet 2026, Paris dirigera les composantes terrestre et aérienne de la Force de réaction de l’OTAN.

Une charge lourde de sens à l’heure où les orages géopolitiques grondent à l’Est. Sur le terrain, dans les centres de commandement comme dans les têtes, tout se prépare dès maintenant. Et tout s’est cristallisé autour d’un nom : Steadfast Dagger 2025.

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La Force de réaction de l’OTAN (ARF) repose sur un commandement tournant confié chaque année à un pays membre, chargé de coordonner les forces terrestres, aériennes ou spéciales en alerte pendant douze mois. Ce cycle de rotation s’étale sur trois ans : une première année de préparation, une deuxième de certification via des exercices comme Steadfast Dagger, puis une année d’alerte opérationnelle. Le pays cadre fournit les états-majors, les unités principales et assure la coordination en cas de crise. Pour la période 2026–2027, la France dirigera à la fois la composante terrestre via la 3e division et la composante aérienne via le CDAOA, après avoir été certifiée par l’OTAN fin 2025.

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Stavanger, le centre d’entraînement des postes de commandement de l’Otan (Joint Warfare Centre)

C’est à Stavanger, dans le froid norvégien, que le général Éric Ozanne, à la tête de la 3e division, résume les enjeux. Son unité, forte de 23 000 soldats appuyés par 100 000 réservistes, doit prouver qu’elle peut, demain, commander une armée multinationale. Turcs, Espagnols, Grecs, Britanniques… Ce n’est pas un simple entraînement. C’est un saut d’échelle.

« On a dû passer d’un PC de division français à un PC de composante terrestre otanien », lâche-t-il, sobrement.

Traduction : intégrer 1 200 procédures, maîtriser les outils de commandement OTAN, parler un langage commun – militaire, numérique, stratégique.

À Lyon, l’aérien prend son envol

Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres au sud, le général Julien Fourneret coordonne les forces aériennes depuis le centre de Lyon-Mont Verdun. Là-bas, le CAPCODA, ce centre permanent de conduite des opérations aériennes, joue son rôle dans l’ombre. Travailler « depuis l’arrière du théâtre » permet de tenir dans la durée, d’analyser à froid, d’agir avec précision. Pour Steadfast Dagger, 150 aviateurs français se sont relayés 24 heures sur 24. Objectif : être certifiés OTAN, à temps, en conditions réelles.

Une force nouvelle, capable du pire

L’ARF, c’est le nom du nouveau bras armé de l’Alliance. Créée en 2024, elle remplace l’ancienne NRF, jugée trop rigide. Désormais, ce sont 300 000 soldats qui doivent pouvoir être projetés n’importe où, dans n’importe quelle condition, de la formation à la guerre de haute intensité.

Le rôle de la France ne sera donc pas seulement symbolique. Il faudra commander, décider, engager. « Il faut que ça marche », résume Fourneret. Le ton est direct. La mission, vitale.

Intégration, coordination, interopérabilité

Les mots sont techniques mais la réalité est humaine. « On fait travailler ensemble des commandements qui ne se connaissent pas, avec des cultures et des réflexes différents », explique Fourneret.

Cela signifie concrètement : apprendre à se comprendre, à anticiper, à agir ensemble. L’exercice Steadfast Dagger a rassemblé 1 200 personnels civils et militaires de plusieurs pays alliés. Le stress est réel, les enjeux aussi. Car comme le rappelle la Revue stratégique française, le risque d’un conflit majeur en Europe dans les trois à quatre prochaines années n’est plus une hypothèse lointaine.

Une montée en puissance assumée

Le général Ozanne ne le cache pas : cette transformation n’est pas seulement militaire, elle est culturelle. Il s’agit d’entrer pleinement dans une logique otanienne, d’adopter ses codes, ses procédures, son tempo. Ce travail a commencé depuis des mois. Et il est inspecté, validé, certifié par l’OTAN elle-même. En cas d’échec, la prise de commandement ne peut avoir lieu. Mais aujourd’hui, tous les voyants semblent au vert.

La France en première ligne

Juillet 2026. À cette date, la France prendra donc la tête des deux plus importantes composantes de l’ARF : le ciel, avec le CDAOA ; et la terre, avec la 3e division. Cela signifie être capable de réagir en 5 à 30 jours à une crise. C

ela signifie aussi représenter l’Europe dans sa capacité à se défendre collectivement. Un test grandeur nature, à un moment où les équilibres se déplacent.

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En résumé sur la Force de réaction de l’OTAN

Composante Unité française Rôle à partir de juillet 2026
Commandement terrestre 3e division Direction d’une force multinationale OTAN (23 000 hommes + 100 000 réservistes)
Commandement aérien Brigade des opérations aériennes / CDAOA Gestion des opérations aériennes OTAN via le centre CAPCODA de Lyon
Structure OTAN concernée ARF (Allied Reaction Force) Remplace la NATO Response Force depuis 2024, 300 000 hommes projetables
Exercice de certification Steadfast Dagger 2025 1 200 participants, certification opérationnelle, test d’interopérabilité

Source : Ministère des armées et des anciens combattants

Image : Site de l’OTAN

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