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La France a pris une décision radicale concernant son supercalculateur Asgard qui suit une voie différente de celle empruntée par les Etats-Unis

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Asgard : le supercalculateur qui donne à l’armée française une avance décisive en intelligence artificielle militaire Depuis septembre 2025, le supercalculateur classifié Asgard opère dans l’ombre d’un site militaire sécurisé …

La France a pris une décision radicale concernant son supercalculateur Asgard qui suit une voie différente de celle empruntée par les Etats-Unis

Asgard : le supercalculateur qui donne à l’armée française une avance décisive en intelligence artificielle militaire

Depuis septembre 2025, le supercalculateur classifié Asgard opère dans l’ombre d’un site militaire sécurisé près de Paris.
Nourri de données brutes issues des radars, drones, capteurs sous-marins ou satellites, il entraîne, renforce et déploie les intelligences artificielles militaires françaises en conditions réelles.
Dans un monde où la guerre se joue aussi dans les câbles et les modèles d’apprentissage, la France vient de poser une pièce maîtresse sur l’échiquier mondial.

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Asgard, un cerveau numérique sous haute sécurité

Asgard n’est pas connecté à Internet. Il vit dans une enclave physique compartimentée, protégée par un réseau air-gappé et un système d’identité militaire rigide. Chaque nœud de calcul est isolé. Chaque processus est journalisé et chaque interaction humaine est contrôlée.

Pourquoi ? Parce que les données qu’il traite ne peuvent ni transiter sur un cloud public, ni être anonymisées sans perdre leur valeur. Il ne s’agit pas de clips d’entraînement artificiels, mais de captures brutes en environnement opérationnel :

  • Frappes radar multipulses,
  • Échos acoustiques maritimes,
  • Flux vidéo embarqué en zone de combat,
  • Signatures électromagnétiques en contexte de brouillage.

En somme, la réalité de la guerre, sans filtre. C’est cette matière première qu’Asgard ingère, analyse et utilise pour faire évoluer ses modèles d’IA.

Un triomphe français et un camouflet infligé aux Etats-Unis à 7,9 milliards d’euros avec la décision de ce pays nordique d’opter pour le missile SAMP/T

Un outil pour raccourcir la boucle entre terrain et logiciel

Chaque minute passée sur le terrain génère des gigaoctets de données. Jusqu’ici, leur traitement était lent, éclaté entre laboratoires. Désormais, Asgard permet aux équipes IA de tester, valider et redéployer leurs algorithmes en quelques jours.

Prenons un exemple concret : un algorithme de détection de drones par signature acoustique et radio.
Avant Asgard, il fallait :

  • Collecter les données sur le terrain,
  • Les anonymiser,
  • Les envoyer à un centre autorisé,
  • Attendre un créneau de calcul,
  • Et réintégrer manuellement les modèles dans les outils de terrain.

Aujourd’hui, les scientifiques embarqués peuvent tester plusieurs variantes en parallèle, comparer les performances, et renvoyer la meilleure version sur le terrain avant même la fin de l’exercice en cours.

C’est là que réside la puissance d’un supercalculateur souverain : dans la vitesse de la boucle de rétroaction entre ce que voient les soldats et ce que comprend la machine.

Une architecture pensée pour la guerre moderne

À l’intérieur, Asgard aligne des grappes d’accélérateurs IA, connectées par un réseau à très faible latence. L’objectif : permettre des entraînements massifs, sur plusieurs semaines, avec des batchs de données gigantesques.

Ses principales caractéristiques :

  • Mémoire à très large bande passante,
  • Système de fichiers parallèle, capable d’ingérer des dizaines de To de données multispectrales,
  • Stockage adapté à la relecture complète de missions ISR, y compris vidéo plein format, images SAR et captures infrarouges brutes,
  • Isolation physique des plans de service, pour empêcher tout croisement involontaire.

C’est l’outil idéal pour entraîner des modèles de fusion capteurs, reconnaître des cibles dans le brouillard, résister à la saturation électronique. Et surtout, pour préparer l’arrivée des systèmes autonomes sur le champ de bataille.

Un pari stratégique face au modèle américain

Le modèle américain mise sur l’élasticité cloud, avec des enclaves classifiées, mais réparties entre plusieurs opérateurs privés et bases militaires.
La France, elle, fait un autre choix : concentrer la puissance de calcul dans un site unique, sous contrôle total du ministère des Armées.

