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Course contre la montre : ce super-avion européen pourrait se faire doubler par le nouveau chasseur américain F-47

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Said LARIBI

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L’Europe, le Japon et le Royaume-Uni développent un avion de combat de 6e génération, le GCAP. Mais le nouveau F-47 américain pourrait bien arriver en premier, et tout chambouler. Le …

Course contre la montre : ce super-avion européen pourrait se faire doubler par le nouveau chasseur américain F-47

L’Europe, le Japon et le Royaume-Uni développent un avion de combat de 6e génération, le GCAP. Mais le nouveau F-47 américain pourrait bien arriver en premier, et tout chambouler.

Le programme GCAP devait marquer le renouveau de l’aviation de défense pour l’Europe et ses alliés asiatiques. Mais l’entrée fracassante du F-47 américain dans la course aux avions de 6e génération met la pression. Alors que Tokyo s’impatiente et que Pékin muscle ses capacités aériennes, l’enjeu dépasse la technologie : il s’agit désormais de stratégie, de souveraineté et de vitesse d’exécution.

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Un partenariat ambitieux sous haute tension

Lancé avec fracas en 2022, le GCAP (Global Combat Air Programme) réunit trois pays : le Royaume-Uni, le Japon et l’Italie. Leur objectif ? Créer un avion de combat furtif, hyperconnecté, capable d’opérer aux côtés de drones et de dominer les cieux jusqu’en 2080. Mais en coulisses, le programme bat de l’aile. Le général italien Giandomenico Taricco, aujourd’hui cadre de l’agence intergouvernementale GIGO, l’admet : le calendrier devient critique. Le F-47, nouveau bijou de Boeing annoncé par Washington en mars 2025, pourrait voler dès 2029. Le GCAP, lui, vise encore 2035. Résultat : les Japonais s’interrogent, les Européens s’inquiètent et le rythme s’accélère.

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L’ombre du F-47 plane déjà sur les essais

Donald Trump, revenu sur le devant de la scène, a personnellement validé le projet F-47 lors d’un entretien avec le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba. Message clair : les États-Unis veulent imposer leur propre chasseur de 6e génération, et rapidement. Ce F-47 promet une puissance de feu inégalée, un vol piloté ou autonome, et une compatibilité avec les systèmes OTAN. En termes de délai, c’est un choc frontal avec le GCAP. Les industriels européens et japonais doivent désormais composer avec un concurrent redoutable… et avec un partenaire tentateur. Car si le GCAP prend du retard, certains pourraient être tentés de basculer vers le programme américain, quitte à renoncer à une partie de leur souveraineté technologique.

Tokyo joue les équilibristes

Le Japon a rejoint le GCAP pour une raison simple : ne pas être simple client, mais co-propriétaire des technologies critiques. Cela lui garantit l’accès aux secrets industriels, à l’intelligence artificielle embarquée, aux capteurs, aux moteurs, bref… au cœur du système. Chose impossible avec un avion américain livré clé en main. Mais la patience japonaise a des limites. Des fuites relayées par Reuters affirment que Tokyo envisagerait d’acheter davantage de F-35 comme solution d’attente. Une façon de combler le vide opérationnel, mais aussi un signal d’impatience adressé à Londres et Rome. Le message : soit le GCAP accélère, soit il se marginalise.

Avion de chasse Boeing F-47 en vol
Avion de chasse Boeing F-47 en vol

Un avion pensé comme un système global

Selon les concepteurs, le GCAP ne sera pas qu’un avion. Il fera partie d’un écosystème aérien intégrant drones autonomes, cloud militaire et guerre électronique. Sa structure modulaire permettra des évolutions en temps réel, des adaptations par mission, et une mise à jour constante. En clair : un chasseur qui ne vieillit jamais. Mais pour en arriver là, il faut investir massivement dans l’intégration multi-domaines, la cybersécurité embarquée, l’interopérabilité OTAN. Des enjeux qui ralentissent le calendrier, au grand dam des politiques. Or face à la Chine qui développe son propre J-50 de 6e génération, le temps presse.

Une organisation lourde mais stratégique

L’organe qui pilote le programme, GIGO, regroupe trois directeurs : un Japonais (le CEO), un Italien et un Britannique. Basée à Green Park près de Londres, cette structure collabore étroitement avec une joint-venture industrielle mêlant BAE Systems (UK), Leonardo (Italie) et JAIEC (Japon). Objectif : aligner les intérêts politiques, militaires et industriels. Le général Taricco confirme que près de 1 000 personnes seront sur le site d’ici 2026. La première commande formelle devrait être signée fin 2025, avec un contrat de conception prévu entre fin 2026 et début 2027. Le projet avance, mais avec une inertie propre aux grands programmes d’armement.

Les drones, une pièce manquante au puzzle

Le GCAP est censé voler aux côtés de plates-formes autonomes, notamment des drones d’assaut. Problème : chaque pays membre développe ses propres projets de manière séparée, sans calendrier commun. Résultat, le volet “drones” n’est toujours pas intégré dans le contrat industriel. Or, les Américains ont une longueur d’avance avec leurs loyal wingmen (ailiers autonomes). Le F-47 devrait être opérationnel avec plusieurs modèles de drones embarqués. Si le GCAP n’intègre pas rapidement cette dimension, il risque de se retrouver obsolète dès sa sortie.

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Une ouverture aux exportations… mais sous conditions

L’un des atouts du GCAP reste son potentiel à l’export. Les partenaires en font un pilier du programme. Des discussions sont en cours avec l’Arabie saoudite, intéressée par une co-participation ou un achat futur. Mais à ce stade, GIGO ne mène aucun contact direct : tout passe par les gouvernements. L’enjeu est double : vendre l’avion, mais aussi contrôler les transferts de technologies sensibles. Un équilibre délicat, surtout quand les acheteurs potentiels exigent des droits de production ou de maintenance. Si ces questions ne sont pas réglées vite, le GCAP pourrait rater le marché mondial.

Tableau des échéances clés du GCAP

Année Étape prévue Localisation
2022 Lancement officiel du programme GCAP Royaume-Uni, Japon, Italie
Mars 2025 Annonce du F-47 américain États-Unis
Juin 2025 Pression politique croissante sur les délais Japon, UK, Italie
Fin 2025 Signature du premier contrat international GIGO Green Park, Royaume-Uni
Début 2027 Contrat de conception/développement avec la joint-venture Londres – JAIEC – Leonardo – BAE
2035 (objectif) Entrée en service opérationnelle du GCAP Bases partenaires

 

Source : Defense News

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