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Ce pays ne laissera pas la Pologne seule face à la Russie et cette première unité d’hélicoptères déployées en urgence en est l’exemple criant

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Une riposte discrète à l’agression russe s’organise à la frontière polonaise La République tchèque va envoyer une unité d’hélicoptères de manœuvre en Pologne pour épauler Varsovie face à la récente …

Ce pays ne laissera pas la Pologne seule face à la Russie et cette première unité d'hélicoptères déployées en urgence en est l'exemple criant

Une riposte discrète à l’agression russe s’organise à la frontière polonaise

La République tchèque va envoyer une unité d’hélicoptères de manœuvre en Pologne pour épauler Varsovie face à la récente intrusion de drones russes sur le territoire.
Une opération rapide, coordonnée, silencieuse mais au message limpide : l’OTAN verrouille sa frontière orientale.

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Tout est parti d’un échange téléphonique. D’un côté, Jana Černochová, ministre de la Défense tchèque. De l’autre, Władysław Kosiniak-Kamysz, son homologue polonais.
Un mot : “urgence”. Une demande : renfort immédiat face à la menace croissante des drones russes sur le flanc est de l’Alliance.

Quelques heures plus tard, le ministère de la Défense à Prague confirme :

“Notre unité d’hélicoptères des opérations spéciales du 22e régiment aérien sera projetée en Pologne dans les prochains jours.”

Cette unité d’élite, basée à Náměšť nad Oslavou, opère des Mi-171Š modifiés pour la guerre électronique, la reconnaissance, le transport tactique et le soutien au sol.
Une cinquantaine de techniciens et soldats d’appui précéderont jusqu’à 150 militaires mobilisés pour trois mois.

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Des fragments de drones russes tombent sur le sol polonais

Depuis plusieurs semaines, les autorités polonaises signalent des violations de l’espace aérien par des drones russes, ou du moins par leurs débris.
Des morceaux de moteurs, de voilures, et parfois de charges inertes, retrouvés dans les campagnes proches de la frontière avec l’Ukraine.
Aucun dégât majeur. Pas de blessé. Mais un message implicite, envoyé par Moscou : “Vous n’êtes pas hors de portée.”

Varsovie ne prend pas ces signaux à la légère et elle n’est pas la seule.
C’est tout le flanc est de l’OTAN qui se réorganise pour répondre à cette guerre de la tension permanente.

L’arsenal aérien déployé : souple, mais limité

Les Mi-171Š tchèques peuvent embarquer :

  • Des tireurs de précision capables d’engager visuellement des drones lents
  • Des capteurs infrarouges et optiques longue portée
  • Des pods de brouillage pour perturber la navigation des UAV
  • Du matériel de reconnaissance et de localisation de signaux

Ils peuvent aussi déployer rapidement des équipes au sol en cas de récupération ou de neutralisation de débris suspects.
En revanche, les analystes sont formels :

“Ce n’est qu’une solution temporaire. Le vrai futur passe par les systèmes de guerre électronique, les intercepteurs automatiques, les radars multi-bandes.”

En clair, l’hélico, c’est le pompier d’urgence, pas le pompier de caserne.

Paris envoie trois Rafale pour verrouiller le ciel balte

Dans ce contexte électrique, la France a choisi elle aussi de faire un geste concret, et symboliquement fort.
Le président Emmanuel Macron a validé l’envoi de trois Rafale en Estonie dans le cadre de la mission Enhanced Air Policing de l’OTAN.
Basés sur la base d’Ämari, ces avions de chasse seront chargés d’assurer la police du ciel au-dessus de la Baltique, à quelques minutes de vol de la frontière russe.

Ces Rafale opèrent avec l’appui d’un détachement logistique de 100 militaires, ainsi que d’un radar de veille longue portée déployé par la DGA.
Capables de frapper à Mach 1.8, équipés de missiles air-air MICA, et interconnectés avec les radars de l’OTAN, ils incarnent la posture défensive mais ferme de Paris.
Une réponse calibrée, discrète, mais qui signale clairement que la France ne restera pas spectatrice d’une escalade contre ses alliés.
Le chef d’état-major de l’armée de l’Air a salué cette manœuvre comme un “acte de fidélité à la dissuasion intégrée”, au moment même où les incursions russes dans l’espace aérien balte se multiplient.

La République tchèque déjà présente dans plusieurs pays de l’Est

Ce déploiement en Pologne ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans un mandat voté par le Parlement tchèque en 2024, qui autorise jusqu’à 2 000 soldats tchèques à opérer dans les pays frontaliers de la Russie au sein de missions OTAN.

Voici un aperçu des engagements actuels :

Pays Type de mission Effectifs tchèques
Lituanie Présence avancée OTAN (eFP) ≈ 200
Lettonie Soutien logistique et surveillance ≈ 150
Slovaquie Mission conjointe interarmées ≈ 300
Pologne (nouveau) Défense anti-drones / hélicoptères jusqu’à 150

En tout, près de 800 militaires tchèques sont actuellement déployés en rotation sur le front oriental de l’OTAN.
Un effort conséquent pour un pays de 10 millions d’habitants.

Une solidarité à géométrie variable au sein de l’OTAN

Ce déploiement ne relève pas seulement du militaire. Il envoie un signal politique fort.
Alors que certains pays d’Europe occidentale hésitent encore à renforcer leur présence à l’Est, la République tchèque, elle, agit vite, sans ambiguïté.

Dans une lettre adressée au Premier ministre Petr Fiala, la ministre Černochová le dit ainsi :

“C’est un acte de cohérence. Protéger l’espace aérien polonais, c’est protéger le nôtre. Et montrer à la Russie que nous ne sommes pas divisés.”

Cette solidarité renforcée a été saluée par le commandement de l’OTAN, mais aussi par les gouvernements baltes qui voient là une preuve de la vivacité de l’axe centre-européen en matière de défense collective.

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Une tension qui ne faiblit pas, une frontière à défendre

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, la frontière Est de l’OTAN est devenue le théâtre d’une guerre d’usure hybride.
Drones errants, brouillages GPS, campagnes de désinformation, menaces nucléaires voilées… tout y passe.

La République tchèque ne se contente plus d’observer. Elle agit, renforce, soutient.

Le général Karel Řehka, chef d’état-major tchèque, l’a résumé en une phrase sèche, lucide, pragmatique :

“Ce n’est pas la Pologne seule qui est visée. C’est l’Alliance.”

Source : https://www.fakt.pl/polityka/czechy-pomoga-polsce-smiglowce-trafia-do-nas-w-ciagu-kilku-dni/d3gj1zv

Image : Mi-171Š de l’unité aérienne des opérations spéciales (SOATU). IDET 2017, Centre d’exposition de Brno, République tchèque.

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