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Ce pays européen va s’associer à son ancienne colonie pour créer un avion-espion qui pourrait devenir une référence mondiale dans l’aviation

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Le Portugal s’allie au Brésil pour transformer le C-390 en avion-espion high-tech. Un avion de transport militaire qui devient une plateforme de renseignement stratégique ? C’est le nouveau pari du …

Ce pays européen va s'associer à son ancienne colonie pour créer un avion-espion qui pourrait devenir une référence mondiale dans l’aviation

Le Portugal s’allie au Brésil pour transformer le C-390 en avion-espion high-tech.

Un avion de transport militaire qui devient une plateforme de renseignement stratégique ? C’est le nouveau pari du Portugal et du Brésil.
Le C-390 Millennium, déjà connu pour sa robustesse logistique, va recevoir une version dédiée aux missions de surveillance et d’intelligence.
Une métamorphose modulaire pilotée par Embraer, avec des capteurs dernier cri et une vision tournée vers les zones côtières.
Et pour la première fois un pays européen, ancien pays colonisateur du Brésil qui plus est, s’implique directement dans ce chantier de haute technologie militaire, tout un symbole.

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Une coopération scellée à Rio pour transformer le C-390 en avion espion du futur

L’annonce a été faite le 1er avril 2025 lors du salon LAAD Defense & Security à Rio de Janeiro : l’armée de l’air portugaise rejoint officiellement le Brésil et Embraer dans le développement d’un C-390 ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance).

Autour de la table : le général João Cartaxo Alves (Portugal), le lieutenant-brigadier Marcelo Damasceno (Brésil), et les dirigeants d’Embraer. Une image conceptuelle a même été dévoilée, montrant un module ISR amovible pouvant être installé ou retiré selon les besoins de la mission.

Ce système dit « roll-on/roll-off » permet au C-390 de rester polyvalent tout en remplissant des rôles tactiques avancés : radar à ouverture synthétique, capteurs électro-optiques et infrarouges, liaisons de communication sécurisées, et même deux points d’emport externes.

Un appareil, une infinité de missions

Ce futur modèle, baptisé C-390 IVR, représente un changement de paradigme. Le même avion pourra transporter du fret, des soldats, un hôpital de campagne ou des équipements de surveillance électronique avancée, selon la configuration.

L’enjeu n’est pas anecdotique. Les ISR sont les yeux des forces armées modernes, capables de repérer un navire suspect, une infiltration terrestre ou une activité anormale dans une zone industrielle. Et avec la version IVR, ces capacités deviennent mobiles, adaptables et exportables.

Le concept est pensé pour les zones côtières, les ZEE (zones économiques exclusives), les frontières sensibles, mais aussi pour la protection des infrastructures stratégiques. Et bien sûr, il répond à une demande croissante mondiale, estimée à plus de 22 milliards d’euros en 2033.

Pourquoi le Portugal s’implique-t-il ?

Depuis 2010, le Portugal fait partie du programme C-390. Il a commandé 5 appareils en 2019 pour remplacer ses C-130 Hercules. Le premier a été livré en 2022 et est pleinement opérationnel depuis 2023.

Mais ce n’est pas tout : l’entreprise OGMA, installée à Alverca, est intégrée dans la chaîne industrielle du C-390. Elle produit des structures et systèmes du fuselage, et pourrait même assembler des avions pour d’autres pays européens, comme annoncé en 2023 par les gouvernements portugais et brésilien.

Avec sa participation aux études ISR, le Portugal ne se contente plus d’être client et fabricant : il devient acteur dans la conception des nouvelles versions du Millennium.

Un héritier du C-130, mais en version réactive

Le C-390 Millennium, développé à partir des années 2000 avec un financement de l’État brésilien, a pris son envol en 2015 et est entré en service en 2019. Il se positionne comme une alternative à réaction au C-130, avec deux turboréacteurs IAE V2500-E5, une vitesse de croisière de Mach 0,8 et une charge utile de 26 tonnes.

Il peut transporter 80 soldats, 66 parachutistes, un véhicule blindé Boxer ou un hélicoptère Sikorsky H-60. Il est également capable de ravitailler en vol, de larguer des charges lourdes, ou de transformer sa soute en unité médicale complète.

Son autonomie maximale dépasse 8 400 km avec réservoirs auxiliaires, et il peut décoller de pistes non préparées.

Une logistique impressionnante… et efficace

Côté disponibilité, l’appareil affiche un taux d’achèvement de mission de 99,5 % et une disponibilité technique de 80 %. Il a été mobilisé pour :

  • Le transport de matériel médical à Manaus pendant la pandémie
  • L’aide humanitaire au Liban et à Haïti
  • Des missions logistiques en Antarctique
  • Des rapatriements en pleine guerre russo-ukrainienne

En clair, le C-390 est fiable, rapide, multifonction, et désormais… espion discret.

C-390 Millennium, un succès mondial

La version standard du Millennium a déjà été commandée par dix armées de l’air. En plus du Brésil (22 unités) et du Portugal (5), on trouve :

  • Les Pays-Bas (5 appareils pour remplacer les C-130H)
  • L’Autriche (4 unités)
  • La Suède (4)
  • La Hongrie (2 en configuration médicale)
  • La Corée du Sud (3)
  • La République tchèque (2)
  • La Slovaquie (3 en négociation)
  • Le Maroc (1 pour évaluation)

D’autres discussions sont en cours avec l’Inde, l’Égypte, l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite et la Colombie. Le marché est donc ouvert, et la version ISR pourrait bien devenir le chaînon manquant pour convaincre les clients indécis.

Source: Embraer

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