Pendant que le monde regardait ailleurs, la Chine vient de faire décoller trois avions depuis son nouveau porte-avions Fujian grâce à une technologie ultra-sophistiquée que seuls les États-Unis maîtrisaient jusque-là.
C’est dans une brume épaisse au large de la mer de Chine que le Fujian a donné le signal. Ce nouveau monstre naval chinois vient d’entrer dans l’histoire avec une première mondiale : le lancement d’un chasseur furtif de 5e génération via une catapulte électromagnétique (aussi appelé EMALS).
Cette fois, la Chine n’imite plus : elle prend l’initiative et défie. L’événement n’est pas qu’une démonstration de muscles. C’est un tournant stratégique, avec des implications profondes pour Taïwan, le Pacifique, et l’équilibre global entre Washington et Pékin.
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EMALS, une technologie de rupture maîtrisée
Depuis des années, les deux premiers porte-avions chinois – le Liaoning et le Shandong – servaient surtout à former des pilotes et à tester les tactiques. Leur limite ? Des rampes inclinées type “ski-jump”, efficaces, mais contraignantes. Les avions devaient décoller à moitié chargés, limitant leur rayon d’action et leur puissance de feu. Le Fujian change radicalement la donne. Il est équipé d’un système de lancement électromagnétique, le fameux EMALS, utilisé jusque-là uniquement par l’USS Gerald R. Ford américain. Grâce à cette technologie, les avions peuvent décoller à pleine charge, avec tous leurs réservoirs remplis et leurs missiles prêts à l’emploi.
Résultat : une autonomie doublée, et une capacité de frappe portée à près de 2 000 km. Ce n’est plus un outil de dissuasion régionale. C’est une arme de projection globale.
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Une triple démonstration parfaitement orchestrée
Ce n’était pas un simple test technique. C’était un spectacle chorégraphié, savamment capté par les caméras de la télévision d’État. Trois appareils se sont succédé sur le pont :
- Le J-35, un chasseur furtif de cinquième génération conçu pour échapper aux radars occidentaux.
- Le J-15T, version adaptée pour la catapulte, dérivée du Su-33 russe.
- Le KJ-600, avion de surveillance avancée, l’œil du ciel chinois.
Les trois ont décollé et atterri sans incident, prouvant que le système EMALS fonctionne. Et surtout que le Fujian est prêt. Plus qu’un prototype, c’est un véritable porte-avions opérationnel, capable de mener des opérations complexes.
Une entrée dans la flotte chinoise qui approche à grands pas
Dans les cercles militaires, personne n’a été vraiment surpris par la réussite du test. Ce qui étonne, c’est la vitesse à laquelle tout s’est enchaîné. Le Fujian a été mis à flot en 2022. Moins de trois ans plus tard, il est prêt à entrer dans la marine chinoise.
Il ne reste plus que quelques étapes :
Étape | Date estimée |
Fin des tests EMALS | Automne 2025 |
Exercices interarmées | Hiver 2025-2026 |
Certification complète | Printemps 2026 |
Intégration dans la flotte | Été 2026 au plus tard |
Si Pékin tient ce calendrier, il pourrait disposer dès l’année prochaine de l’un des porte-avions les plus avancés au monde, capable de rivaliser frontalement avec ceux de l’US Navy.
L’EMALS américain n’a pas encore fait décoller d’avion de 5e génération
Ironie de l’histoire : la technologie de catapulte électromagnétique (EMALS), qui permet au Fujian d’enchaîner les décollages à pleine charge, a d’abord été développée aux États-Unis, et équipe déjà leur dernier fleuron, l’USS Gerald R. Ford. Sauf que… contrairement aux Chinois, les Américains n’ont jamais encore lancé d’avion furtif comme le F-35C depuis cette fameuse catapulte sur un de leurs propres porte-avions !
En cause : des retards à répétition, des bugs logiciels, et des désaccords internes sur les priorités de l’US Navy. Résultat : la Chine a grillé la priorité, réalisant la première mondiale hors Amérique d’un décollage catapulté d’un avion de 5e génération depuis un porte-avions. Une avance symbolique ? Non, stratégique. Car dans une guerre aéronavale, celui qui catapulte vite, lourd et loin… dicte le tempo.
Mais un détail fait encore tache : l’autonomie
C’est peut-être là que réside encore la faille du Fujian. Contrairement à ses homologues américains, il n’est pas propulsé par un réacteur nucléaire. Il dépend de carburants classiques, ce qui signifie qu’il doit faire le plein régulièrement, soit en escale, soit via des tankers en mer. Un porte-avions nucléaire comme ceux de la classe Nimitz ou Gerald R. Ford peut rester plusieurs mois en mer, limité uniquement par l’eau et la nourriture pour l’équipage. Le Fujian, lui, devra s’arrêter bien plus souvent. Cela ne remet pas en cause sa capacité à frapper, mais cela limite sa liberté d’action à très longue distance. On murmure déjà que le prochain porte-avions chinois pourrait enfin passer au nucléaire. Mais pour l’instant, c’est la logistique qui freine encore son envol stratégique.
L’Amérique reprend le dialogue
Pendant ce temps, une délégation du Congrès américain s’est rendue à Pékin. Une visite rare, la première du genre depuis six ans. À sa tête : Adam Smith, membre influent de la commission de la Défense. Son message était clair : il est urgent de rouvrir le dialogue militaire avec la Chine. Les tensions sont trop fortes, les incidents trop nombreux. Il suffit d’une mauvaise manœuvre entre deux avions ou deux destroyers pour que tout dégénère.
« Nous avons les deux plus grandes armées du monde. Ne pas parler, c’est dangereux », a-t-il lâché devant les caméras.
Et pour cause : avec la montée en puissance de l’IA militaire, des cyberattaques et des drones autonomes, la moindre incompréhension peut mener à un désastre. Le timing de cette visite, juste après la démonstration du Fujian, n’a rien d’un hasard.
Pékin veut aller bien plus loin
Ce que révèle cette avancée, c’est une stratégie de long terme. Le Fujian n’est pas un bijou technologique isolé. Il est le symbole d’une marine en pleine transformation, prête à sortir de ses eaux territoriales pour jouer dans la cour des grands.
Avec ce navire, la Chine peut désormais :
- Projeter sa puissance à des milliers de kilomètres.
- Soutenir ses alliés ou bases avancées dans l’océan Indien ou au Moyen-Orient.
- Surveiller, dissuader et frapper, là où avant, elle ne pouvait qu’observer.
L’objectif est limpide : faire de la marine chinoise une force globale, comme l’est déjà l’US Navy depuis des décennies.
Ce n’est plus de la rattrapage : c’est un duel au sommet
Pendant des années, la Chine a été vue comme un acteur régional, puissant certes, mais limité. Ce temps est révolu. Le Fujian marque le passage à une nouvelle ère. Une ère où Pékin ne copie plus, mais innove, déploie, affirme. Cette montée en puissance va obliger les États-Unis à réévaluer leur posture navale en Asie-Pacifique, à renforcer leurs alliances avec le Japon, l’Australie ou les Philippines, et peut-être même à accélérer le développement de leurs propres technologies navales. Pendant ce temps, la Chine avance. Silencieusement, mais sûrement. Et désormais, elle le fait à pleine puissance, sur catapulte électromagnétique.
Source : CNN