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La France est la première au monde à avoir eu cette idée pour le champ de bataille qui pourrait redéfinir la guerre moderne : une micro-usine à drones

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’essor d’une micro-usine sur roues : une révolution tactique. Une micro-usine mobile, mise au point par la start-up Per Se Systems, s’est récemment invitée sur le front. Son atout : fabriquer …

La France est la première au monde à avoir eu cette idée sur le champ de bataille qui pourrait booster ses ventes à l'international : une micro-usine à drones

L’essor d’une micro-usine sur roues : une révolution tactique.

Une micro-usine mobile, mise au point par la start-up Per Se Systems, s’est récemment invitée sur le front. Son atout : fabriquer des drones de combat en trois heures seulement ! Ces drones, de type FPV, apportent un gain opérationnel considérable.

Installée dans une remorque, la micro-usine combine plusieurs imprimantes 3D, capables de sortir jusqu’à dix drones par heure lorsque toutes tournent à plein régime. De quoi alimenter les lignes de front sans dépendre des chaînes de production classiques, souvent trop rigides ou vulnérables.

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Fondée en 2023 par Paul Pelletier et Julian Faraut, l’entreprise avait d’abord séduit le 3ᵉ régiment d’infanterie de marine en démontrant les performances de ses premiers prototypes. Dans la foulée, le 17ᵉ groupe d’artillerie a confié à la jeune pousse une mission : développer un drone-cible pour l’entraînement.

Résultat : le SL450, un petit bijou technologique conçu en quelques semaines seulement, capable de voler de manière autonome et de servir de cible mouvante lors des tirs réels. Une efficacité qui a rapidement convaincu les militaires de l’intérêt d’un système encore plus ambitieux.

Des caractéristiques pensées pour la ligne de front

La micro-usine a été pensée pour survivre dans un environnement militaire rude. Son autonomie énergétique est assurée par un groupe électrogène, offrant 19 heures de production ininterrompue.

L’air intérieur est filtré grâce à un extracteur de fumée, indispensable pour protéger les opérateurs. La remorque est équipée d’un panneau solaire qui alimente un éclairage discret, essentiel pour rester sous les radars ennemis. Le tout, tracté par un véhicule léger : adieu les camions avec grues hydrauliques.

Ces détails donnent une idée précise des choix techniques opérés par Per Se Systems : simplicité, résilience et adaptabilité, même sur des terrains hostiles.

Une autonomie stratégique pour l’armée

Cette initiative répond à un enjeu majeur : disposer d’une capacité de production sur site, indépendante des flux industriels traditionnels. Les drones FPV sont devenus des consommables de première ligne. Leur emploi massif en Ukraine a révélé une limite nette des chaînes d’approvisionnement classiques : la lenteur et la vulnérabilité.

Sur certains secteurs du front, plusieurs centaines de drones sont employés chaque jour. Un chiffre qui atteint jusqu’à 10 000 par mois selon certaines estimations. Or, la demande dépasse largement les capacités de production centralisée.

Face à ce constat, Per Se Systems parie sur un modèle où chaque zone de combat pourrait disposer de sa propre unité de production, adaptant la fabrication aux besoins immédiats des soldats.

Une évolution de doctrine militaire

Le soutien du commandement du 17ᵉ groupe d’artillerie à cette innovation traduit un glissement doctrinal. L’armée française explore les pistes de la guerre distribuée : produire vite, partout et sans dépendance.

Le recours à cette micro-usine illustre une conviction : la supériorité tactique ne se limite plus aux équipements sophistiqués. Elle passe aussi par la capacité à répondre aux imprévus logistiques et à l’usure constante du matériel en situation de combat.

Cela implique une redéfinition de l’arsenal militaire, où la rapidité de production est un facteur aussi décisif que la qualité des technologies employées.

Le défi de la montée en cadence

Tout n’est pas encore réglé. Si le concept est séduisant, il reste à voir s’il peut tenir la cadence sur la durée. Dix drones par heure, c’est un bon début, mais il faudra des dizaines, voire des centaines de micro-usines pour couvrir les besoins d’un conflit de haute intensité.

Per Se Systems en est consciente. La start-up travaille déjà sur des brevets pour améliorer l’intégration des systèmes et réduire la dépendance aux composants chinois des premiers modèles. Le but : un drone 100 % français, de la conception au dernier coup de clé.

La déclinaison civile de cette technologie n’est pas à écarter. Produire des pièces critiques dans des zones urbaines ou pour des missions de secours, par exemple. Une piste qui pourrait transformer la manière dont les industriels et les militaires envisagent la fabrication d’urgence.

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron