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Déjà forte de 60 000 employés dans le secteur, la France veut se donner les moyens de participer à « la guerre des étoiles » avec la signature d’un pacte espace

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Le “pacte espace” est signé : la France prépare sa guerre des étoiles. Ce 7 octobre, la DGA a rassemblé tout le gratin du spatial militaire et civil. pour structurer un …

Déjà forte de 60 000 employés dans le secteur, la France veut se donner les moyens de participer à "la guerre des étoiles" avec la signature d'un pacte espace

Le “pacte espace” est signé : la France prépare sa guerre des étoiles.

Ce 7 octobre, la DGA a rassemblé tout le gratin du spatial militaire et civil. pour structurer un dialogue inédit entre armée et industrie, sécuriser la souveraineté française dans l’espace et accélérer l’innovation.
Un tournant discret, mais stratégique, qui marque l’entrée officielle de la France dans une nouvelle ère de compétition orbitale.
Car là-haut, les menaces ne sont plus de la science-fiction.

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Au départ, il y a un constat partagé dans les allées du dernier salon du Bourget : la France, comme ses alliés, ne peut plus se contenter d’observer l’espace, elle doit s’y imposer.
Le 17 juin 2025, en marge du salon international de l’aéronautique et de l’espace, le ministre des Armées a signé un document au titre limpide : le pacte espace.
Ce texte, rendu opérationnel depuis le 7 octobre sous l’égide de la Direction générale de l’armement (DGA), formalise un lien stratégique entre l’armée, les industriels, les scientifiques et les grands opérateurs publics de l’espace.

Objectif : éviter le grand écart entre besoins militaires concrets et capacités industrielles disponibles et surtout, ne pas se laisser doubler par des puissances étrangères plus agiles, plus réactives… et plus offensives.

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Une industrie française prête à décoller

La filière spatiale tricolore ne part pas de zéro. Elle compte plus de 60 000 emplois, disséminés dans toutes les régions françaises, de Toulouse à Vernon, de Cannes à Brest. Ce tissu industriel, historique et robuste, maîtrise l’ensemble de la chaîne de production, des satellites aux lanceurs, en passant par la propulsion ou l’optique de haute précision.

Ces dernières années, l’arrivée du New Space (un écosystème de start-up, de PME innovantes et de nouveaux entrants) a bouleversé les équilibres, tout en stimulant une dynamique d’émulation. Le pacte entend canaliser cette énergie en la mettant au service des besoins opérationnels : communications sécurisées, surveillance orbitale, navigation, guerre électronique.

Les piliers industriels du spatial français

Nom Spécialité Effectif estimé Implantation principale
Airbus Defence and Space Satellites militaires, optique ~13 000 Toulouse
Thales Alenia Space Communications, radars ~8 000 Cannes
ArianeGroup Lanceurs, propulsion ~9 000 Vernon, Les Mureaux
Exotrail, Unseenlabs, Loft Orbital Start-up du New Space ~400 Ile-de-France, Bretagne


Anticiper les menaces, innover plus vite

Le cœur du pacte repose sur un principe : mieux anticiper pour mieux réagir. Cela implique d’associer l’ensemble des parties prenantes (DGA, CNES, ONERA, forces armées, industriels) autour d’un langage commun : celui des besoins concrets.

Les réunions prévues, sur le modèle du « pacte drones », permettront de faire émerger plus rapidement des feuilles de route technologiques claires, partagées, compatibles avec la souveraineté nationale. Le but n’est pas de rêver à la station spatiale militaire française, mais de sécuriser les communications, détecter les menaces et garantir la liberté d’action des armées depuis et vers l’espace.

Un cercle de confiance en orbite

Le dispositif ne serait pas complet sans une brique militaire assumée. Le commandement de l’espace (CDE), bras armé de l’armée de l’Air et de l’Espace, pilote un « cercle de confiance » chargé de traduire les attentes opérationnelles.
Ce cercle, directement impliqué dans les travaux du pacte, s’assure que chaque innovation technologique réponde à un usage concret : détection d’un brouillage GNSS, identification de débris actifs, sécurisation d’un théâtre d’opérations via des relais orbitaux.

C’est ici que le dialogue devient stratégique. Car un satellite n’est plus un outil de communication, c’est un nœud de commandement. Et une attaque cyber sur une constellation peut désorganiser une manœuvre interarmées en quelques secondes.

Le cercle de confiance agit donc comme un aiguillon : il cadre, oriente, mais laisse une liberté d’action suffisante pour favoriser l’innovation rapide.

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Une France spatiale, mais pas isolée

La France, en lançant ce pacte, cherche à structurer un espace de dialogue souverain, sans pour autant se couper de ses partenaires. Le volet export est d’ailleurs assumé. Plusieurs industriels tricolores collaborent avec l’Allemagne, l’Italie, les Émirats ou le Japon sur des segments aussi variés que les lanceurs réutilisables ou la surveillance radar.

Le pacte entend accélérer les coopérations utiles, mais aussi éviter la dilution des priorités. Il s’agit de rester agile sur les marchés tout en renforçant la résilience nationale, en cas de rupture d’approvisionnement ou de conflit.

Source : Ministère des Armées et des anciens combattants

Image : Vue d’artiste du satellite CSO en orbite

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