Actualité

Actualité internationale

Armées

Armées de l'air

La France et l’Allemagne s’affrontent en coulisses pour le contrôle du chasseur du futur, mais un accord secret pourrait tout relancer avant 2026

Publié le

Said LARIBI

Said LARIBI

• Temps de lecture

placeholder

Le programme FCAS, censé incarner l’avenir de l’aviation de combat européenne, traverse une phase critique. Derrière les sourires diplomatiques, Paris et Berlin cherchent une sortie de crise avant la fin …

La France et l’Allemagne s’affrontent en coulisses pour le contrôle du chasseur du futur, mais un accord secret pourrait tout relancer avant 2026

Le programme FCAS, censé incarner l’avenir de l’aviation de combat européenne, traverse une phase critique. Derrière les sourires diplomatiques, Paris et Berlin cherchent une sortie de crise avant la fin de l’année, alors que les industriels s’étripent sur le partage du travail.

Le chasseur du futur censé remplacer les Rafale et Eurofighter n’est toujours qu’un concept, et le temps file. Le projet FCAS, initié en 2017, est à un tournant crucial : ou bien la France et l’Allemagne s’entendent enfin sur les rôles de leurs industriels, ou bien le calendrier de 2040 dérape définitivement. Derriere l’affichage d’unité, les tensions sont réelles, et les armées ne veulent plus attendre.

A lire aussi :

Une coopération politique sous pression

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius l’a confirmé le 24 juillet à Osnabrück : l’objectif est de « clarifier la situation d’ici la fin de l’année ». Face à son homologue français Sébastien Lecornu, il a reconnu que les discussions entre industriels se heurtaient à des intérêts nationaux très affirmés. Les gouvernements veulent reprendre la main sur le dialogue, pour que le FCAS reste un projet franco-allemand stratégique, et non une usine à gaz bloquée par les égos.

Le Royaume-Uni se replace dans la course aux drones militaires avec un nouveau record mondial pour ce kamikaze inspiré de la course automobile

Des industriels en guerre froide

Le blocage principal vient du duel entre Dassault Aviation (France) et Airbus Defence & Space (Allemagne/Espagne), chargés de développer le futur avion. Dassault réclame le leadership sur le jet, notamment sur le pilotage du prototype, tandis qu’Airbus veut un partage plus équilibré. Résultat : retards en cascade, maquettes figées, et calendrier compromis. Eric Trappier, PDG de Dassault, répète que le démonstrateur ne sera prêt qu’en 2030 si les tensions persistent.

Des exigences militaires très différentes

Derrière les négociations techniques se cachent des divergences profondes. La France veut un avion compatible avec ses porte-avions et capable d’emporter l’arme nucléaire. L’Allemagne, elle, insiste sur la connectivité avec les systèmes OTAN et sur un design plus modulaire. Chaque armée veut un outil adapté à ses doctrines, ce qui complique la convergence vers un modèle unique. Le besoin opérationnel prime, selon Lecornu.

Une maquette du chasseur de nouvelle génération (NGF) du Future Combat Air System (FCAS) exposée au Salon du Bourget
Une maquette du chasseur de nouvelle génération (NGF) du Future Combat Air System (FCAS) exposée au Salon du Bourget (Source : Paris Air Show X)

Un calendrier sous haute tension

Initialement prévu pour 2040, le FCAS pourrait ne voler qu’en 2045 si les retards s’accumulent. Le démonstrateur, attendu en 2027, est déjà en glissement. Toute dérive de trois à cinq ans serait un risque majeur pour la compétitivité européenne, alors que les programmes américains (NGAD) et asiatiques (FX, GCAP) avancent rapidement. Paris propose de réexaminer la répartition du travail pour sauver les délais, mais sans l’accord de Berlin, rien ne bougera.

Un projet entre coopération et souveraineté

Lecornu a martelé que ce projet devait avant tout servir les forces armées, pas les industries. L’armement reste une compétence régalienne, et Paris veut garantir sa souveraineté sur les briques technologiques clés, notamment la propulsion, l’intégration système et le cockpit. L’Allemagne, de son côté, demande des garanties sur les exportations futures, afin de ne pas voir ses livraisons bloquées pour des raisons politiques.

Un signal attendu avant décembre

La réunion d’Osnabrück a permis aux deux ministres de donner des instructions claires aux agences d’armement et aux industriels pour sortir du blocage. Le deuxième semestre 2025 sera décisif. Si aucun compromis n’est trouvé, le projet pourrait être ralentit, voire paralysé. Mais les deux capitales savent qu’elles jouent leur crédibilité industrielle et stratégique dans cette coopération.

La France bat l’Angleterre sur le fil et décroche un contrat de 6,7 milliards d’euros pour développer le moteur du futur avion de combat de 6e génération de l’Inde

Le FCAS au cœur d’un jeu plus large

En parallèle, Paris et Berlin travaillent aussi sur le MGCS, le char du futur, prévu pour 2040. Les deux projets sont perçus comme liés politiquement. Un échec du FCAS fragiliserait le reste de la coopération de défense européenne. Dans un contexte de guerre en Ukraine et de reconfiguration des alliances, les retards sur le chasseur pourraient faire basculer l’Europe dans une dépendance technologique prolongée.

Source : Déclaration du ministre de La Défense allemand Boris Pistorius

Tags

avion

France

À propos de l'auteur, Said LARIBI