Les premiers chasseurs F-35A viennent d’atterrir sur la base aérienne de Florennes, symbolisant la plus grande modernisation de la flotte belge depuis la guerre froide. Ce choix stratégique, fait au détriment du Rafale et de l’Eurofighter, illustre la domination américaine sur le ciel européen et relance le débat sur l’autonomie militaire du continent.
Commandés en 2018, ces avions furtifs de 5ᵒ génération promettent de redéfinir les capacités aériennes du pays. Leur arrivée tardive, marquée par des retards techniques et des polémiques industrielles, n’en reste pas moins un tournant géopolitique majeur. Entre dépendance assumée et pari sur la supériorité technologique, la Belgique se place désormais dans le mur de feu des “F-35 européens”.
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Une arrivée chargée de symboles
Ils ont enfin atterri. Les premiers F-35A belges sont arrivés à Florennes, acclamés comme le début d’une nouvelle ère. Fini les bons vieux F-16, place à des chasseurs furtifs, taillés pour la guerre moderne. Le général Frederik Vansina, patron de la Défense, a parlé de « mur européen de F-35 ». Une façon de dire que l’OTAN ne rigole plus avec sa supériorité aérienne. Ces avions, capables de voler à 1 930 km/h, sont invisibles ou presque. Et surtout, ils parlent tous le même langage numérique que les alliés.
Un choix lourd de conséquences
La décision remonte à 2018 : 34 appareils commandés, pour 4,3 milliards d’euros. Puis, surprise en 2025 : la Belgique veut en acheter 11 de plus. Pas un simple caprice, mais la volonté de s’aligner sur les standards OTAN. Pourtant, Paris avait mis le paquet : promesse d’emplois, coopération industrielle, milliards sur la table. Mais Bruxelles a misé sur la furtivité et l’intégration. Est-ce que c’est une perte pour l’Europe ? Peut-être. Mais pour la Belgique, c’est un pari sur l’avenir, américain.
Programme | Origine | Commande | Montant estimé | Livraison |
F-35A | USA | 45 | 5,6 Mds € | 2025-2030 |
Rafale F4 | France | 0 | – | – |
Eurofighter | UE | 0 | – | – |
Des retards et des bugs
Tout n’a pas été rose. En 2023, la Belgique a refusé les premiers appareils jugés trop instables. 800 défauts techniquesrecensés dans le programme mondial… et toujours pas résolus pour certains. Même les Marines US et la Corée du Sud se sont plaints. À force de viser la perfection, on accumule les bugs. Et les retards. Mais avec le logiciel Block 4 (toujours en retard aussi), tout devrait rentrer dans l’ordre… un jour.
Un cerveau de guerre volante
Ce qui fait la différence, c’est l’intelligence embarquée. Le F-35, c’est plus qu’un avion, c’est un super-cerveau qui capte tout et voit tout. Radars, infrarouge, satellites, il intègre toutes les données du champ de bataille et les partage avec les alliés. Il peut neutraliser une cible sans même tirer, juste en transmettant l’info. Et tout ça, en réseau avec les autres F-35 du continent. La guerre devient un jeu de data.
Un avion performant mais à quel prix ?
Le F-35 coûte cher. Très cher. 130 millions d’euros l’unité, sans les options. Et 30 000 €/heure de vol, soit le triple d’un F-16. Mais surtout, le système de maintenance ALIS dépend totalement des serveurs américains. Impossible de bricoler dans son coin. Tout passe par Lockheed Martin. Pour une armée qui parle souvent de souveraineté, c’est un choix très engageant. Certains voisins commencent à s’en inquiéter.
Une OTAN plus forte, une Europe divisée
Les pays qui ont opté pour le F-35 se comptent sur les doigts d’une carte de l’OTAN : Pays-Bas, Italie, Finlande, Danemark… et maintenant la Belgique. Une superflotte européenne, oui, mais sous leadership américain. Cela affaiblit les programmes concurrents, comme le FCAS franco-allemand ou le Tempest britannique. La stratégie belge est claire : être opérationnelle aujourd’hui, pas dans 20 ans.
Un signal fort dans un monde instable
En misant sur le F-35, la Belgique fait plus qu’un achat : elle prend position. Le monde change, la guerre en Ukraine l’a montré. Les alliances comptent plus que jamais. Et Bruxelles choisit clairement son camp. Les F-35 seront là jusqu’en 2070 au moins. Avec eux, des emplois, des contrats, de la visibilité internationale. Mais aussi des dépendances, et des choix à assumer.
Source : Ministère belge de la Défense