Le chantier Naval Group avance ses pions dans le dossier Orka, le futur programme de sous-marins polonais. Lors du salon MSPO 2025, un accord industriel a été signé avec les chantiers navals PGZ, posant les bases d’un partenariat franco-polonais solide.
Ce rapprochement va bien au-delà d’un simple contrat : il prévoit la construction partielle en Pologne, la formation de techniciens locaux et une coopération durable entre les deux pays.
Si la Pologne choisit les Scorpène, elle ne recevra pas seulement des sous-marins, mais aussi les moyens de les produire et de les entretenir elle-même.
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Une coopération qui se construit dans la durée
Le partenariat signé à Kielce prévoit une intégration progressive de la Pologne dans la chaîne industrielle de Naval Group. L’idée : produire sur place des parties du sous-marin, créer une capacité nationale d’entretien, et former des ouvriers et ingénieurs capables de maintenir les Scorpène sur plusieurs décennies. C’est une logique de souveraineté, qui séduit de plus en plus de pays alliés.
Un sous-marin pensé pour les mers peu profondes
Le Scorpène est un sous-marin d’attaque compact, taillé pour des environnements comme la mer Baltique : peu profonds, bruyants, saturés de trafic. Long de 70 mètres, il déplace environ 2 000 tonnes. Il peut rester immergé plusieurs jours grâce à une propulsion AIP fonctionnant avec des piles à combustible silencieuses. Son architecture modulaire permet d’adapter la production à différents chantiers navals.
Une arme multi-missions
Avec ses torpilles lourdes F21, ses missiles Exocet SM39 encapsulés et son système de combat SUBTICS, le Scorpène est capable de frapper en toute discrétion. Il peut aussi poser des mines ou insérer des commandos. Grâce à ses mâts optroniques non pénétrants et son sonar avancé, il reste difficile à repérer. C’est un outil polyvalent pour interdire l’accès à une zone ou surveiller un point sensible.
Une plateforme déjà éprouvée à l’export
Ce sous-marin est déjà en service en Inde, au Brésil, au Chili et bientôt en Indonésie. Cela garantit une chaîne d’approvisionnement robuste, une expérience d’exploitation avérée et une évolution technologique continue. En proposant à la Pologne d’entrer dans ce cercle, Naval Group veut bâtir une alliance industrielle sur le long terme.
Une réponse aux menaces sous-marines russes
La Pologne fait face à une équation simple : ses sous-marins actuels sont en fin de vie, et la Russie multiplie ses patrouilles dans la région. Kaliningrad n’est qu’à quelques centaines de kilomètres, et les fonds marins baltes abritent des infrastructures critiques : câbles, pipelines, réseaux. Le besoin d’une présence furtive et autonome sous l’eau devient stratégique.
Une vitrine pour l’industrie polonaise
Le chantier naval PGZ Stocznia Wojenna est en pleine modernisation. Ce partenariat permettrait de transférer des compétences dans l’assemblage de coques, l’électronique embarquée, les revêtements acoustiques. C’est aussi l’occasion de relocaliser une partie de la valeur ajoutée, au lieu de dépendre exclusivement des fournisseurs étrangers.
Une décision qui pourrait faire école en Europe
En signant cet accord avant même la sélection officielle du contrat Orka, Naval Group prend de l’avance. Cela envoie un signal fort : la France est prête à s’engager durablement, au-delà d’une simple vente d’armes. Si Varsovie opte pour le Scorpène, elle pourra déployer ses premiers sous-marins plus vite, avec un écosystème local déjà opérationnel.
Source : Naval Group