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La Chine construit le plus grand cristal laser du monde pour détruire des satellites depuis le sol

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un cristal pour percer le ciel : la Chine invente une arme laser capable de viser les satellites Une chaleur de 1 020 degrés, un mois de croissance lente, une …

La Chine construit le plus grand cristal laser du monde pour détruire des satellites depuis le sol

Un cristal pour percer le ciel : la Chine invente une arme laser capable de viser les satellites

Une chaleur de 1 020 degrés, un mois de croissance lente, une précision au micron, et au bout… un cristal capable de résister à 550 mégawatts par centimètre carré. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est le nouveau record établi par la Chine dans le domaine des matériaux laser. Le cristal en question ? Du séléniure de gallium et de baryum (BGSe). Sa taille ? 60 mm de diamètre, un exploit mondial dans cette catégorie. Et sa mission ? Peut-être détruire un satellite depuis le sol.

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Un cristal qui change la donne dans l’infrarouge

Le BGSe est un cristal non linéaire : il transforme un faisceau laser infrarouge court en un rayonnement plus long, entre moyen et lointain infrarouge. Pourquoi est-ce important ? Parce que ces longueurs d’onde traversent l’atmosphère avec beaucoup moins de pertes, y compris sous mauvais temps, et sur des centaines de kilomètres.

Dans un contexte militaire, cela veut dire qu’un laser au sol pourrait atteindre une cible dans l’espace, sans que l’énergie ne soit trop absorbée ou déviée. Ce qui était jusqu’ici limité par les matériaux eux-mêmes : la chaleur détruisait les composants bien avant que le faisceau ne sorte du canon.

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Une résistance record : 10 fois plus que les matériaux militaires classiques

Le cristal développé par l’Académie chinoise des sciences, à Hefei, supporte jusqu’à 550 mégawatts/cm². Pour comparaison, la plupart des matériaux utilisés dans les systèmes laser militaires atteignent à peine 50 mégawatts/cm². En clair, ce cristal résiste à dix fois plus d’énergie, sans se fissurer, fondre ou se déformer. Un bond technologique aussi discret qu’impressionnant.

Ce record n’est pas le fruit du hasard : il a fallu dix ans de recherche, des températures extrêmes, des mois de refroidissement lent, et un environnement sous vide poussé pour éviter la moindre inclusion d’oxygène ou d’humidité. Chaque étape est chronométrée : 1 020 °C pour la fusion, 500 °C pour l’recuit (annealing), et une descente de température à 5 °C par heure. Autant dire que l’erreur n’est pas permise.

Une fabrication aussi exigeante que l’optique spatiale

Une fois le cristal formé, il faut encore le polir, tailler, stabiliser. Des scies diamantées, une pâte d’oxyde de cérium, des dizaines d’heures de travail pour obtenir une transparence parfaite et une homogénéité interne irréprochable. Un seul défaut et le laser peut se disperser ou exploser le matériau.

Le plus étonnant ? Les laboratoires occidentaux n’ont pas encore réussi à produire ce matériau à grande échelle. Depuis sa découverte en 2010 par des chercheurs chinois, le BGSe intrigue, mais reste inaccessible dans ses grandes dimensions. Ce qui place Pékin en avance dans la course aux armes à énergie dirigée.

Un usage militaire très probable… mais non revendiqué

Officiellement, le rapport chinois parle d’applications civiles : détection infrarouge hypersensible, imagerie médicale, capteurs spatiaux. Mais tout dans la nature du cristal – sa résistance, ses longueurs d’onde, sa taille – correspond à un profil militaire. D’autant plus que l’histoire récente rappelle les limites de cette technologie : en 1997, un essai laser de la marine américaine avait échoué… à cause de la destruction du cristal interne par la chaleur.

Cette avancée pourrait permettre à la Chine de relancer discrètement ses programmes d’armes laser sol-espace, capables de désactiver temporairement un satellite, d’aveugler un capteur optique ou même de vaporiser une antenne.

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Une compétition mondiale dans le silence

L’Europe, les États-Unis, la Russie, Israël, tous investissent dans les lasers militaires. En orbite basse, il n’y a pas que des satellites météo : il y a aussi du renseignement, de la navigation militaire, des liaisons stratégiques. Un pays capable de neutraliser ces satellites sans missile… devient un acteur majeur de la dissuasion non-nucléaire.

À titre de comparaison, le laser ZEUS de l’Université du Michigan, l’un des plus puissants du monde, repose sur un cristal de saphir dopé au titane de 17 centimètres. Il a fallu quatre ans pour le produire. La Chine, elle, a atteint un diamètre de 6 cm en moins d’un an. Et ce n’est probablement qu’un début.

Résumé en chiffres

Élément Valeur
Cristal BGSe (séléniure de gallium et de baryum)
Diamètre 60 mm
Seuil de résistance 550 MW/cm²
Température de fusion 1 020 °C
Refroidissement 5 °C/h sur plusieurs semaines
Applications civiles Imagerie médicale, détection IR
Applications militaires (probables) Lasers sol-espace, brouillage satellite, guerre électronique
Avance stratégique Première production réussie à cette échelle, devant les États-Unis et l’Europe

 

Image : Représentation d’artiste d’un laser détruisant un satellite depuis la terre (réalisée à l’aide de Canva)

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