Actualité

Actualité internationale

Marines militaires

Cette fois ça y est ! Le nouveau porte-avions français lance la production de sa pièce maitresse avec les premières soudures réalisées pour sa chaufferie K22

Publié le

Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

• Temps de lecture

placeholder

Cœur nucléaire du futur Charles de Gaulle : les entrailles du PA-NG prennent forme à Cherbourg. Le 25 septembre 2025 marquera la date de la première soudure des enceintes de …

Cette fois ça y est ! Le nouveau porte-avions français lance la production de sa pièce maitresse avec les premières soudures réalisées pour sa chaufferie K22

Cœur nucléaire du futur Charles de Gaulle : les entrailles du PA-NG prennent forme à Cherbourg.

Le 25 septembre 2025 marquera la date de la première soudure des enceintes de confinement des chaufferies nucléaires du PA-NG. Ce geste inaugural, très symbolique, lance la fabrication de l’élément le plus stratégique du futur porte-avions français. Une pièce maîtresse de 1 300 tonnes, à la fois monstre d’acier et sanctuaire atomique.

Lire aussi :

Une cérémonie pour marquer l’histoire du PANG et de la France

Sur le site de Naval Group à Cherbourg, bien plus habitué aux coques discrètes des sous-marins qu’aux monstres de surface, une page s’écrit au chalumeau. Autour d’un cercle d’ingénieurs, d’ouvriers et de responsables de la DGA, le premier cordon de soudure vient sceller bien plus que de l’acier. Il lie la France à sa volonté de rester l’une des rares puissances capables de déployer un porte-avions à propulsion nucléaire.

La première puissance mondiale paye tellement mal ses ouvriers que ces derniers préfèrent travailler chez McDonald’s que sur un sous-marin nucléaire

Une enceinte hors normes pour une chaufferie K22

La pièce en construction dépasse l’imagination : 14 mètres de haut, 13 mètres de diamètre, 1 300 tonnes d’acier. Il ne s’agit que d’une moitié. Deux enceintes seront construites, accueillant chacune une chaufferie K22, nouvelle génération. Conçues par TechnicAtome pour le CEA, elles représentent un saut technologique sans équivalent depuis le programme du Charles de Gaulle. Contrairement aux sous-marins, où la coque fait office de barrière, le PA-NG nécessitera ces enceintes dédiées, véritables « poupées russes » nucléaires.

Caractéristiques des enceintes de chaufferies K22 du PA-NG :

Élément Valeur Commentaire
Hauteur d’une enceinte 14 mètres Structure verticale imposante pour intégrer la chaufferie
Diamètre 13 mètres Permet l’installation et l’isolation complète du cœur nucléaire
Masse par enceinte 1 300 tonnes Acier épais, chaudronnerie de haute précision
Nombre d’enceintes 2 Une pour chaque chaufferie K22
Concepteur TechnicAtome Spécialiste français de la propulsion nucléaire navale
Supervision nucléaire CEA Responsable de la sûreté et du développement technologique
Lieu de fabrication Cherbourg (Naval Group) Site historiquement dédié aux sous-marins nucléaires
Durée estimée de construction 12 ans Du premier acier à la mise en service des chaufferies
Date de mise en service du PA-NG 2038 Remplacera progressivement le Charles de Gaulle

La renaissance d’un savoir-faire stratégique

La fabrication débute par le fond de l’enceinte, une pièce d’une complexité extrême. Dans les ateliers, la chaudronnerie nucléaire de haute précision entre en scène. Un métier rare, transmis entre générations d’ouvriers du nucléaire, où l’erreur n’a pas sa place. Grâce aux chaufferies K15 du Charles de Gaulle et des SNLE, Naval Group maîtrise déjà l’essentiel. Mais le PA-NG impose de réapprendre, de perfectionner, d’élargir les compétences. C’est un défi de souveraineté autant que de technique.

Un programme à long souffle, pensé sur 15 ans

Depuis 2021, le programme PA-NG avance au rythme du nucléaire : études, maquettes, commandes à long délai. En 2024, les premières pièces critiques ont été commandées : forges, aciers spéciaux, équipements de confinement. Le chemin est long. Il faudra 12 ans pour que les chaufferies K22 soient prêtes à démarrer. Ensuite viendront les essais à quai, les intégrations, puis les essais à la mer. La mise en service est prévue en 2038, pour prendre la relève du Charles de Gaulle qui fêtera alors ses 39 ans.

Une vitrine industrielle et géopolitique

Le PA-NG n’est pas un navire comme les autres. Il incarne l’ambition d’un pays de maîtriser l’atome en mer, sans dépendre de technologies étrangères. Avec son chantier à Cherbourg, ses chaufferies made in France, ses turbines, sa chaîne d’armement, il rassemble le meilleur de l’industrie navale et nucléaire nationale. La construction de ses enceintes est un signal fort : la France n’abandonne pas sa filière porte-avions, et se donne les moyens d’en faire un levier diplomatique pour les 50 années à venir.

Un investissement (très) long terme

Tandis que d’autres pays investissent massivement dans des porte-aéronefs conventionnels, la France choisit l’excellence technologique au prix de la patience. Le PA-NG ne sera pas le plus rapide à sortir, ni le moins cher. Mais il sera le seul, en Europe, à disposer d’une propulsion nucléaire de nouvelle génération. Son cœur battra à l’intérieur de ces enceintes, premières concrétisations d’un programme pensé pour durer un demi-siècle. À la manière du Charles de Gaulle, il faudra du temps. Beaucoup de temps. Et c’est dans ce tempo-là que se joue, parfois, la vraie puissance.

Trahie par ses partenaires, la France assume seule le poids de ce projet militaire qui pourrait changer l’histoire de l’aéronautique militaire

Caractéristiques clés du porte-avions de nouvelle génération (PA-NG)

Élément Valeur estimée Commentaire
Longueur 305 mètres Presque 40 mètres de plus que le Charles de Gaulle
Largeur au pont d’envol 80 mètres Pont agrandi pour accueillir les chasseurs de nouvelle génération
Déplacement 75 000 tonnes Soit 30 000 tonnes de plus que le Charles de Gaulle
Propulsion Nucléaire, 2 réacteurs K22 Nouvelle génération, 220 MW thermiques par réacteur
Vitesse maximale 27+ nœuds Similaire au Charles de Gaulle malgré l’augmentation de tonnage
Autonomie Plusieurs dizaines d’années (hors avitaillement) Seules les vivres et les munitions doivent être ravitaillées
Équipage Environ 2 000 personnes 1 100 marins + 800 aviateurs + état-major embarqué
Capacité aérienne 30 à 40 aéronefs NGF du SCAF, Rafale M, E-2D Hawkeye, drones embarqués
Catapultes 3 catapultes électromagnétiques EMALS Fournies par General Atomics, comme sur l’USS Gerald R. Ford
Systèmes d’armes Aster 15/30, canons Narwhal, brouilleurs, missiles anti-aériens Protection rapprochée + coordination avec frégates d’escorte
Date de mise en service prévue 2038 Remplacera le Charles de Gaulle au terme de 40 ans de service
Coût estimé Entre 5 et 7 milliards d’euros Budget réparti sur 15 ans, incluant études, construction et essais

 

Source : DGA

Tags

France

navire

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron