Un système franco‑italien déjà en Ukraine aurait intercepté des missiles russes que le Patriot n’a pas pu arrêter et cela change tout pour l’Europe de la défense.
Alors que les frappes russes s’intensifient sur l’Ukraine, les batteries SAMP/T livrées aux forces ukrainiennes ont livré des résultats surprenants. Le chef d’état‑major français n’a pas hésité à dire que ce système « fonctionne mieux que le Patriot ». Un prétendu glissement qui questionne l’équilibre traditionnel entre sources d’armement.
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Une capacité balistique exceptionnelle revendiquée
Selon le général Fabien Mandon, les systèmes SAMP/T présents en Ukraine auraient intercepté des missiles balistiques russes modernes, là où plusieurs batteries Patriot auraient montré leurs limites. Cette affirmation repose notamment sur le fait que la version utilisée comprend les missiles Aster 30 Block 1 ou Block 1 NT les seuls de la famille Aster capables officiellement d’intercepter des menaces balistiques. Pour le Patriot, des modifications récentes d’armes russes notamment les 9K720 Iskander auraient réduit ses taux d’interception : variations de trajectoire, leurres, manœuvres en phase terminale. Si le SAMP/T tient la promesse, cela pourrait marquer une vraie bascule technologique.
Les atouts techniques mis en avant
Le SAMP/T affiche une couverture radar à 360 °, ce qui est souvent présenté comme un avantage face au radar sectoriel du Patriot. En matière de portée, les Aster 30 Block 1NT sont annoncés pour intercepter des missiles balistiques tactiques à plusieurs centaines de kilomètres même si les chiffres exacts restent en partie classifiés. Le Patriot PAC‑3 MSE et versions antérieures sont réputés pour leur efficacité mais avec certaines limites face aux menaces modernes. Enfin, l’intégration numérique, la résilience face au brouillage et la vitesse de réaction sont mises en avant comme des points forts du système européen.
Pourquoi cette comparaison pose problème
Plusieurs experts pointent des failles dans l’argumentaire :
- Le SAMP/T livré à l’Ukraine utilise souvent la version Aster 30 Block 0 ou Block 1, qui possède une capacité balistique limitée
- Les stocks de missiles pour SAMP/T en Ukraine seraient épuisés, ce qui limite l’appui opérationnel
- Le Patriot a été déployé à grande échelle et dans des théâtres très variés, ce qui lui donne un recul d’expérience plus large. Donc, même si le SAMP/T brille par certains retours, il ne faut pas encore en faire le champion incontesté.
Tableau de comparaison rapide
| Système | Couverture radar | Capacité balistique | Exportations / utilisateurs | Note principale |
| SAMP/T (Europe) | 360° | Moyenne à élevée* | France, Italie, Ukraine… | Mise en avant comme « meilleur que Patriot » |
| Patriot (USA) | Sectoriel (~150°) | Élevée | Plus de 20 pays | Référence mondiale, mais questionné |
* Varie selon la version Aster 30 (Block 0, Block 1, Block 1NT)

Les défis à franchir
Tout n’est pas gagné pour le SAMP/T. Le système doit encore relever plusieurs épreuves :
- Production : La montée en cadence pour les Aster 30 est complexe.
- Interopérabilité : Le Colorado entre alliés dépend encore de la chaîne logistique américaine et arrière‑source.
- Adversaires adaptatifs : L’évolution des missiles russes impose une adaptation continue.
Ainsi, l’écart ne se comble pas simplement par une affirmation de supériorité.

Une dynamique industrielle pour l’Europe
Si le SAMP/T confirme ses performances, l’Europe pourrait réduire sa dépendance vis‑à‑vis des systèmes américains et renforcer sa souveraineté technologique. Certains États ont déjà préféré le SAMP/T NG ou envisagent de le faire. Côté coût, la logique est aussi favorable : un système européen permet de circuler dans des logiques d’achat plus proches pour certains alliés. Cette dynamique pourrait peser dans les décisions d’équipement des prochaines années.
Impact stratégique pour les futures alliances
Avec un système qui « marche mieux que le Patriot », même dans des conditions opérationnelles dures, l’équilibre stratégique pourrait basculer. L’heure est à la vigilance : le SAMP/T est sous les projecteurs, le Patriot doit se réinventer. Les systèmes de défense anti‑missile ne seront plus un simple appendice, mais un pilier stratégique.
Un marché mondial en pleine expansion
Derrière les débats techniques et les performances sur le terrain, il y a donc un enjeu industriel colossal. En 2024, le marché mondial des systèmes de défense aérienne au sens « large » soit tout ce qui touche aux radars, missiles sol-air, plateformes de tir, commandement et contrôle, pesait déjà 87,6 milliards de dollars (75,8 milliards d’euros).
Selon les projections de Fortune Business Insights, il devrait grimper à 154,8 milliards de dollars d’ici 2032 (environ 13 milliards d’euros), soit une croissance de près de 80 % en huit ans ! Cette envolée n’est pas due au hasard : elle reflète l’accélération des programmes de défense partout dans le monde, face aux menaces balistiques, aux drones armés, et aux missiles de croisière furtifs. Dans cette course, quelques grands noms se disputent les contrats : Raytheon (Patriot), MBDA/Eurosam (SAMP/T), Lockheed Martin (THAAD), Rafael (David’s Sling, Iron Dome), ou encore Diehl Defence (IRIS-T SLM).
Chaque système a ses forces, ses doctrines, ses zones d’influence. Et dans cette bataille commerciale autant que stratégique, le terrain ukrainien sert aujourd’hui de banc d’essai à ciel ouvert.
Sources :
- Defense express
- Fortune Business Insights