Voici les deux philosophies comparées :

Modèle Points forts Risques
États-Unis
Cloud classifié hybride
Évolutivité immédiate
Multiplicité des opérateurs
Écosystème commercial dense
Dépendance industrielle
Complexité de gestion
Risques juridiques transnationaux
France
Supercalculateur souverain unique
Contrôle total
Stabilité d’accès
Protection juridique nationale
Capacité fixe
Dépendance matérielle à long terme
Montée en charge plus lente

Asgard est donc un pari stratégique, mais aussi une déclaration d’indépendance technologique.

Une IA pour tous les étages de l’armée

Ce supercalculateur ne s’adresse pas qu’aux services de renseignement. Il permet d’optimiser :

  • Le ciblage air-sol en vision optique, infrarouge et radar
  • La classification des émetteurs en guerre électronique
  • La reconnaissance acoustique en milieu marin
  • La planification logistique prédictive en environnement dégradé
  • La coordination de drones autonomes dans des essaims tactiques

Des performances très concrètes ont déjà été notées :

  • Moins de fausses alertes,
  • Transfert de cible plus rapide,
  • Algorithmes plus stables en conditions réelles,
  • Rendement logistique augmenté par la prédiction basée sur usage réel.

Une souveraineté calculée, une ambition assumée

En installant Asgard, la France se dote d’un outil stratégique qui vaut autant qu’un nouveau satellite ou qu’un sous-marin nucléaire.
Elle envoie un message clair :

“Nous n’attendrons pas que d’autres nous livrent leur IA. Nous la construirons, sur nos données, dans nos murs.”

Asgard devient ainsi le cœur battant de l’intelligence militaire française, un pont entre le soldat de terrain, l’ingénieur de données et l’état-major stratégique.
Une IA pensée pour les conflits du XXIe siècle : imparfaite, mais rapide ; puissante, mais encadrée ; souveraine, et non sous licence.

En déclin industriel la France ? Cette entreprise française va pourtant battre un record mondial dans ce domaine stratégique : les câbles sous-marins

Comparatif international des supercalculateurs militaires en 2025

Pays Nom / Site Puissance estimée Usage principal Particularité stratégique
🇫🇷 France Asgard (site classifié près de Paris) ≈ 40–60 PFLOPS (classifié) IA militaire, fusion ISR, guerre électronique, drones autonomes Air-gappé, souverain, spécialisé IA, unique en Europe
🇺🇸 États-Unis HPCMP clusters (DoD + labos DOE, ex: Wright-Patterson, Aberdeen, Oak Ridge) > 400 PFLOPS cumulés Simulations d’armes, conception de missiles, apprentissage IA tactique Architecture distribuée, hybride cloud classifié (JWCC), multi-agences
🇨🇳 Chine Tianhe / Oceanlight (Liangxiang, Jinan) > 1 EFLOP théorique (non vérifié) Simulation nucléaire, décryptage, IA militaire, reconnaissance faciale Fort cloisonnement, usages civils/militaires flous, ressources massives
🇷🇺 Russie Chebyshev / Avangard (FPI, GRU, bases fermées) ≈ 5–10 PFLOPS estimés Modélisation balistique, guerre électronique, drones et hypersonique Technologie souvent dérivée, forte dépendance à l’industrie nationale
🇮🇳 Inde PARAM Siddhi-AI (DRDO + C-DAC) 11.7 PFLOPS (Rpeak) Simulation d’essais d’armes, IA pour surveillance frontalière Développé localement, usage mixte défense/civil
🇮🇱 Israël Barak-2 Cluster (non officiel) ≈ 3–5 PFLOPS (non confirmé) IA pour reconnaissance faciale, détection d’attaques, fusion capteurs Ultra spécialisé dans la surveillance tactique et urbaine
🇬🇧 Royaume-Uni Project Aurora (Defence AI Centre) ≈ 20–30 PFLOPS (en montée) Support au programme Tempest, IA sur capteurs embarqués Structure semi-centralisée, cloud hybride OTAN-compatible

 

Source : AMIAD – Agence Ministérielle pour l’IA de Défense

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